Dette grecque : Moody's caresse les banques allemandes dans le sens du poil

L'agence de notation ne voit aucun risque de dégradation d'établissements financiers allemands en cas de restructuration, même massive de la dette grecque. Le danger résiderait plutôt dans une crise de confiance générale sur les marchés des capitaux qui pourrait suivre.
Copyright Reuters

Moody's n'envisage pas d'abaisser la notation des banques allemandes en cas de restructuration de la dette grecque. Selon l'agence, l'exposition des établissements allemands, tant directement par la détention de la dette souveraine qu'indirectement par leur exposition à l'économie grecque, n'est pas suffisante pour que même une réduction massive de moitié des créances helléniques ne conduise à une dégradation. Le risque principal proviendrait, comme pour l'ensemble des banques européennes, d'une crise de la confiance, d'une « aversion au risque de crédit sur le marché des capitaux » alors même que les groupes financiers allemands sont encore « en phase de convalescence ». Autrement dit, au moment où plusieurs banques, notamment les Landesbanken, pourraient avoir besoin de faire appel au marché ou au capital-risque pour se renflouer, une restructuration pourrait être très mal venue.

Commerzbank le plus menacé

Moddy's dresse également le tableau des expositions des banques allemandes à la dette souveraine grecque. Il apparaît que Commerzbank est le plus menacé en termes absolus avec 2,9 milliards d'euros, à égalité avec le groupe Deutsche Bank, qui regroupe désormais les actifs de la Postbank dont il détient la majorité du capital (également 2,9 milliards d'euros). Concernant l'ensemble des engagements en Grèce, les banques allemandes, qui ne disposent pas de filiales dans ce pays cumulent une exposition de 11,6 milliards d'euros.
En termes relatifs, c'est la Postbank qui est la plus exposée au risque grec : celui-ci représente 35 % de ses fonds propres (fonds utilisés pour le calcul du ratio de solvabilité Tier-1). Commerzbank suit avec une exposition de 13 %.

Et les engagements non souverains ?

A noter cependant que l'agence ne dévoile pas les engagements non souverains de Deutsche Bank, Postbank, Commerzbank et de la plupart des Landesbanken, et que ces données diffèrent de celles publiées par la Banque des Règlements internationaux (BRI) qui fait état d'une exposition grecque de 29,5 milliards d'euros pour les banques allemandes. L'écart entre les chiffres de la BRI et ceux de Moody's est encore plus spectaculaire concernant l'Irlande. Au lieu des 113 milliards d'euros d'exposition des banques allemandes enregistrée par la BRI, Moody's estime cette exposition à 13,6 milliards d'euros. Une différence que l'agence explique par le fait que de nombreux produits basés en Irlande pour des raisons fiscales sont en réalité adossés à une réalité allemande. Or, la BRI ne prendrait en compte que le « risque immédiat » de la localisation des actifs et pas leur « risque ultime ». Du coup, Moody's estime également que l'exposition du secteur financier allemand au risque irlandais et portugais est minime.

Romaric Godin, à Francfort
 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.