Italie : une grande coalition aux accents d'union nationale mais dont la viabilité fait déjà débat

Un déséquilbré a été blessé après avoir tiré sur des policiers devant le palais du gouvernement au moment où Enrico Letta prêtait serment. Le nouveau président du conseil italien chrétien démocrate est à la tête d'une grande coalition dans laquelle chacun s'interroge sur l'influence de Silvio Berlusconi et sur la viabilité. Le nouveau gouvernement dirigé par un homme de 46 ans va devoir sortir l'Italie de la crise politique alors que la situation économique reste très difficile.
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Chrétien démocrate de gauche et europhile pondéré, Enrico Letta, dont le nouveau gouvernement a prêté serment dimanche, a déjà, à 46 ans, une longue expérience de la vie politique, dans laquelle il est plongé depuis sa jeunesse.

Homme réputé prudent, il est "très jeune, selon les standards italiens", a ironisé le président de la République Giorgio Napolitano, 88 ans, en annonçant son choix pour la présidence du Conseil mercredi dernier.

La presse européenne s'interrogeait dimanche sur la viabilité du gouvernement de coalition formé par Enrico Letta après des mois d'impasse politique, ainsi que sur le rôle qu'y jouera l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, dont les alliés ont obtenu des postes-clés.

Le nouveau gouvernement, formé la veille, "présente des caractéristiques paradoxales", souligne le quotidien portugais Diario de Noticias: "il réunit une partie de la gauche et de la droite, avec des personnalités de formations politiques ayant échangé des accusations et des insultes ces dernières années".

Dès lors, "rien ne nous prouve (...) que la sauce prendra face aux réformes importantes qui attendent la république" italienne, s'inquiète La Libre Belgique.

Pour le quotidien espagnol El Pais, "les vraies difficultés ne font que commencer" et le nouveau chef du gouvernement Enrico Letta devra "vaincre le scepticisme de ses camarades de parti et obtenir la confiance de la Chambre des députés et du Sénat, mais aussi s'aventurer à naviguer sur une embarcation faites de débris".

Or, les défis qui attendent le pays sont nombreux: "le gouvernement, qui aura comme mission principale de gérer la crise et le déclin économique de l'Italie, associant des mesures d'austérité et de soutien à la croissance, et de rendre au pays sa crédibilité sur les marchés, est tenu de produire des résultats et de montrer que cette espèce de +grande coalition+ à l'italienne est viable", selon Diarios de Noticias.

"Finalement, il n'y a que chez Berlusconi que l'on rit", résume La Libre Belgique. Pour El Pais, "le vrai résultat c'est que, une fois de plus, Silvio Berlusconi parvient à s'en tirer", avec notamment la nomination de son homme de confiance, Angelino Alfano, à la vice-présidence du gouvernement.

Pour le quotidien autrichien Kurier, le "Cavaliere" sera une sorte de "Premier ministre de l'ombre" car "personne ne peut croire que Berlusconi ne va pas dicter sa loi au sein de cette coalition, où ses proches vont occuper des postes clés".

"Si Letta désobéit, les troupes de Berlusconi s'en iront et de nouvelles élections seront inévitables", pronostique le quotidien autrichien, qui conclut: "pauvre Italie".

Mais la tonalité de la presse européenne n'est pas entièrement négative. Beaucoup saluent le rôle prépondérant joué par le président de la République Giorgio Napolitano, 87 ans, dans la sortie de l'impasse politique. Il est intervenu pour la deuxième fois en deux ans pour "sauver la politique italienne du désastre", selon El Pais.

Pour la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, il apparaît même comme "le père d'une nation divisée", qui "unit l'Italie comme le pape François unit l'Eglise catholique". Le journal allemand veut voir en Napolitano "la pierre angulaire politique qui peut unir la droite et la gauche".

Enfin, la nomination d'un gouvernement rajeuni, avec une moyenne d'âge de 53 ans, comportant le nombre record de sept femmes, est salué par la presse européenne, notamment El Pais qui y décèle "un arôme d'espoir et de rénovation, et de toast porté à une Italie solidaire et ouverte, incarnée dans le visage noir et souriant de Cecile Kyenge", la ministre de l'Intégration, d'origine congolaise.

