"La position de François Hollande sur les changes est contradictoire avec les mesures engagées en France"

Gilles Moec, économiste chez Deutsche Bank.
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Gilles Moec, économiste à la Deutsche Bank, a publié le 25 janvier une étude sur les « seuils de douleur » de la monnaie unique pour les économies européennes. Il parvient à la conclusion qu'avec le rythme prévu de croissance du commerce mondial, les chefs d'entreprises exportatrices de la zone euro ressentent une baisse de leur compétitivité à partir d'un niveau de 1,37 dollar par euro. le niveau de perception n'est cependant pas le même partout : à 1,17 dollar l'euro en Italie, il monte jusqu'à 1,87 dollar l'euro en Espagne en passant par la France (1,24 dollar) et l'Allemagne (1,79 dollar). Pour La Tribune, il revient sur les résultats de cette étude.

Votre étude ne porte pas sur les conséquences économiques de l'euro fort, mais sur le niveau de perception. Est-ce suffisant ?

Les esprits chagrins pourront regretter ce parti-pris. Mais ce sont justement les perceptions qui m'intéressent, parce que ce sont elles qui vont avoir ensuite un impact sur les décisions d'investir et d'embaucher, et donc sur la croissance. La question de la perception de la force de la monnaie est donc centrale et c'est sans doute le meilleur indicateur pour juger des effets du taux de change.

Le fait que l'Espagne apparaisse comme immunisée, plus même que l'Allemagne, contre l'euro fort est une surprise. Comment l'expliquez-vous ?

C'est un phénomène relativement nouveau. Dans les années 1990 et 2000, le seuil de douleur espagnol était juste au-dessus de celui de la France et de l'Italie. Aujourd'hui, il a disparu - ou en tout cas il a tres fortement augmenté, il ne faut pas « fetichiser » le résultat brut d'equations économetriques - principalement en raison des gains de compétitivité qui ont été réalisés depuis le début de la crise. Si le taux de chômage est si élevé, c'est justement parce que les entreprises ont amélioré leur productivité. Ceci a renforcé la résistance des exportateurs espagnols.
Par ailleurs, l'Espagne est très intégrée dans les flux internationaux. Les entreprises espagnoles sont souvent des sous-traitants d'autres entreprises de la zone euro. L'euro fort pèse donc d'abord sur les clients finaux.

Ces gains de productivité ne se voient pas au même niveau pour l'Italie ?

Non, pour le moment l'impact des mesures Monti sur la productivité italienne est quasiment nul. La productivite la-bas est actuellement inférieure au niveau qu'elle avait atteint avant la grande recession, en 2007. Il n'y a pas pour l'instant d'ajustment, et cela se ressent dans la poursuite d'une déterioration de la performance a l'exportation de ce pays.

Vous décrivez les trois clés de l'insensibilité allemande : flexibilité du marché de l'emploi et du temps de travail, délocalisation des sous-traitants et « monopoles de fait » des produits allemands en raison de leurs avances technologiques. Les syndicats allemands semblent se montrer moins flexibles sur les salaires. Ceci pourrait-il changer la donne ?

On sent que l'on est au bout d'un cycle. Les syndicats s'étaient montrés très compréhensifs durant les années 2000, ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'ambiance n'est plus aussi ouverte. Néanmoins, les gains de productivité sont là. La flexibilité introduite par les réformes Schröder reste en place et cela préserve une partie des avantages allemands.

La France peut-elle s'inspirer de ce modèle allemand ?

Le pacte de compétitivité et l'accord sur le marché du travail sont des étapes tres importantes parce qu'elle vont a terme créer un terrain de jeu commun avec l'Allemagne et cela peut relever le « seuil de douleur » de l'économie française face à l'euro fort. La France n'a pas de problème de productivité, qui depuis le debut de l'union monetaire progresse en gros comme en Allemagne. Elle a un problème de répartition des gains de productivité qui se dirigent de façon anormale vers les salaires et un problème de flexibilité de son marché du travail.

Selon vous, l'euro fort ne va pas modifier la politique monétaire de la BCE...

Mario Draghi a pris en compte l'appréciation du taux de change lors de la dernière conférence de presse. Je ne vois cependant pas la BCE se fixer un objectif de change.

