Ces petites villes qui font miroiter l'utopie des transports gratuits

La ville de Libourne sera ce samedi la treizième commune de France à permettre à ses habitants de voyager gratuitement sur l'ensemble de son réseau de bus. Un modèle qui, de prime abord, paraît séduisant mais que les experts jugent dangereux et, en aucun cas, transposable dans les grandes agglomérations.

Après Aubagne ou Châteauroux, la commune girondine de Libourne (24.000 habitants) a décidé de ne plus faire payer ni ticket, ni abonnement à ses habitants qui utilisent ses bus pour se déplacer. La mesure entre en vigueur ce samedi.

La gratuité des transports publics était un des engagements majeurs de la campagne 2008 de son maire socialiste, Gilbert Mitterrand (le fils de l'ex-président). Cette décision coûteuse (entre 170.000 et 200.000 euros) ne devrait pas se traduire par une augmentation ultérieure des impôts locaux.

La municipalité compte, en effet, utiliser la taxe transport payée par les entreprises de plus de neuf salariés jusqu'alors consacrée à la rénovation des voiries.

En favorisant l'accès de ses transports en commun au plus grand nombre, Gilbert Mitterrand souhaite augmenter leur fréquentation et ainsi contribuer à réduire la part modale de l'automobile.

"Grâce à ce dispositif, on pense passer dès la première année de 350.000 à au moins 400.000 voyages", explique Michel Lalanne-Dasque, directeur de la Société des transports libournais.

Un choix politique pour une ville aux finances bien chanceuses

Ces offres de transport gratuit restent néanmoins marginales et circonscrites à quelques petites villes aux situations bien particulières. La ville de Libourne, par exemple, profite de recettes fiscales tirées des entreprises bien supérieures à la moyenne.

"La taxe transport reversée à Libourne par ses entreprises lui rapporte 65% de plus que la moyenne observée pour les villes moins de 50.000 habitants" explique un expert du secteur qui ajoute que "moins de 5% des agglomérations ont opté pour cette solution".

En réalité, cette mesure est inapplicable dans les grandes villes. En général, elles font payer aux usagers 20% des coûts d'investissement et d'exploitation de leur réseau de transports collectifs, le solde étant assumé pour moitié par la taxe transport et par les contribuables locaux. Et compte tenu de la baisse des recettes fiscales, elles sont plutôt tentées aujourd'hui d'augmenter le prix de leurs billets et autres abonnements.

"La gratuité se révèle le plus souvent être un cadeau très politique fait aux habitant sous couvert d'augmentation de la fréquentation des transports publics. Le risque, c'est qu'en se privant des recettes provenant des usagers, elle ne puisse plus développer leur réseau et assurer, sur le long terme, un service de qualité" conclut l'expert.

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