Nouvelles accusations explosives de l'ex-comptable des Bettencourt

L'ex-comptable d'André et Liliane Bettencourt a affirmé au site d'information Mediapart que le couple de milliardaires a régulièrement financé des personnalités de la droite française ; 150.000 euros auraient ainsi été versés en liquide pour la compagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. L'Élysée vient de démentir.

L'ex-comptable de Liliane et André Bettencourt (ce dernier est décédé en 2007) a affirmé au site d'informations Mediapart que le couple de milliardaires avait régulièrement financé, via des enveloppes contenant des espèces, des personnalités de la droite française, dont Nicolas Sarkozy.

Ces nouvelles accusations surviennent alors que le procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine) envisage une enquête sur la fraude fiscale présumée de Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal et femme la plus riche de France, ainsi que sur le couple (photo) formé par Eric Woerth, actuellement ministre du Travail, et sa femme Florence, qui travaillait depuis 2007 pour la société gérant la fortune personnelle de Liliane Bettencourt, Clymène. Le procureur Philippe Courroye entend toutefois mener d'abord à bien une première enquête, portant sur des enregistrements clandestins de Liliane Bettencourt, réalisés par son majordome, en 2009.

L'ex-comptable, qui a travaillé pendant 12 ans au service de l'héritière de L'Oréal avant de quitter son poste en novembre 2008, a été entendue lundi au siège de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDP) dans le cadre de l'enquête préliminaire sur des enregistrements clandestins effectués par le majordome de Liliane Bettencourt. Les enquêteurs l'ont à nouveau interrogée dans la soirée à son domicile.

Des accusations stupéfiantes relayées par le site d'informations Mediapart

Claire T., telle que la nomme Mediapart, évoque après du site Internet d'informations un épisode remontant à mars 2007, mettant en scène Eric Woerth. Celui-ci, alors trésorier de l'UMP, se serait vu remettre, via le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, une somme de 150.000 euros destinée à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

"Claire T." raconte ainsi à Mediapart : "Je disposais de ce qu'on appelle un "accréditif" à la BNP. [...] Cette autorisation me permettait de retirer en liquide 50.000 euros par semaine. [...] Une partie servait à payer des médecins, des coiffeurs, du petit personnel, etc. Et une autre, c'était pour les politiques.  [...] Dédé [André Bettencourt], et il ne s'en cachait pas, a toujours financé la droite. C'était un vrai défilé d'hommes politiques dans la maison, ils venaient surtout au moment des élections. Dédé «arrosait» large. Chacun venait toucher son enveloppe Certaines atteignaient même parfois 100.000, voire 200.000 euros."

Quand en mars 2007, Patrick de Maistre a demandé à "Claire T." d'aller chercher 150.000 euros pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy, elle refuse, en expliquant que son accréditif ne lui permettrait pas. "[Mon interlocutrice à la BNP de la Place Vendôme] m'a dit que je devais refuser, qu'il ne fallait pas que je dépasse mon accréditif, sinon cela risquait d'alerter Tracfin [le service anti-blanchiment de Bercy, Ndlr].", explique Claire T. à Mediapart.

"Comme les 50.000 euros ne suffisaient pas, [Patrick de] Maistre s'est rendu ? ou a envoyé quelqu'un, je ne sais pas ? en Suisse, pour prélever en urgence le complément, à savoir 100.000 euros. [...] De toute façon, il allait toutes les semaines en Suisse... Ensuite, Maistre m'a dit qu'il allait très vite dîner avec Eric Woerth afin de lui remettre, «discrètement» comme il m'a dit, les 150.000 euros. Et le dîner a bien eu lieu très rapidement..."

"Maistre était très fier de côtoyer Sarkozy ", explique également Claire T. à Mediapart.  Maire de Neuilly-sur-Seine entre 1983 et 2002, Nicolas Sarkozy était souvent l'hôte des Bettencourt. "Il venait déjeuner ou dîner avec Cécilia", se souvient l'ex-comptable. "Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe, ça se passait dans l'un des petits salons situés au rez-de-chaussée, près de la salle à manger. [..] Tout le monde savait dans la maison que Sarkozy aussi allait voir les Bettencourt pour récupérer de l'argent. C'était un habitué. Le jour où il venait, lui comme les autres d'ailleurs, on me demandait juste avant le repas d'apporter une enveloppe kraft demi-format, avec laquelle il repartait. Je ne suis pas stupide quand même, inutile de me faire un dessin pour comprendre ce qu'il se passait... ".

Démentis formels des intéressés

L'Elysée a nié ce mardi les affirmations de l'ex-comptable des Bettencourt au sujet des 150.000 euros reçus en liquide. "C'est totalement faux", a déclaré un porte-parole de l'Elysée, tout en renvoyant la balle à Eric Woerth, trésorier de l'UMP. "Cela semble infondé mais il faut voir avec le trésorier de la campagne", a-t-il dit.

Eric Woerth conteste évidemment ce mardi ces accusations et affirme que l'UMP s'est financée légalement, se disant "outré" par les soupçons à son encontre. "Ca fait huit ans que je suis trésorier de mon parti, je pense qu'on a vraiment rien à me reprocher, tout est clair, tout est propre, tout est net", a-t-il affirmé ce mardi. "Je n'ai jamais touché sur le plan politique le moindre euro qui ne soit pas légal", a-t-il ajouté. "Cette affaire est une affaire politique, ça commence maintenant à suffire", a-t-il dit, ajoutant: "Moi, ça me bouleverse, c'est inacceptable".

Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, s'est également exprimé ce mardi et "conteste formellement" les déclarations de l'ex-comptable qui le présentent comme un intermédiaire entre les Bettencourt et des politiques financés par le couple, selon son avocat, Me Pascal Wilhelm. Me Wilhelm a précisé que son client "se [réservait] d'engager les poursuites qui se révèleront utiles".

De nombreuses personnalités politiques de gauche et de droite se sont exprimées sur ce dossier et l'intervention du président Nicolas Sarkozy était évoquée mardi matin par plusieurs sources UMP.

Dernièrement, le tribunal de Nanterre a renvoyé sine die le procès de François-Marie Banier, soupçonné d'abus de faiblesse sur la milliardaire Liliane Bettencourt, tout en estimant nécessaire un supplément d'information sur des enregistrements clandestins versés au dossier par la fille de la milliardaire.

 

 

 

 

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