L'ambition de François Hollande de donner à l'Europe une politique de change est-elle illusoire ?

Il y a chez les dirigeants français une obsession du taux de change qui est mal placée. François Hollande ne se distingue pas de Nicolas Sarkozy sur ce terrain. Mais il est impossible de fixer un taux de change ou même de le cibler avec une politique monétaire indépendante et une liberté des capitaux, c'est le fameux « triangle » du prix Nobel Robert Mundell. Cette position est du reste contradictoire avec les efforts qui sont engagés pour améliorer la compétitivité et qui prend acte que la seule possibilité de réduire les effets de l'euro fort, c'est de renforcer la productivité.

 

Commentaires 45
à écrit le 15/02/2013 à 18:11
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Le raisonnement de M Moec est absurde, comment peut il dire par exemple que Espagne n est pas genee par un Euro fort avec 25% de chomeurs et une production industriel dépendante en grande partie de automobile Française. C est vraiment des théories...

le 15/02/2013 à 19:03
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Cet économiste traduit ce que tout exportateur ressent; les succès se gagnent moins par un avantage devise instantané (connu pour être aléatoire, rarement durable, même s'il est bienvenu) que par la compétitivité coût ou avantages. Cette perception d...

le 15/02/2013 à 19:52
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Suivez actualité, le Japon a déprécie sa monnaie résultat les exportation explose +20% et la dévaluation anglaise de 1931 démontre le contraire, pour le reste The économiste comme référence c est de la franche rigolade un des media qui n'a p...

à écrit le 15/02/2013 à 17:45
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Et si les pôôvres salariés français aidaient un peu leur industrie et au lieu de mettre tout sur le ringard Livret A, ils pourraient investir en actions dans leurs entreprises, ce qui les aiderait. Mais, j'ai l'impression les salariés et les citoyens...

à écrit le 15/02/2013 à 14:01
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ce monsieur nous parle de "perception" comme d'autres ont parlé de révélation ;quant aux salaires vers qui iraient les gains de productivité ,ça laisse rêveur quand on sait que la majorité du surplus annuel de création de richesse va vers les 2% du h...

le 15/02/2013 à 18:15
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Vous avez raison, mais vous accordez trop de crédit à ce monsieur pour moi c est un illumine. Tous ces economiste incapable de prévoir un crise qui veulent nous donner des lecon c est consternant

à écrit le 15/02/2013 à 13:51
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La france n'a pas de problème de compétitivité....celle ci croit normalement. Pour l'auteur l'anomalie est que les gains de productivité vont trop vers les salaires! Il est marrant ce mec!

le 15/02/2013 à 18:24
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Helas il n'est pas drole il a un raisonnement formater inadaptee aux circonstances, comme toujours hélas, le plus grave c est que Dan ces écoles il apprennent plus histoire les années 1929 1939 par exemple

à écrit le 15/02/2013 à 13:43
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Notre président de la république a t'il une seule position qui ne soit pas en contradiction avec les réalités ou celles qu'il affichait comme candidat ? Au demeurant, il faut être riche et sur de son fait pour tenir une position de change; ce qui est...

à écrit le 15/02/2013 à 11:48
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l'espagne est devenue la région à bas coût de la zone euro, hors ex pays de l'est..... mais en toout cas c'est certains pour l'europe de l'ouest...... bref, ce n'est pas la productivité de l'espagne qui s'est améliorée, ce sont les salaires qui sont...

le 15/02/2013 à 12:06
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@curieux37 PSA ferme des usine, Renault lamine..... mais pourquoi personne n'achète les voitures françaises pourtant il y a des "low-costs"?

le 15/02/2013 à 12:16
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La productivité en Espagne s'améliore, pour Renault, à cause des salaires plus bas et de la flexibilité. C'est tout simple : une usine utilisée à 100% est plus productive qu'une usine utilisée à 50%. Elle est utilisée à 100% parce que les salariés so...

le 15/02/2013 à 12:31
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@ @curieux : je crois surtout qu'ils veulent tout alors qu'avoir quelques chose est deja bien... Et aujourd'hui, les espagnols on quelque chose. Les francais n'ont rien, car eux, veulent tout!

