Alain Weill : "Il faut un grand appel à candidatures sur six fréquences TNT"

Le patron de NextRadioTV explique dans une interview à la Tribune (dont il est actionnaire à 20%) sa stratégie au lendemain de la vente par Bolloré de Direct 8 et Direct Star à Canal Plus. Selon lui, la TNT reste un secteur d'avenir. Pour le dynamiser, il faut préserver les nouveaux entrants face à la concentration du secteur entre Vivendi, Bouygues et Bertelsmann.
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L'annonce de la vente par Bolloré de ses deux chaînes de télévision (nous pourrions d'ailleur écrire "fréquences", puisque c'est le seul "actif" qui intéresse l'acheteur) a surpris l'ensemble du PAF, à commencer par Alain Weill qui reste désormais d'un des deux derniers nouveaux entrants, en compagnie de son ex-patron Jean-Paul Beaudecroux, propirétaire d'NRJ. « La vente n'étaient pas prévue. Bolloré a réagi à une offre de Canal+. Il vend cher en échange d'actions Vivendi au plus bas. Il peut faire une très bonne affaire financière : dans deux ans, Vivendi vaudra le double », avance-t-il. Et d'ajouter : « Canal va faire une chaîne remarquable. C'est le fameux Canal 20 annoncé il y a quelques mois. Je comprends que M6 et TF1 aient peur ».

Cette consolidation du secteur est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour le patron de NextRadioTV. Côté positif, son affaire est de fait bien valorisé et il incarne désormais un nouvel entrant en croissance, ce qui est politiquement utile pour le CSA. Mais il court le risque d'une marginalisation, notamment face aux annonceurs. Alors vendre ? « Mes propos ont été déformés. Je n'ai jamais dit que je voulais vendre. J'ai eu des propositions d'un groupe Allemand [concurrent de Bertelsmann, propriétaire de M6], mais pour moi l'aventure n'est pas terminée. J'ai envie de rester entrepreneur», assure Alain Weill. Se rapprocher de l'autre indépendant NRJ, qui a également évoqué la possibilité de se vendre (mais à Bertelsmann) ? Ce n'est pas à l'ordre du jour. Pour Alain Weill, il s'agit d'abord d'accélérer son développement en multipliant les chaînes, par exemple dans le domaine du sport avec RMC (sur le modèle du tandem radio-TV de BFM) et sur le segment documentaire avec BFM Doc.

A cet égard, les annonces du président du CSA Michel Boyon ce lundi sont cruciales. « Il faut dynamiser le secteur de la télévision hertzienne si l'on ne veut pas voir fuir les annonceurs et accélérer la migration des téléspectateurs vers la télévision connectée. En France, la TNT s'est substituée au câble. Elle doit proposer une offre variée, comparable à ce qui est proposé sur le câble en Allemagne. En Angleterre, il y a cinquante chaînes gratuites. Monter à 25 chaînes en France ne me choque pas ». Pour dynamiser le secteur, il faut donc « un grand appel à candidatures sur 6 fréquences, dont 3 pour les historiques et 3 pour les nouveaux entrants ». Quant aux fréquences bonus, qui devaient être attribuées aux opérateurs historiques pour compenser l'extinction de l'analogique, pour Alain Weill, c'est de l'histoire ancienne. Canal Plus s'est débrouillé autrement en se payant deux fréquences de la TNT nationale gratuite. Et Bruxelles, qui a ces chaînes dans le collimateur, devrait les déclarer irrecevables sur le plan du droit de la concurrence dans les semaines qui viennent. « Les chaînes bonus sont un système qui profite à Bertelsmann, Vivendi et Bouygues pour un préjudice qui a été inventé », explique Alain Weill. « Cela n'a pas échappé à Bruxelles. Je n'ai pas beaucoup de doutes sur leur décision ».

Pour le patron de BFM et RMC, qui se considère comme le premier média d'information en France avant Google, le Figaro ou France Info avec 10 millions de téléspectateurs par jour à la fin août, la télévision hertzienne reste un média d'avenir. « Je n'ai pas de doute sur la puissance du hertzien comparée à celle d'Internet. Si Canal a décidé de payer si cher deux fréquences hertziennes, c'est que le moyen de diffusion est très performant et très mobile. Dans le secteur de la téléphonie, Xavier Niel fait le même raisonnement : même si Skype et Viber sont gratuits et existent sur le Net, il s'est tout de même battu pour sa fréquence 4G... Je n'ai pas de doute sur la puissance du hertzien comparée à celle d'Internet ». Alain Weill, dont le groupe fait 150 millions d'euros de chiffre d'affaires (dont le tiers pour BFMTV) et 7% de marge sur l'année, se dit capable de financer deux chaînes supplémentaires et attend un signe fort des pouvoirs publics : « Y a-t-il en France une volonté de favoriser le développement de groupes indépendants ? ».

Une partie de la réponse sera donnée ce lundi par Michel Boyon, qui rend son rapport de la commission qu'il préside sur la TNT, alors qu'il est président du CSA, un paradoxe selon Alain Weill. « J'espère qu'il va suivre le conseil de l'institution qu'il préside et lancer les appels d'offres qu'il préconisait il y a un an. Je comprends qu'on se donne le temps de réfléchir, mais cela fait longtemps qu'on attend ». Selon le patron de NextRadioTV, à force de céder à la pression des acteurs historiques qui veulent que rien ne change, le secteur s'est tiré une balle dans le pied. « Canal a senti qu'on voulait lui voler sa chaîne bonus et s'en est payé deux. TF1 et M6 n'ont rien. Ils ont joué l'immobilisme et ils sont perdants. Les choses se font quand même, et se font sans eux. Lorsque l'on voit tout comme un risque et que l'on gèle le développement de son secteur, on est toujours perdant. Prenons LCI. Ils n'ont pas cru à la TNT, aujourd'hui, ils sont marginalisés et font 6 fois moins de part d'audience que nous (entre 0,2 et 0,3% contre 1,6% pour BFMTV). Le pire scénario serait qu'il n'y ait pas de chaînes nouvelles et que l'on mette LCI face à nous en gratuit... »

Alain Weill se dit prêt à lancer deux nouvelles chaînes rapidement. « BFM nous a coûté autour de 50 millions d'euros à développer. Une chaîne de sport, c'est un investissement d'environ 20 millions d'euros ». Mais le nouvel horizon pour le NextRadioTV, c'est l'internet, les supports numériques et la télévision connectée, activités qui seront regroupées sous la bannière de Next Interactive Media. « Les cinq premières années ont été consacrées à RMC, les cinq suivantes au développement de la télévision avec BFM. Je me donne moins de 5 ans pour que l'on pèse sur le marché de l'information générale, économique et sport sur le Net ».

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Commentaire 1
à écrit le 12/09/2011 à 12:20
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L'orthographe est affligeante, entre "la vente n'étaient pas prévue" et "son affaire bien valorisé"...

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