Mangeons les légumes de nos balcons

Une tendance est en train de gagner du terrain dans de nombreuses villes à travers le monde, le développement de l'agriculture urbaine.
Francis Pisani
Francis Pisani

Pas de révolution sans contradiction comme nous le voyons tous les jours à la télé ou dans les journaux. Celle qui concerne l'urbanisation ne fait pas exception à la règle. La plus curieuse d'entre elle étant sans doute qu'elle donne lieu à une sorte de renaissance de l'agriculture urbaine.

Au nord, elle tend à être vue comme une pratique renforçant les communautés et contribuant au développement durable des villes. Au sud, elle est plus une question de survie. Au sens le plus large du terme, « l'agriculture urbaine » comprend la culture de certains végétaux de base et s'étend à l'aquaculture, à l'apiculture et, bien sûr à l'élevage de volailles, entre autres.

Pratiques traditionnelles

Au nord, les chiffres sont modestes. Une étude de l'Université de l'Arizona montre qu'aux États-Unis, elle atteint exceptionnellement 5% de la nourriture consommée dans la ville en question et qu'elle ne dépasse pas 1% dans la plupart des cas. Mais l'engouement va croissant dans la mesure où ce type de pratique permet de réduire l'impact CO2 de l'acheminement des aliments : ils se mesurent en mètres et non plus en kilomètres.

Ailleurs, en Colombie par exemple, elle fait figure, selon le professeur Carlos Moreno, de survivance de pratiques traditionnelles. Ainsi Bogotá ne compte pas moins de 10.000 agriculteurs urbains.

En Inde, un mouvement lancé à Mumbai, gagne du terrain sur le toit d'une des cantines du port. Il en va de même chez les travailleurs des entreprises high-tech de Bangalore. A Dehli où « la sécurité alimentaire urbaine est une source croissance d'inquiétude », des milliers de familles font pousser de quoi se nourrir.

Le phénomène existe en Afrique. La FAO (Food and Agriculture Organization) a des programmes pour l'organiser.

A Cuba, il permet à une bonne partie de la population de faire face à des rationnements qui n'en finissent pas. « Plus de 50% des produits frais consommés à La Havane sont cultivés dans la ville ».

En bref, l'agriculture urbaine est une réalité multifacétique qui existe dans le monde entier. Mais peut-elle contribuer de manière significative à résoudre les problèmes posés par la concentration croissante de population dans les villes.

Objectif commercial

Les initiatives à objectif commercial ne manquent pas. Lancée par Mohamed Hague sur le toit d'un entrepôt de Montréal (3.000 m2), Lufa Farms se caractérise moins par le recours aux cultures hydroponiques que par un effort systématique de commercialisation, problème sur lequel ce genre de projet achoppe facilement.

A Kashiwa, au Japon, dans une ancienne usine de Sony, Shigeharu Shimamura fait, au contraire, le pari de l'éclairage artificiel LED avec lequel il recrée artificiellement le cycle diurne. Ça lui permet de produire 10.000 laitues par jour avec une productivité 100 fois supérieure à celle d'une ferme traditionnelle.

Les startups se lancent sur ce terrain prometteur. A Singapour, j'ai pu visiter les installations de Smartgrow.co qui améliore l'aquaponie (culture des végétaux en symbiose avec les poissons) grâce à une batterie sophistiquée de capteurs. Ce qui leur permet d'affirmer que « la seule chose dont vous devriez vous soucier c'est de récolter et consommer la nourriture que vous faites pousser ».

Les villes suivent l'exemple

Mêmes les villes commencent à encourager cette tendance. Suivant, à l'américaine, l'exemple de La Havane qui avait mis gratuitement des terrains à disposition de ceux qui voulaient les cultiver, San Francisco offre, depuis le 8 septembre, des avantages fiscaux aux propriétaires qui transforment des terrains inutilisés en potagers à condition que le bénéficiaire s'engage à produire de la nourriture pendant au moins cinq ans.

Reste à voir si les conditions à remplir poussent les candidats à se lancer vraiment dans l'agriculture urbaine ou les en décourage. C'est le cas dans la ville de Mexico où une telle disposition a été prise. Mais les déductions sont insuffisantes et il est presque impossible de bénéficier tant les conditions d'application sont draconiennes.

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Commentaires 18
à écrit le 25/09/2014 à 19:01
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Des légumes aux particules diésel ..... miam, miam.

