Le Japon gagne la bataille du thon rouge

La proposition de Monaco d'interdire le commerce international du thon rouge a été rejetée ce jeudi lors de la conférence de la CITES (Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées ). Le Japon, principal consommateur de cette espèce, qui s'y opposait, a été largement suivi par les pays en développement.

La principauté de Monaco avait proposé d'inscrire le thon rouge - espèce à haute valeur commerciale, mais menacée par la surpêche - à l'Annexe I de la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (CITES), ce qui en aurait interdit  le commerce international et conduit à la suspension des exportations des thons rouges d'Atlantique Est et de Méditerranée.

Mais la conférence de la CITES a rejeté ce jeudi à Doha la proposition, par 68 voix, contre 20 favorables et 30 abstentions. Le Japon, principal consommateur de thon rouge, qui s'y opposait, a donc été largement suivi par les pays en développement.

La conférence est passée rapidement au vote sur proposition de la Libye, qui a court-circuité les amendements que proposait d'apporter Monaco, ainsi que l'offre européenne, soutenue par la Norvège notamment, d'ouvrir un débat en groupe de travail.

"C'est très décevant et très irresponsable", a jugé le PEW Environment Group, basé à Washington, qui a regretté que "l'avenir du thon rouge soit désormais renvoyé dans les mains de l'ICCAT", la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique, qui réunit les pays pêcheurs.

Selon les scientifiques, le stock de thons rouges - qui sont pêchés en Méditerranée lorsqu'ils se rassemblent en banc compact pour se reproduire - a baissé de plus de 80% au cours des quarante dernières années, à environ 3,2 millions d'individus.

Le représentant du Japon Masanori Miyahara s'est dit "satisfait" à l'issue du vote jeudi. "Mais nous avons aussi beaucoup de devoirs à faire", a-t-il indiqué à l'AFP (Agence France Presse). "Nous nous sommes engagés en novembre à assurer le rétablissement des stocks [de thon rouge] par des mesures spécifiques et de nouvelles restrictions sur les quotas", a-t-il rappelé.

Position française

La France s'était prononcé début février en faveur de la proposition d'interdiction.  Elle avait cependant posé comme condition un sursis de 18 mois permettant de garantir un soutien européen aux pêcheurs.

Une proposition européenne, allant dans ce sens (mais proposant un délai de douze mois seulement), a également été rejetée ce jeudi par la CITES, par 72 voix contre, 43 pour et 24 abstentions.

Dans un communiqué, le ministère français de l'Ecologie a "réaffirmé sa volonté de protéger le thon rouge", en continuant notamment "ses efforts pour convaincre les Etats parties de la CITES d'agir en faveur de la protection de cette espèce via un classement en annexe II qui régule le commerce international des espèces menacées". L'annexe I interdit le commerce international alors que l'annexe II impose un contrôle strict du commerce qui doit s'accompagner de permis d'exporter.

Malgré la décision de la CITES de ce jeudi, les pêcheurs français de thon rouge auront du mal à survivre. Ainsi en 2005 leur saison de pêche avait duré 11 mois, elle n'a duré qu'un mois en 2009. De même pour les quotas, qui ont été réduits drastiquement par l'ICCAT, passant de 22.000 tonnes en 2009 à 13.500 tonnes en 2010, dont 2.022 tonnes pour la France.

Les entrepreneurs les plus solides envisagent de pêcher d'autres espèces de thon dans le Pacifique ou l'océan Indien. Certains pourraient encore s'orienter vers d'autres poissons, comme la sardine ou l'anchois, ou bien se reconvertir dans la pêche artisanale (180 bateaux pour 10% des prises) pour laquelle la France souhaite obtenir des dérogations.

D'une façon plus générale, depuis 1983, l'Union européenne a adopté une politique de réduction de la capacité de sa flottille pour l'adapter aux ressources halieutiques existantes. La France a ainsi réduit la flotte métropolitaine de moitié en 20 ans.


 

Commentaires 4
à écrit le 18/03/2010 à 16:35
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Masanori Miyahara à encore le culot de donner des leçons??? Il veut nous faire croire que le Japon fera le nécessaire pour la survie de l'espèce??? Mais cette réunion est une vraie mascarade, il veut faire passer des vessies pour des lanternes.

à écrit le 18/03/2010 à 16:29
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Décidément tout s'achète dans ce monde. Faut il qu'il ne reste plus rien sur cette terre.Est ce la bêtise et la cupidité qui règnent partout qui aura toujours le derniers mot. Pourquoi toutes ces institutions?? comment peut on encore croire à quelque...

à écrit le 18/03/2010 à 15:30
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Très bonne décision. Le Thon rouge c'est bon , la baleine aussi ! Marre des écolos-fachos ... Bravo aux Japonais pour savoir résister à ces gros naïfs.

à écrit le 18/03/2010 à 14:47
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Totalement irresponsable. Désolant de la part du Japon. Peut-être se contenteront-ils un jour de manger des thons rouges virtuels !

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