Le Portugal adopte in extremis son plan d'austérité

La motion de soutien au plan d'austérité portugais a été adopté jeudi soir par les députés, grâce à l'abstention du PSD, le principal parti d'opposition. Un choix fait "au nom de l'intérêt national", qui n'a pas empêché les critiques contre ce plan, ni les tensions sur la note souveraine du pays.

La motion de soutien au programme d'austérité et de croissance (PEC) portugais, que présentait le gouvernement socialiste, a été adoptée jeudi soir par les parlementaires, grâce à l'abstention de la principale formation politique d'opposition. C'est au nom de "l'intérêt national" que le PSD (Parti social-démocrate, centre-droit) a donc laissé passer la résolution de soutien au PEC.

L'abstention du PSD lui a permis de montrer son refus du plan, sans pour autant aggraver la situation du Portugal, dont les déficits sont regardés de très près par ses partenaires européns après l'épisode grec.

Depuis Bruxelles, où il assistait au sommet européen consacré à la crise financière grecque, le Premier ministre socialiste José Socrates s'est dit "très satisfait" du vote. Le Premier ministre a été le principal artisan de cette motion, à laquelle rien ne l'obligeait, la considérant comme "essentielle" pour donner une crédibilité à sa politique.

Critiques de l'opposition

Le texte voté affirme le "soutien" du Parlement "à la consolidation budgétaire", reconnaissant "la nécessité d'une réduction du déficit à 2,8% du PIB" d'ici 2013, contre 9,3% en 2009. Toute référence à un quelconque soutien de l'Assemblée à la "stratégie" et aux "objectifs et  mesures" prévus par le PEC a été en revanche gommé de la première version du texte, sous la pression du PSD.

"Nous n'avons rien à voir avec ce programme, nous n'avons rien à voir avec les mesures proposées qui sont de la seule responsabilité du gouvernement", a insisté jeudi la présidente du PSD, Manuela Ferreira Leite. Son parti doit élire ce vendredi son successeur et les principaux favoris à ce poste se sont prononcés contre le plan d'austérité.

Au cours du débat sur le texte, l'opposition unanime (PSD mais également les autres formations d'opposition, de gauche comme de droite) a renouvelé ses critiques à l'égard du PEC qui doit être remis dans les prochains jours à Bruxelles, la droite s'opposant à la poursuite de l'investissement public et aux hausses d'impôts sur les revenus les plus élevés, la gauche dénonçant ses conséquences sociales et la privatisation d'entreprises jugées stratégiques.

Les privatisations annoncées par le gouvernement devraient rapporter quelque 6 milliards d'euros, dont 1,2 milliard cette année. L'Etat envisage également de se désengager d'ici à 2013 de 18 entreprises de l'énergie, des transports et des services.

Pression sur la notation de la dette

Le vote de jeudi étant d'autant plus crucial pour le gouvernement socialiste que la pression était montée d'un cran mercredi dernier avec l'abaissement de la note de la dette du Portugal par l'agence Fitch, de AA à AA-, qui a renforcé les craintes sur la solvabilité du pays, à l'image de la Grèce. "Les perspectives de reprise économique sont plus faibles [pour le Portugal] que pour les autres membres de la zone euro", a estimé Fitch.

Ce vendredi, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a confirmé sa note "A+" sur la dette souveraine du pays. L'agence a indiqué que sa perspective restait négative, ce qui suggère qu'elle pourrait abaisser sa note au cours des douze ou dix-huit prochains mois.

"La perspective négative sur le Portugal reflète le potentiel accru d'un déclassement si les déficits et la dette dépassent nos prévisions actuelles et si les mesures d'assainissement ne sont pas complètement appliquées", a indiqué l'agence.

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