à écrit le 19/09/2014 à 3:27
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Je confirme, faîtes vos calculs : "A Kashiwa, au Japon, dans une ancienne usine de Sony, Shigeharu Shimamura fait, au contraire, le pari de l'éclairage artificiel LED avec lequel il recrée artificiellement le cycle diurne. Ça lui permet de produire 1...

à écrit le 19/09/2014 à 2:46
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Aucun intérêt puisque la nature travaille pour nous (cf. pollinisation).

le 19/09/2014 à 3:11
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J'ai jamais vu d'abeille planter des choux ou polliniser des salades ! Par contre le bilan de disparition des abeilles dans les pays utilisateurs de pesticides est édifiant.

à écrit le 17/09/2014 à 19:38
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Une ferme verticale occupant la place d'un îlot urbain haute de 30 étages peut alimenter au moins 10 000 personnes. Son rendement est de 4 à 5 fois supérieur à l'agriculture courante. L'Agriculture verticale en croissance fournit déjà plusieurs centa...

le 17/09/2014 à 20:13
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Il y a déjà plus de 120 fermes verticales par exemple à Singapour, le modèle fait effectivement ses preuves.

le 18/09/2014 à 17:13
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@agriculture...: attends, tu ne parles plus du balcon là, mais de production industrielle ! Quant aux autres avantages, quand on parle d'industrie, il faut être naîf pour croire qu'ils n'utilisent pas les méthodes qui permettent de gagner plus :-)

le 19/09/2014 à 3:09
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Pour les balcons c'est un cliché (tu peux faire ton jardin de curé quand même !) car on évoque l'ensemble d'un immeuble, les fruitiers etc dans l'espace jardin, la toiture, les terrasses et même l'urbain. Le balcon c'est pour les compléments. Au bila...

à écrit le 17/09/2014 à 17:45
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Et bien si il faut se nourrir avec la production de legumes venant du petit balcon cela veut direque les disettes seront bientôt de retour! Soyons réaliste svp et stoppons la culture bobo

le 17/09/2014 à 20:05
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Un peu de réflexion svp ! On ne dit pas que l'on va nourrir les gens avec un petit balcon évidemment mais dans un concept d'habitat et d'urbanisme où l'on utilise mieux l'espace et que l'on fait rentrer plus de nature dans les villes qui en manquent,...

le 18/09/2014 à 13:27
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En réalité quand on voit le peu d'espace pour faire pousser en ville et quand on connait le prix de l'immobilier (8500 € le m² à Paris )on se dit que la rentabilité d'une ferme verticale est quasi nulle en comparaison .De plus vu la pollution des vil...

le 19/09/2014 à 2:57
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@ Saz : comme le dit Vincent plus haut il y a effectivement plus de 120 fermes citadines à Singapour où les prix de l'immobilier sont élevés, tout comme au Japon, aux Etats-Unis etc. Vus les rendements 4 à 5 fois supérieurs, la distribution locale, l...

à écrit le 17/09/2014 à 15:57
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C'est une très bonne démarche en effet qui permet une économie, la baisse de la pollution, les circuits courts, de garder le contact avec la nature, la santé, la biodiversité etc. A noter aussi que certaines villes, en plus des haies bocagères qui pe...

le 17/09/2014 à 17:23
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@agriculture..: combien de kilos de fruits et légumes tu fais pousser sur ton balcon :-) c'est plutôt du domaine on amuse les gamins et ça nous coûte plus cher que sur le marché :-)

le 17/09/2014 à 17:43
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pas faux, non plus....

le 17/09/2014 à 20:10
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Même réponse qu'à Fred plomb ! : Un peu de réflexion svp ! On ne dit pas que l'on va nourrir les gens avec un petit balcon évidemment mais dans un concept d'habitat et d'urbanisme où l'on utilise mieux l'espace et que l'on fait rentrer plus de nature...

le 18/09/2014 à 12:55
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@agriculture...: je te signale que les jardins communautaires existent depuis des lustres en France et que cette histoire d'agriculture sur le balcon est une manipulation plutôt qu'autre chose :-)

le 19/09/2014 à 3:22
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Le balcon c'est un titre cliché (remarque çà dépend de la taille du balcon 90C c'est déjà bien !) On parle de retour de l'agriculture dans les lieux de consommation, au plan urbain mais aussi de l'immeuble depuis le jardin, la toiture, les terrasses ...

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