Ce que les responsables politiques et syndicaux pensent de la réforme des retraites

Des critiques virulentes de l'opposition à la défense argumentée des membres de la majorité présidentielle, découvrez ce que les politiques disent de l'avant-projet de loi de réforme des retraites présentée ce mercredi matin.

MAJORITE PRESIDENTIELLE

Eric Woerth, ministre du Travail (présentant la réforme au cours d'une conférence de presse)

"Le gouvernement a choisi de regarder la réalité en face (...) C'est une véritable obligation morale et je pèse mes mots (...) On en peut pas faire croire que le problème peut se régler d'abord par de recettes nouvelles comme si la France était un gigantesque réservoir d'impôt (...) Notre objectif est l'équilibre."

Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP (sur France info)

"C'est une grande réforme. Il y a de la justice dans cette réforme, il y a de l'équité. (...) Nous avons le courage de reconnaitre la réalité. (...) On a jamais été aussi loin dans cette convergence entre le public et le privé. La question des recettes n'est pas le levier principal mais permet de demander des efforts à chacun."

Alain Juppé, ancien Premier ministre, artisan de la réforme des retraites avortée en 1995 (sur France info)

"Je voudrais saluer le travail qu'a fait (le ministre du Travail) Eric Woerth." Cette réforme "est très ambitieuse et très complète. Elle traite aussi la question de l'embauche des seniors. Il y a des propositions intéressantes, notamment le développement du tutorat. Elle demande des efforts significatifs à ceux qui ont les moyens de le faire." Au sujet des risques de manifestations massives de mécontentement des Français :  "Nous ne sommes plus en 1995, les esprits ont évolué (...) Les Francais, qui ont beaucoup de bon sens, se rendent compte que la réforme est incontournable."

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP (dans un communiqué)

"Cette réforme est forte, réaliste et juste. Elle permet de sauver le système de retraite et d'être à l'équilibre en 2018 sans qu'aucune recette ne soit surévaluée. (...) La pénibilité et le travail très jeune sont protégés dans la réforme (...) les hauts revenus et le capital participent à l'effort et (...) la convergence entre le privé et le public est poursuivie."

OPPOSITION

Martine Aubry, première secrétaire du PS

"C'est une réforme irresponsable --et je pèse mes mots-- dans la situation actuelle. (?) Le report de l'âge de départ à 62 ans est une mesure idéologique qui ne règle pas les problèmes du financement des retraites. Je le dis avec solennité, le PS, aux côtés des organisations syndicales, va combattre le projet et proposer sa réforme. (?) Le gouvernement s'apprête à piller le fonds de réserve des retraites qui était pour les jeunes de demain. (?) On dit courage, je ne vois que de l'injustice. Ce n'est pas une réforme, c'est masquer la réalité jusqu'à l'élection. »

François Hollande, ex-premier secrétaire du PS, député de Corrèze (sur Canal Plus)

"C'est la réforme la plus injuste qui a été arbitrée par le président de la république. (...) Elle va pénaliser ceux qui sont entrés tôt dans la vie active, qui pouvaient partir à 60 ans, qui avaient tous leurs droits (...) et qui devront travailler non plus 41 années mais 42 ans, 43 ans voire 44 ans (...) Ce qu'a choisi Nicolas Sarkozy c'est de faire payer les pauvres, faire payer ceux qui ont travaillé tôt. (...) Quand on sait que 40% des seniors sont au travail, ce qui veut dire que 60% sont soit au chômage, soit en attente de leur retraite , cela veut dire qu'ils vont attendre un an ou deux ans de plus".

"(Si le PS revient au pouvoir), si on revient sur les 62 ans, il faut avoir une mesure compensatoire. Si on n'a plus la recette attendue par le relèvement de l'age légal, il faut la trouver ailleurs. Il faudra donc soit cotiser plus, prélever plus, soit allonger la durée de cotisation".

Jean-Luc Melenchon, président du Parti de Gauche (sur France info)

"C'est la fin d'un monde, c'est la fin d'une manière de vivre et c'est la fin des jours heureux. (...) C'est une très mauvaise plaisanterie quand on comparera ce qui va être pris aux hauts revenus à ce qui est pris aux petites gens. Les fonctionnaires vont perdre jusqu'à trois points de salaire."

Michel Sapin, secrétaire national du PS chargé de l'Economie (sur LCI)

"Ce n'est pas forcément au moment de l'annonce de la réforme que la mobilisation est la plus forte, elle est parfois un peu plus tard et plus efficace".

Marie-George Buffet, secrétaire national du PCF (sur France 2)

"C'est une parodie de négociation. Si le gouvernement veut bien entendre, nous avons des propositions alternatives. (...) Il faut faire rentrer de l'argent pour que l'argent inutile dans les dividendes des actionnaires devienne de l'argent utile au service de la population".

Robert Rochefort, député européen Modem (sur France Info)

"Le gouvernement a malheureusement fait le choix d'une réforme dure, rapide et qui comporte ainsi certains éléments d'injustice, en particulier le déplacement de l'âge sans décote de 65 à 67 ans."

