Affaire Bettencourt : Woerth n'envisage pas de démissionner

Accusé d'avoir reçu de la part de Liliane Bettencourt la somme de 150.000 euros - en liquide - pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, le ministre du Travail Eric Woerth a exclu ce mardi de démissionner. Les réactions politiques sont nombreuses, et l'intervention de Nicolas Sarkozy évoquée.

Les révélations de l'ex-comptable d'André et Liliane Bettencourt secouent le paysage politique et médiatique français ce mardi. Cette ancienne salariée de l'héritière L'Oréal, qui a été entendue lundi par la Brigade de répression de la délinquance économique, a en effet affirmé au site d'informations Mediapart que le couple de milliardaires avait régulièrement financé des personnalités de la droite française : 150.000 euros auraient ainsi été versés en 2007 - en liquide - au trésorier de l'UMP, l'actuel ministre du Travail Eric Woerth, pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

L'Elysée a démenti ces affirmations ce mardi. De même qu'Eric Woerth: "Cela fait huit ans que je suis trésorier de mon parti, je pense qu'on a vraiment rien à me reprocher, tout est clair, tout est propre, tout est net", a-t-il affirmé ce mardi. Le ministre a également affirmé dans les couloirs de l'Assemblée nationale ce mardi, qu'il n'était "pas question" pour lui de "démissionner pour donner raison à ceux qui [l']attaquent" dans cette affaire.

Par ailleurs, le président Sarkozy réfléchit désormais "à une intervention", selon plusieurs membres de l'UMP. "On est en train de frôler une crise de régime", a estimé l'une de ces sources.

Ce mardi, le chef de l'Etat a évoqué à mots couverts les accusations lancées contre son ministre du Travail, dénonçant la "calomnie qui n'a qu'un seul but, salir sans aucune espèce de réalité".

Ce matin, Jean-François Copé, chef de file des députés UMP, a estimé sur France 2 qu'il était désormais nécessaire que Nicolas Sarkozy "parle aux Français" afin que "les choses soient remises en perspective" dans cette affaire. Lors de son point presse hebdomadaire, parès la réunion du groupe UMP, il a également réaffirmé son soutien au ministre du Travail, lui recommandant de "tenir à son poste". "On ne doit pas accepter d'être l'objet d'une telle campagne alors même que les faits allégués ne sont ni prouvés, ni démontrés", a-t-il ajouté. Il a suggéré d'attendre "les résultats" de l'enquête de l'Inspection des Finances annoncée la semaine dernière par le ministre du Budget, François Baroin. "Le parquet a décidé lui-même d'ouvrir une information. Laissons les uns et les autres travailler", a-t-il dit.

Eric Woerth, est "un homme exemplaire qui subit des attaques injustes", a affirmé de son côté le ministre chargé de l'Industrie Christian Estrosi, estimant qu'"il tiendra", dans une interview au "Parisien" parue mardi. La "rumeur" d'un remplacement d'Eric Woerth avec des noms qui circulent "est totalement infondée". "Car si demain Eric Woerth devait partir, cela déséquilibrerait toute l'architecture qui permet aujourd'hui d'avancer sur la réforme des retraites", a-t-il ajouté.

Cette affaire, dans laquelle est empêtré le ministre du Travail, "est en train de prendre de l'ampleur" et de "créer une crise politique à la tête du gouvernement", a déclaré le chef de file des députés PS Jean-Marc Ayrault, sur LCI. Que Nicolas Sarkozy intervienne serait désormais "la moindre des choses", a-t-il dit. Il a par ailleurs dénoncé ce mardi le refus, de la part de l'exécutif et de l'UMP, de la création d'une commission d'enquête sur l'affaire Bettencourt-Woerth avant le 14 juillet et le renvoi de la décision au mois de septembre.

Pour François Hollande (PS), si les affirmations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt étaient démontrées, "ce serait exceptionnellement grave" car les "règles de financement de la vie politique" n'auraient "pas été respectées durant la campagne 2007".

Quant au ministre du Budget, François Baroin, il a estimé ce mardi, sur RTL,que l'affaire Bettencourt était comme une "marguerite à laquelle on veut retirer des pétales jour après jour, sans preuve particulière".

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