Retraites : la réforme "du courage et de la raison", selon le gouvernement

Alors que les syndicats estiment avoir réussi leur pari de rassembler plus de 2 millions de personnes pour protester contre la réforme des retraites, l'examen du projet de loi a démarré à l'Assemblée nationale ce mardi.

L'Assemblée nationale a engagé ce mardi l'examen en séance publique du projet de loi qui prévoit le report de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite en 2018 et le relèvement de 65 à 67 ans de l'âge permettant d'obtenir une retraite à taux plein, quel que soit le nombre de trimestres cotisés.

Le ministre du Travail, Eric Woerth, a présenté le projet devant les députés : "cette réforme, c'est celle du courage et de la raison. C'est le rendez-vous des Français avec leur avenir", a-t-il déclaré, alors que les manifestations battaient leur plein dans l'Hexagone.

Mais le ministre reste fragilisé par les soupçons de trafic d'influence pour des liens avec le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt. Il a eçu, dans la matinée, le soutien de Nicolas Sarkozy et du Premier ministre, François Fillon.

Lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée, ce dernier est revenu sur le report de l'âge légal du départ à la retraite. "En proposant 62 ans, le gouvernement a fait un choix raisonnable et en même temps un choix qui est incontournable pour assurer le financement des retraites des Français", a-t-il dit."Ceux qui ont choisi aujourd'hui de manifester doivent être respectés", a-t-il ajouté. "Le gouvernement entend leurs inquiétudes [...] et il est ouvert au débat pour peu que l'on ne perde pas de vue l'objectif de la réforme."

Projet socialiste ?

Les élus communistes ont provoqué une brève interruption de séance en remettant au ministre lors des questions au gouvernement des pétitions regroupant "plus de 100.000" signatures contre la réforme recueillies durant l'été par les militants du Parti communiste.

Le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, a pour sa part demandé au gouvernement "de changer profondément" son projet "injuste". "Il n'y a pas qu'un projet, il y en a un autre qui est celui des socialistes. Ça sera donc une bataille projet contre projet", a-t-il promis. Faux, a répondu son homologue UMP, Jean-François Copé. "Il n'y a pas au PS de réponse alternative", a-t-il dit.

François Sauvadet, président du groupe NC (Nouveau Centre), a confirmé son soutien à cette réforme qui, a-t-il dit, est "une grande avancée" alors que le député UMP "villepiniste" François Goulard n'excluait pas une abstention si le texte n'évoluait pas.

Un débat au pas de charge

Un paquet de 574 amendements a finalement été déposé sur le projet de loi qui compte une trentaine d'articles. Le gouvernement devrait en déposer plusieurs mercredi portant sur la pénibilité et les polypensionnés pour tenter de désamorcer certaines oppositions à la réforme.

La nouvelle procédure dite du "temps législatif programmé" permettra par ailleurs au gouvernement et à sa majorité de mieux contrôler la durée des débats et d'éviter ainsi de jouer les prolongations. L'examen du projet de loi par les députés devrait ainsi durer une semaine. L'Assemblée se prononcera le 15 septembre par un vote solennel sur l'ensemble du texte que le Sénat doit examiner à son tour début octobre.

Le gouvernement ayant décidé d'appliquer la procédure d'urgence sur ce projet de loi, une fois le texte voté par le Sénat, une commission mixte paritaire Assemblée-Sénat (CMP) sera convoquée pour mettre au point un texte commun. Les deux assemblées devront ensuite entériner le texte de la CMP, l'objectif du gouvernement étant de faire adopter définitivement cette réforme par le parlement à la fin du mois d'octobre, début novembre.

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