Marisol Touraine, député et secrétaire nationale du PS à la protection sociale

S'adressant au ministre du Travail Eric Woerth : "Concrètement, vous faites une politique de shadocks, vous creusez, vous pompez dans les réserves jusqu'en 2018. En 2018, le déficit aura progressivement disparu" mais "après, c'est la grande interrogation", a-t-elle affirmé.

DU COTE DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES

Jean-François Roubaud, président de la CGPME (sur France info)

"Cette réforme me paraît assez équilibrée (...) Les mesures qui ont été prises sont relativement raisonnables je crois. J'applaudis des deux mains quand on veut baisser les cotisations patronales." Sur l'alignement public-privé, "cela me paraît très important." "On peut pas dire (que les syndicats n'ont pas été entendus) puisque les syndicats ne voulaient pas de modifications, donc ils ne peuvent pas être entendus".

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO (interrogé par l'AFP)

"Ce projet est d'abord injuste socialement. (...) Le titre de la note de synthèse du ministère du Travail est d'ailleurs significatif puisqu'il est question de répartir équitablement l'effort entre les salariés. Ca veut bien dire que ce sont les salariés qui paient l'essentiel."

Danièle Karniewicz, présidente CFE-CGC de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (Cnav) (à Reuters)

"C'est une étape indispensable pour préserver le système, il fallait le faire, mais le compte n'est pas bon en ce qui concerne le financement." "Grosso modo, il nous faut à l'horizon 2020 à peu près 45 milliards d'euros par an et, là, le ministre met sur la table 29 milliards d'euros. Donc il en manque pour équilibrer les comptes annuels des régimes, indépendamment des déficits accumulés."
"Il manque des ressources supplémentaires et on ne pourra pas éviter un débat sur un élargissement de l'assiette pour les retraites. Si ce n'est pas maintenant ce sera en 2012 (à la faveur de l'élection présidentielle).
"En matière d'égalité de traitement de tous les Français devant la retraite, le compte n'est pas bon non plus parce qu'il n'y a pas de visibilité pour les salariés du privé et il n'y a pas de niveau garanti affiché (des pensions)."
"Il faudrait afficher un bouclier retraite, un seuil en-dessous duquel on ne puisse pas descendre. Et à partir de ce moment-là on pourra parler d'égalité entre les Français."
Danièle Karniewicz compte demander la mise en place d'un tel "bouclier-retraite" pour les salariés du privé lors des ultimes consultations des partenaires sociaux, ainsi que la prise en compte des études et des périodes de stage.

François Chérèque secrétaire général de la CFDT (Le Figaro)

"C'est une réforme injuste à court terme, quasiment une provocation. (...) Un mauvais coup pour toutes les générations et ce sont les jeunes qui vont payer la note. (...) C'est une sorte de double peine en matière de pouvoir d'achat pour les fonctionnaires. (...) Quant au relèvement de 1% de la tranche supérieure d'imposition sur le revenu, "c'est ridicule et les gens vont s'en rendre compte". "Je m'attendais à un peu plus de sérieux du gouvernement".

Le Medef (communiqué)

"Le Medef estime qu'un pas important a été franchi par la décision de relèvement des bornes d'âge de départ à la retraite. Cette orientation peut permettre de sauver le système de retraite par répartition.

 

Pour Laurence Parisot, présidente du Medef, "l'allongement de l'espérance de vie, l'entrée plus tardive dans la vie active et l'arrivée à l'âge de la retraite des baby-boomers exigent d'augmenter la durée d'activité pour financer notre système de retraite. En fixant le départ à la retraite à 62 ans en 2018 pour tous, le projet du gouvernement réintroduit de l'équité à la fois entre les générations et à l'intérieur de chaque génération".

 

Le Medef considère que le rythme de relèvement choisi va dans le sens d'une solution durable. Toutefois, le Medef souligne qu'un certain nombre de mesures accompagnant la réforme de la durée d'activité pourraient porter atteinte à la compétitivité des entreprises et par conséquent à l'emploi.

 

1) L'annualisation des allègements de charges serait une mesure très dommageable pour toutes les entreprises de main-d'?uvre. Elle pénaliserait injustement toutes celles qui ont fait l'effort depuis longtemps d'offrir un treizième mois à leurs salariés.

 

2) L'augmentation des taxes pesant sur l'épargne risque de dissuader les épargnants français d'investir à long terme dans les entreprises, et ce au moment où nos PME, PMI et ETI ont besoin de renforcer leurs fonds propres. Il conviendrait au contraire d'inciter au développement de l'épargne retraite.

 

3) Il est pour le moment difficile d'évaluer l'impact des mécanismes envisagés pour la prise en compte des situations de pénibilité. On peut d'ores et déjà regretter que ceux-ci soient pris en charge financièrement par la branche AT-MP (accidents du travail), et non par la branche vieillesse, alors qu'ils ouvriraient un droit spécifique à la retraite (à l'instar des carrières longues).

 

4) Enfin, le redéploiement envisagé des cotisations de chômage vers l'assurance vieillesse est un pari incertain, compte tenu des aléas de la conjoncture économique.

 

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