L'ex-comptable des Bettencourt précise ses accusations

"Il y a beaucoup de personnes politiques qui ont reçu de l'argent", a indiqué Claire Thibout au cours du nouvel interrogatoire mené par la police. Elle est partiellement revenue sur les affirmations publiées par le site Mediapart. L'Inspection générale des finances (IGF) a reporté à lundi la remise de son rapport sur le dossier fiscal de Liliane Bettencourt, prévue initialement pour ce vendredi.

Saisie le 1er juillet par le ministre du Budget, François Baroin, sur le dossier fiscal de Liliane Bettencourt, l'Inspection générale des finances (IGF) a annoncé dans un communiqué qu'elle "aura finalisé" son rapport "lundi 12 juillet au plus tard". Initialement, ce rapport devait être remis ce vendredi.

Dans le même temps, l'ex-comptable des Bettencourt, Claire Thibout, de nouveau interrogée par la police, a maintenu ses accusations. Si elle a dédouané Nicolas Sarkozy, démentant avoir tenu les propos que lui accordés Mediapart, elle a confirmé que de nombreuses enveloppes remplies d'espèces ont été distribuées. "M. et Mme Bettencourt étaient des personnes généreuses, et il y a eu beaucoup de personnes politiques qui ont reçu de l'argent", a-t-elle expliqué au cours d'un nouvel interrogatoire mené par Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

"M. Bettencourt me disait: "j'ai besoin de telle somme", généralement 50 à 100.000 euros. Après avoir retiré cette somme à la banque, lorsque celle-ci n'était pas disponible dans ma caisse, je la remettais à M. Bettencourt après avoir fait des liasses de 10.000 euros", peut-on lire dans le compte-rendu de cette audition publié par le site Internet du Monde. "M. Bettencourt me disait qu'il avait besoin de cette somme le jour même, en fonction de ses invitations ou de ses rendez-vous".

Personnalités invitées chez les Bettencourt

"Ces messieurs venaient pour avoir de l'argent", poursuit-elle. Nicolas Sarkozy en faisait-il partie ? "C'est possible". L'ancienne comptable affirme n'avoir jamais assisté à une remise d'enveloppe. Elle cite cependant les noms de nombreuses personnalités politiques invitées à l'hôtel particulier des Bettencourt à Neuilly-sur-Seine. "Pierre Messmer, Mme Pompidou, François Léotard, Gérard Longuet, le couple Chirac, Edouard Balladur, Bernard Kouchner, Danielle Mitterrand ou encore Renaud Donnedieu de Vabres, Nicolas Sarkozy et plus récemment Éric Woerth",énumère lemonde.fr.

"Je n'ai jamais dit que des enveloppes étaient remises régulièrement à M.Sarkozy", précise-t-elle, remettant en cause ses déclarations relayées par Mediapart. Selon le site Internet, elle aurait affirmé que le chef de l'Etat recevait des enveloppes d'argent en espèces des Bettencourt chez eux entre 1983 et 2002, à l'époque où il était maire de Neuilly. "L'article de Mediapart me fait dire que j'aurais déclaré quelque chose concernant la campagne électorale de Mr Balladur. C'est totalement faux. C'est de la romance de Mediapart", ajoute-t-elle.

Claire Thibout confirme par ailleurs que Patrick de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt lui a demandé de retirer 150.000 euros destinés à financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. "M. de Maistre m'avait demandé [...] d'aller lui chercher 150 000 euros à la banque [...]. Je lui ai demandé pourquoi une telle somme, il m'a répondu qu'il devait organiser un dîner avec M.Woerth pour la lui remettre. Il voulait que cela se passe par l'intermédiaire de Mme Bettencourt [...] Je lui ai dit que ce n'était pas possible surtout pour l'usage qu'il voulait en faire. Il s'est énervé".

Sur les conseils de la chargée de clientèle de la BNP, expliquant qu'un retrait de 150.000 euros pourrait attirer l'attention de Tracfin, la cellule anti-blanchissement de Bercy, l'ancienne comptable affirme avoir retirer 50.000 euros. "J'ai mis dans une enveloppe la somme de 50.000 euros pour Mme Bettencourt. Il [M. de Maistre] m'a dit qu'il se débrouillerait du reste. Un peu plus tard, il a fait un commentaire, du style 'des fois ça sert d'avoir des comptes en Suisse'. C'était lui qui gérait les comptes de Mme Bettencourt à l'étranger..."

Cet épisode ne serait pas passé le 26 mars 2007, comme elle l'avait affirmé lors de ses entretiens avec le site Mediapart. Les enquêteurs ont certes retrouvé trace d'un retrait de 50.000 euros à cette date. Mais cette somme n'aurait pas été remise en espèces à Patrice de Maistre, selon Libération qui cite les carnets de caisse de l'ancienne comptable. Lors de sa première audition par les policiers, Claire Thibout avait évoqué une date approximative "mars-avril 2007".

Confrontée ce jeudi à Patrick de Maistre Claire Thibout a maintenu ses affirmations, contestées par le gestionnaire. Celui-ci a expliqué "ne rien savoir de l'existence supposée de cette remise de 150.000 euros", selon des extraits de son audition publiés par le Monde.

Bataille judiciaire

Mis en cause par Claire Thibout, Eric Woerth a annoncé mercredi soir qu'il allait déposer plainte contre X pour dénonciation calomnieuse après les accusations de financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Le ministre "dénonce les accusations mensongères dont il a fait l'objet, en particulier concernant la réception de fond en espèces au fin de financement illégal d'activité politique".

Dans le même temps, Florence Woerth, l'épouse du ministre du Travail, a demandé au parquet de Nanterre à être entendue dans les meilleurs délais. Selon son avocat Me Antoine Beauquier, elle a écrit au procureur de Nanterre, Philippe Courroye, "afin de lui décrire les conditions de son embauche et les fonctions qu'elle a exercées". Florence Woerth souhaite être entendue pour "pouvoir contester, point par point, les allégations diffamatoires dont elle a été victime", est-il expliqué dans un communiqué publié ce jeudi.

Florence Woerth a démissionné fin juin de la société Clymène, gérant de fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, en raison des pressions de l'opposition dénoncant un conflit d'intérêt entre ses fonctions et celle de son époux.

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