Le pari de la jeunesse
Enrico Letta est devenu l'un des plus jeunes premiers ministres de l'Union européenne.

Né a Pise (Toscane) le 20 août 1966, M. Letta est diplômé en sciences politiques et droit international à l'université de Pise. Il a passé une bonne partie de son enfance avec sa famille à Strasbourg (est de la France).

Président des jeunes démocrates-chrétiens de 1991 à 1995, il est nommé ministre des Affaires européennes en 1998 par l'ancien chef du gouvernement Massimo d'Alema, qui le désignera, une année plus tard, ministre de l'Industrie.

En 2004, il est député au Parlement européen sous l'étiquette de l'Olivier (centre gauche), puis nommé en 2006 secrétaire du Conseil des ministres par l'ancien président du Conseil, Romano Prodi.

Ironie du sort, il remplace alors à ce poste son oncle, Gianni Letta, homme de confiance et conseiller tout puissant de Silvio Berlusconi, qui vient alors d'être chassé du pouvoir.

Enrico Letta est l'auteur de plusieurs livres, dont "Bâtir une cathédrale, pourquoi l'Italie doit se remettre à penser en grand".

Conservateur sur le plan des moeurs, très prudent sur des réformes comme celles concernant l'avortement, Enrico Letta est un catholique modéré.

Sur le plan économique, il prône également la modération, comme la libéralisation des services. Comme son parti, il a soutenu sans réserve le gouvernement de techniciens de Mario Monti, qui a imposé à l'Italie une cure d'austérité.

En 2007, il ne parvient pas à prendre la direction du Parti démocrate, mais en devient le vice-secrétaire en 2009. Il est aujourd'hui de facto en première ligne depuis la démission annoncée du secrétaire général du PD Pier Luigi Bersani, qui n'a pas réussi à resserrer les rangs de son parti lors de l'élection présidentielle.

Même s'il n'a jamais ménagé ses critiques contre le Cavaliere lorsque celui-ci était au pouvoir, sa parenté avec Gianni Letta pourrait être une passerelle entre l'état-major du PD et celui du Peuple de la liberté (PDL). Ces deux formations, condamnées désormais à s'entendre, se sont insultées pendant des années, tant la personnalité de Berlusconi déclenchait les passions.

Se définissant comme "post-idéologique", Enrico Letta déclarait dans une interview en 2007: "Ma génération n'a pas vécu à travers certaines illusions, ce qui lui permet d'éviter la période des désillusions". Ses héros: le syndicaliste polonais anticommuniste Lech Walesa et l'icône anti-apartheid Nelson Mandela.

Il assure que son premier discours public a été la dénonciation de l'invasion soviétique en Afghanistan pendant une manifestation alors qu'il était encore étudiant.

Marié deux fois et père de trois enfants, ce fan de Dire Straits qui habite dans le quartier à la mode du Testaccio à Rome, a récemment confié qu'il aurait voulu être comme Dylan Dog, le célèbre héros de bandes dessinées italiennes: "intelligent et courtisé par les femmes".
 

 

Commentaires 5
à écrit le 29/04/2013 à 15:55
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Le retour dans le gouvernement de l italie BERLUSCONI va pouvoir etre tranquille car il n est plus ministre mais il est sauvé aussi je pense que peut etre les gens auront compris que l on ne pouvait pas disparaitre comme cela et je pense qu il sera ...

à écrit le 28/04/2013 à 20:32
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Peux être Mr Freeman-Rennes a en partie raison mais avant de critiquer autrui il est bon de voir devant sa propre porte........

le 21/11/2013 à 19:04
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Précision , j'inclue la France dans les pays du sud .

à écrit le 28/04/2013 à 19:33
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Oh putaing ; les copains nous paierons encore des impôts qu'ils se seront déjà chopes au col bac.

à écrit le 28/04/2013 à 16:17
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Les pays du sud ont vraiment une economie pourrie ,mafia corruption, le soleil et l'economie ne font pas bon menage, les dirigents de ces pays (anciens et actuels) sont reponsable de cette situation.

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