Les femmes sont-elles des entrepreneurs comme les autres ?

Les femmes ont-elles les mêmes attentes et les mêmes craintes que les hommes vis-à-vis de l'entreprenariat ? Ont-elles la même capacité à obtenir des financements auprès de leur banquier ? Sont-elles ou non soutenues par leur entourage ? Un baromètre réalisé par la Caisse d'Epargne et plusieurs associations et fédérations d'entrepreneurs fait le point.
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Les femmes actuelles ou futures chefs d'entreprise ont-elles des préoccupations si éloignées de celles des hommes ? Pas vraiment, mais leur manière de gérer l'entreprise et d'appréhender la création d'une société est néanmoins différente. C'est ce que relève le baromètre réalisé par les Caisses d'Epargne, en partenariat avec différentes institutions (APCE, Caisse des Dépôts, France Active, Initiative France, Fédération Pionnières, Centre Hubertine Auclert). L'étude a été constituée à partir du témoignage de 925 chefs d'entreprises de moins de 10 salariés (dont 300 hommes et 625 femmes).

Mêmes aspirations et mêmes craintes

Concernant leur profil, les femmes chefs d'entreprise sont en couple à 73% (contre 88% pour les hommes) et ne sont que 52% à avoir au moins un enfant à charge (contre 62% pour les hommes). Et 38% des mères ont attendu d'avoir des enfants, voire de les élever, avant de créer leur entreprise. Les raisons et les aspirations qui poussent hommes et femmes à créer leur entreprise sont néanmoins les mêmes : l'épanouissement personnel, le goût d'entreprendre, la volonté d'être indépendant plutôt que salarié, ou d'être plus libre de son temps ou de son lieu de travail. Les craintes sont également similaires : peur de ne pas être à la hauteur, des problèmes administratifs, des difficultés de financement ou de mettre en péril le budget familial.

Concilier vie pro et vie perso

Le rôle du conjoint à la création de l'entreprise, puis au quotidien, est par contre un point de divergence entre les sondé(e)s. 67% des femmes reconnaissent avoir été beaucoup aidées par leur conjoint pour démarrer leur entreprise, contre 35% des hommes.
"Il existe une part d'aide que les hommes jugent socialement naturelle et qu'ils n'estiment pas importante à déclarer", déclare Amandine Berton-Schmitt du Centre francilien de ressources pour l'égalité femmes hommes. Au jour le jour, 66% des hommes affirment être beaucoup aidés par leur conjointe dans les tâches quotidiennes, contre 46% des femmes.
Au final, la conciliation vie professionnelle / vie personnelle est perçue à 63% comme plus difficile pour une femme. Et 63% des femmes interrogées ont exprimé un sentiment de "dépassement" c'est-à-dire d'avoir du mal à faire face.

Besoin d'être rassurée

Parmi les créatrices d'entreprise de moins de trois ans, 59% ont eu recours à un prêt bancaire au démarrage (51% pour les créateurs) pour un montant moyen demandé de 51 000 euros (66 000 euros pour les hommes). "Les femmes hésitent davantage à demander un financement. Elles ont besoin d'être rassurées, mais elles ont aussi l'impression que leur activité intéresse moins les banques", explique Christine Dechosal, directrice des études de Caisse d'Epargne. Pourtant, lorsqu'elles ont tenté l'expérience, 72% des femmes constatent qu'elles ont eu autant, voire plus, de facilités que les hommes à obtenir un financement.
"C'est le projet qui prime, pas le fait de savoir si c'est une femme ou un homme qui le porte", estime Florent Lamoureux, directeur du marché des professionnels à la Caisse d'Epargne.

Des dispositifs dédiés

De nombreuses associations sont spécialisées dans l'accompagnement des femmes dans leur projet de création d'entreprise et un fonds leur est même dédié. Le FGIF (Fonds de garantie pour la création, la reprise et le développement des entreprises à l'initiative des femmes) peut ainsi apporter à la banque une garantie à hauteur de 70% du prêt. Mais l'étude relève que seulement 6% des femmes font appel à ces possibilités. Par manque d'informations ? Probablement, mais peut-être aussi par envie d'y arriver par soi-même, de montrer qu'elles sont capables de créer leur entreprise avec les mêmes outils que leurs homologues masculins...

Oser y aller

Pourtant, les femmes ne représentent toujours que 32% des créateurs d'entreprise en France. Une proportion qui stagnent depuis plusieurs années. "Il ne faut pas minimiser l'effet plafond de verre, et sa représentation psychologique. Il faut travailler sur l'ensemble des représentations qui font qu'on ne décolle pas des 30% de femmes chefs d'entreprise", affirme Amandine Berton-Schmitt. En cause aussi : le manque de confiance en soi, voire le manque d'accompagnement psychologique pour se jeter à l'eau.
"Ce qui manque, ça n'est pas une offre spécifiquement dédiée aux femmes, c'est une bonne dose de confiance en soi. On constate que les femmes sont certes moins créatrices d'entreprise, mais que celles qui ont osé n'ont pas eu de difficultés à mener à bien leur projet. Il faut que les femmes osent y aller, parce qu'après, quand elles se lancent, ça se passe très bien", reconnaît Florent Lamoureux.
 

Commentaires 3
à écrit le 05/10/2012 à 10:20
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Merci pour vos positionnement positifs et encourageants, ceux-ci font cruellement défaut dans ce journal économique Pour répondre à chacune Je ne pense pas qu il y est une réelle cause d inégalité sur l envie, comme vous dites Geminance l espri...

à écrit le 05/10/2012 à 9:54
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Je ne pense vraiment pas qu'il s'agisse principalement d'un manque de confiance en soi. C'est encore et toujours une questions d'inégalité dans la distribution des fameuses "tâches ménagères" et des enfants au sein du couple... mais aussi, un manque ...

à écrit le 05/10/2012 à 1:01
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L'esprit d'entreprendre est unisexe ! Mais quand on sait qu'à travail égal, une femme, parce qu'elle est une femme, gagne moins que son homologue masculin, alors on comprend pourquoi la gente féminine se lance dans la création d'entreprise. Et c'est ...

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