Qui est Jack Lew, nouveau secrétaire au Trésor d'Obama ?

Ce vétéran de Washington a été choisi hier, jeudi, par Barack Obama pour prendre le poste de secrétaire du Trésor. Une désignation qui augure d'un changement de priorités pour Obama. Après avoir du gérer la crise financière lors de son premier mandat, le 44e président sait que la réduction du déficit budgétaire et la réforme fiscale qui devrait en découler vont définir son deuxième mandat. Pour lui, Jacob Lew, son actuel chef de Cabinet, est l'homme de la situation. Cette nomination doit recevoir le feu vert du Sénat pour être entérinée.
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Quand Jacob Lew a quitté son poste de sous-secrétaire d'État responsable de la gestion et des ressources pour devenir chef du bureau de la gestion et du budget d'Obama en novembre 2010, son ancienne patronne, Hilary Clinton lui a remis un casque de combat. Les batailles autour du déficit budgétaire américain se profilaient à l'horizon et Jacob Lew allait être livré à lui même. C'est d'autant plus vrai aujourd'hui. Après des rumeurs de presse, Barack Obama l'a officiellement choisi pour succéder à Tim Geithner à la tête du Trésor -une nomination qui doit maintenant recevoir le soutien du Sénat. Dès l'annonce de sa nomination imminente au poste de secrétaire du Trésor des Etats-Unis, une même question revenait dans la bouche de tous les analystes mercredi: un secrétaire du Trésor peut-il apposer une signature aussi ridicule que celle de Lew sur les billets de banque de la nation? De CNBC, à NPR en passant par The New York Mag, les médias américains se sont amusés de la signature en forme de ressort allongé de Jack Lew. Certains l'ont même comparé à un slinky, ce jouet en forme de ressort capable de descendre les marches d'escaliers. Plus sérieusement, de nombreux experts se sont demandés si Obama avait fait le bon choix.

Beaucoup espéraient la nomination d'un homme du centre comme l'homme d'affaires et ancien Chef de cabinet de Bill Clinton, Erskine Bowles, ou encore Laurence Fink, le président de la société d'investissements Blackrock. Ils reprochent à celui qui est encore le Chef de cabinet de la Maison-Blanche, d'être un homme du président, un "Yes man". Le 44e président a une haute estime pour ce parrain de Washington, qui à 57 ans compte trente années d'expérience dans la capitale. "Les conseils économiques de Jack sont inestimables, expliquait récemment Barack Obama. Et il a mon entière confiance, en raison non seulement de sa maîtrise des nombres, mais en raison des valeurs derrière ces chiffres".

Libéral pragmatique, sans formation d'économiste, et très croyant

En discutant avec plusieurs politologue et insiders de Capitol Hill, il ressort le portrait d'un libéral pragmatique convaincu que le gouvernement se doit de venir au secours des personnes ayant besoin d'aide. Un expert qui, bien que n'ayant pas une formation d'économiste, maîtrise à la perfection les arcanes du budget. "Ce que j'ai appris très tôt c'est qu'il y a un endroit qui n'est pas très peuplé à Washington, c'est le pont entre le technique et le politique, expliquait Lew il y a quelques années sur le site Politico. Vous n'aviez pas besoin d'être le meilleur politicien et vous n'aviez pas à être le meilleur analyste. Mais si vous aviez une connaissance suffisante de ces deux mondes et étiez respectés dans ces deux monde alors vous pourriez avoir une opportunité d'être un traducteur et de faire une différence."
Sa foi guide sa vie. Juif orthodoxe, il observe le rite du sabbat. Du vendredi soir au samedi soir, il ne travaille pas, n'utilise pas sa voiture, ne répond pas au téléphone, ni ne consulte Internet. Un rituel qu'il lui sera sans doute difficile de suivre avec la féroce bataille en devenir autour de la réforme fiscale.

Un vétéran de Washington proche d'Obama qui devra gagner la confiance de Wall Street et de la Fed

Lew amène trois qualités au département du Trésor. C'est un vétéran de Washington, il a une grande expérience sur les questions budgétaires et financières, et il a une relation forte et personnelle avec le président. Mais c'est l'un des premiers secrétaires du Trésor à ne pas venir du monde de la finance à l'inverse de son prédécesseur, Tim Geithner, et son premier challenge sera de gagner la confiance et le soutien de Wall Street qui le perçoit comme un vulgaire technocrate de Capitol Hill. Comme il n'est pas l'un des leurs, s'imposer ne sera pas facile. Mais s'il peut afficher sa détermination en traitant les problèmes dont cette communauté se soucie, à savoir une stabilité financière et un bel effort sur le déficit fédéral, alors il sera pris au sérieux et sera à même d'aller de l'avant.

Certains républicains le perçoivent comme arrogant et lui reprochent de ne pas savoir faire de compromis. Lew a du mal à comprendre comment les républicains, patriotes, peuvent être opposés à toute baisse du budget de la Défense nationale, sans également être sensibles aux répercussions que cela pourraient avoir sur le budget de l'Education et sur celui de la Santé. Son poste de directeur du Budget l'a aidé à consolider sa relation avec Barack Obama, qui a ainsi pu le tester et tisser des liens avec lui. Lew arrive à son poste de secrétaire du Trésor en devant régler la crise du déficit budgétaire, tout en devant rassurer les différentes places boursières de la planète. Il devra développer une relation de confiance avec la Fed, ce sera essentiel dans sa réussite. De l'avis de nombreux experts, il a les qualités requises pour ce poste.

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