GSK fait appel de sa condamnation à indemniser un malade victime d'hypersexualité

Le laboratoire pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline, fabricant du Requip, un médicament contre la maladie de Parkinson ayant des effets secondaires d'addiction au jeu et d'hypersexualité, a fait appel de sa condamnation le 31 mars à Nantes à indemniser un malade.
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L'histoire est peu banale. Elle concerne une personne, a priori au-dessus de tout soupçon, Didier Jambart (aujourd'hui 42 ans) qui était un cadre habilité au "secret défense" au sein du groupe naval DCNS. Ce patient parkinsonien, qui est une maladie neurologique chronique affectant le système nerveux central responsable de troubles essentiellement moteurs, a fait condamner fin mars par le tribunal de Nantes le laboratoire pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) à lui verser la somme de 117.100 euros en réparation des effets secondaires dont il a souffert. N'ayant pas été portés sur la notice lors de la prescription de 2003 à 2005, ces effets donnaient au médicament, aux yeux de la loi, le caractère d'un produit défectueux.

Didier Jambart, qui a été sujet à des poussées d'hypersexualité ou d'addiction au jeu, avait assigné en justice son neurologue et le fabricant du Requip, un médicament de GSK avec lequel il a été soigné entre 2003 et 2005. Initialement, il réclamait 450.000 euros aux deux parties devant le tribunal de grande instance de Nantes pour "préjudice moral et économique". Le plaignant avait attribué aux effets indésirables du Requip le fait d'avoir dépensé de façon compulsive "entre 100.000 et 150.000 euros" dans des casinos ou sur des sites de jeu en ligne étrangers. Marié et père de deux garçons, cet ancien conseiller municipal d'Indre (Loire-Atlantique) avait également expliqué avoir subitement éprouvé le besoin d'avoir des rapports homosexuels ou de s'exhiber en public.Ainsi, il a multiplié les crédits à la consommation pour assouvir sa passion du jeu mais aussi volé les numéros de cartes bancaires de ses collègues, de ses voisins ou de ses relations homosexuelles d'un soir.

Ces effets indésirables, qui font l'objet depuis août 2009 d'une mise en garde sur la notice du Requip, se sont estompés après le changement de traitement de Didier Jambart fin 2005. "Aujourd'hui, moi et ma famille sommes des parias dans notre commune", avait raconté le plaignant, qui a lancé son assignation en janvier 2008. "J'ai volé mon club de foot, mes voisins, mon entreprise. Du coup, on n'a plus d'amis, on vit isolés au milieu du monde", avait-il précisé. Didier Jambart estime que sa carrière a également pâti de cette histoire puisque son employeur l'a muté, depuis, sur un poste stratégiquement "moins exposé".

Outre le manque d'information imputé à GSK, il reproche à son neurologue d'avoir "sans cesse augmenté les doses" de Requip, alors que ses troubles se multipliaient. Les dernières études montrent que 15 % des patients parkinsoniens prenant des médicaments dopaminergiques développent des troubles du comportement.

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