le 15/02/2013 à 12:58
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@ Marvin Je crois vous avez raison, les Français veulent tout. En attendant d'avoir ils n'ont rien. Pendant ce temps là les autres avancent avec peu, mais avancent! Ils ne sont vraiment pas gentils même pas solidaires de ne pas faire comme les Franç...

le 15/02/2013 à 16:16
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et le "MOYEN AGE", vous connaissez? d'entendre pareilles choses, c'est scandaleux! "les salariés sont employés en FONCTION des besoins! avec cet état d'esprit, on va loin, aussi !! pauvres de nous..

à écrit le 15/02/2013 à 11:39
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il suffirait de comprendre le fameux"triangle de mundell"

le 15/02/2013 à 11:48
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Petit cours sur ce sujet : http://www.contrepoints.org/2013/02/15/114888-pourquoi-leurope-ne-peut-pas-mener-une-guerre-monetaire

à écrit le 15/02/2013 à 11:35
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Ce n'est pas l'euro qui est trop fort, mais le dollar trop faible. Si ça plaît aux Français au pas. Le franc français à l'époque personne en voulait. Payer aujourd'hui les matières premières avec une monnaie comme était ce fameux Franc, je vous souha...

le 15/02/2013 à 17:03
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La persuasion par la peur, ça faisait un moment. A ce demander comment on se chauffait et on roulait avant.

à écrit le 15/02/2013 à 11:16
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Gilles Moec est un imposteur en plus d'être un menteur. Comment donner du crédit à toutes les absurdités présentes dans ces réponses. Il faudrait expliquer à nos concitoyens que : 1) les gains de productivités ont été massivement transférés vers la ...

le 15/02/2013 à 11:38
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Ce que le peuple français ne souhaite pas, c'est l'UPR, groupuscule politique négiligeable.

le 15/02/2013 à 11:54
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@Xav : une zone monetaire optimal est completement fesaible non pas dans une zone federale politique mais une simple zone economique gerée de facon federale. Donc un etat federal en soit n'est pas necessaire. Il faut simplement que les acteurs forts ...

le 15/02/2013 à 12:12
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Qu'est-ce qui vous permet de dire ça ? Vous êtes qui ? Si l'UPR avait droit aux médias, ca ferait longtemps qu'ils seraient au pouvoir et que nos élites auraient eu la tête coupée. Ce parti est volontairement caché aux français car ses analyses sont ...

le 15/02/2013 à 12:14
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La bonne réponse à la situation ce n'est certainement plus d'europe. La bonne réponse, elle est évidente, c'est d'en sortir. Le reste c'est de la propagande d'européstes.

le 15/02/2013 à 12:22
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Je pourrais vous retourner le compliment en vous disant que vous ne faites que de la campagne anti-europe. Au lieu de cela, je vais vous demander de preciser votre propos avec des arguments ;)

le 15/02/2013 à 12:24
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Qu'est-ce qui vous permet de dire ça ? Vous êtes qui ? Si l'UPR avait droit aux médias, ca ferait longtemps qu'ils seraient au pouvoir et que nos élites auraient eu la tête coupée. Ce parti est volontairement caché aux français car ses analyses sont ...

le 15/02/2013 à 12:34
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Les analyses peut-etre... Les solutions surtout pas!!!!!

le 15/02/2013 à 12:43
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Les europhiles considèrent le problème résolu, l'Europe va de soi, donc il faut plus d'Europe, CQFD. Seul problème, l'Europe est un leurre car elle n'existe pas, il n'y a pas de peuple européen, il n'y a pas d'intérêt européen (qu'y a-t-il de commun ...

le 15/02/2013 à 14:14
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Je ne suis payé par personne moi. Je suis "juste" un citoyen, père de famille, écoeuré par ce que je vois. Et la seule solution que j'en vois c'est de sortir de cette sordide europe gouvernée par "nos" banques et nos multinationales (regroupées chez ...

