"Dès que je suis sorti de l'avion, j'ai aimé l'énergie qui se dégageait de l'Inde. Ici, tout est neuf, tout est à faire", confie Alexandre Souter. Pourtant, ce Franco-Ecossais de 32 ans avait alors déjà trainé ses guêtres sur plusieurs continents. Bac S en poche, il traverse la Manche pour faire ses études en Ecosse.
Il souhaite alors travailler dans une ONG, et il passe ses étés à faire des stages à l'Aga Khan Development Network, l'une des plus importantes fondations au monde. Diplômé de deux Masters en Lettres à 24 ans, il est embauché quelques semaines plus tard par l'OMS pour une mission d'un an en Egypte, en tant que chercheur.
De l'OMS à l'entreprenariat en passant par un cabinet de conseil
Mais il prend ensuite un virage radical en rejoignant les rangs de la filiale londonienne de CEB, un cabinet de conseil américain. "C'était la meilleure façon pour booster ma carrière mais je comptais revenir vers le monde des ONG...", explique-t-il.
Gravissant peu à peu les échelons, sa carte de visite affiche "directeur-associé" quand il part à New Delhi pour une mission de six mois. "Après, je devais aller à Washington". Il n'en sera rien. En 2012, nouveau coup de volant : il démissionne, pose ses valise au pays de Gandhi et lance Bootsrapp avec un collègue indien de CEB. Dans le langage start-up, cela signifie "faire le maximum avec un budget limité. Il nous arrive souvent de dire : "je "bootstrapp" en ce moment.""
Et Bootstrapp est une société de recommerce qui rachète tablettes, smartphones et jeux vidéo d'occasions, puis les répare avant de les revendre à des particuliers ou en gros à des détaillants spécialisés. Un marché occupé en France par un groupe comme Micromania. Mais en Inde, la voie est libre. Et porteuse selon lui. "Les prix de ces produits sont les mêmes qu'en France. Sauf qu'ici, les salaires ne suivent pas. Ce marché de seconde main a donc un vrai potentiel."
Les débuts prometteurs de Bootstrapp
Après quelques mois passés dans un des plus grands incubateurs du pays (GSF India), Bootstrapp emploie aujourd'hui une dizaine de salariés. Plusieurs grands groupes indiens sont déjà montés au capital et un deuxième tour de table serait bientôt prévu.
Des débuts prometteurs dans un pays où diriger une start-up est considérée comme une quasi-voie de garage. La raison ? "C'est vu comme risqué, précaire, mal payé…mais les choses sont en train de changer", jure-t-il. Si ce n'est pas encore la Silicon Valley, SlideShare (racheté par LinkedIn), Naukri, Flipkart (l'équivalent indien de Monster et Amazon) sont passés par là. De quoi dorer le blason des start-up.
Ses envies d'ONG sont loin aujourd'hui. Mais pas de regrets. "Diriger une start-up est l'activité la plus excitante que j'ai connu", affirme Alexandre Souter. Et son avenir, sur quel continent le voit-il ce Franco-Ecossais installé en Inde ? "J'ai quitté la France en 1999, c'est à dire le siècle dernier", s'amuse-t-il avant d'ajouter qu'il se voit bien y rentrer un jour. Mais difficile pour lui de se projeter. "Quand vous avez une start-up, vous pensez au long terme. Mais vous ne voyez que le court terme."
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