le 15/02/2013 à 14:18
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"Les analyses peut-etre... Les solutions surtout pas!!!!!" Vous n'avez pas bien regardé (etourderie ou mauvaise foi ?). Les solutions proposées : sortir de l'ue, de l'euro, de l'otan. Pour les reste, jeter un oeil sur leur programme.

le 15/02/2013 à 14:35
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@ @mARVIN : C'est bien ce que je dis... vous posez les bonnes questions mais apportez de mauvaises reponses... Alors suivons votre resonnement : on sort de l'UE et on fait quoi apres?

le 15/02/2013 à 15:25
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Avez-vous regardé le programme de l'upr sur leur site ? Manifestement non. Pour résumer, en matière économique : la sortie de l'ue nous permet de gagner de suite 7/8 milliards par an (nous sommes un contributeur net). Secondo, on récupère notre souve...

le 15/02/2013 à 17:01
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@ Marvin: vous ne savez pas ce qu'est une zone monétaire optimale, sans quoi vous ne diriez pas de telles bêtises sur sa faisabilité. Il y a plusieurs conditions cumulatives or l'UE n'en réunit aucune et n'en réunira jamais aucune.

le 15/02/2013 à 18:15
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Vous avez raison, mais nombreux sont ceux qui intoxiqués par la propagande europhile croient que c'est impossible et pensent que sans l'UE on est perdus. Ils ne se rendent pas compte que 1/ introduire sa monnaie, nombreux sont les pays qui l'ont fait...

le 15/02/2013 à 20:09
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Si nous montrons que nous voulons sortir de UE, nous obtiendrons ce que nous voulons la France est toujours la 2 eme économie de la zone et donc sans nous plus Europe.

à écrit le 15/02/2013 à 10:57
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Encore de l?idéologie. Si la politique de change est aussi "illusoire" que le dit ce monsieur, pour les USA, la Chine, le Japon, la Suisse, le Brésil et bien d'autres en font une priorité? De même pour le protectionnisme, tout le monde le pratique s...

le 15/02/2013 à 12:04
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Ses rêves libéraux ? Vous plaisantez j'espère !! Le libéralisme c'est un état uniquement réduit à des fonctions régaliennes, et non un état bouffi qui pompe 57,6% de la richesse créée par les entreprises privées. Le nombre de fonctionnaires qui se co...

le 15/02/2013 à 12:16
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"réduit à des fonctions régaliennes". Battre sa monnaie, c'est régalien ?

le 15/02/2013 à 12:37
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a partir du moment ou un gouvernement bat la monnaie, et que celle ci est étalonnée à l'or, alors celle ci devient non manipulable par les politiques, les banquiers et les profiteurs. Seule une monnaie Or ne subit pas l'inflation et apporte une stabi...

le 15/02/2013 à 14:06
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"Nous payons aujourd'hui les excés des impressions papier des différentes monnaies, qui ne valent même plus le papier sur lesquelles elles sont imprimées." Donc la privatisation de la création monétaire ne limite pas les excès d'impression "papier" ?

à écrit le 15/02/2013 à 10:49
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M. Moec, ferait mieu de s occuper des banques Allemandes et des Landers qui sont surendettes, que de vouloir nous donner de lecons. Nous avons nos economistes pour nous faire des leçons, eux ils ont une vision française du probleme pas allemande.

le 15/02/2013 à 11:09
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C'est vrai que Gilles Moec c'est très allemand comme nom.

le 15/02/2013 à 11:21
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Un connaisseur on le voit tout de suite ! Il n'en a rien a faire des Landesbank car il en connait l'état et ne fais pas d'argent avec. Son job est de fournir tendances et réflexions au niveau macro.... et ce qui pose problème depuis plusieurs années ...

le 15/02/2013 à 18:04
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Que vous répondiez c est bien mais par n importe comment, je moque de la nationalité de M Moec mais sont fond de commerce c est bien Allemagne et les banques allemandes et non la situation de la France, et son raisonnement n est pas Européen mais ...

à écrit le 15/02/2013 à 10:06
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Le fait même que les différents pays de la zone euro répondent différemment sur le taux "idéal" de l'euro prouve bien que la création de cette pseudo monnaie est une aberration, et en tout cas fut prématurée.Décider que, du jour au lendemain, 17 pers...

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