Retraites : le succès des manifestations pousse les syndicats à reconduire la grève

La CFDT a annoncé dans un communiqué plus de 3,5 millions de manifestants mardi contre la réforme des retraites, soit 20% de plus que lors des journées précédentes. La grève a été reconduite à la RATP et était en passe, mardi soir, de l'être à la SNCF.

Les manifestations organisées mardi en France contre la réforme des retraites, pour la quatrième fois depuis la rentrée, ont rassemblé "près de 3,5 millions de personnes, soit une hausse de 20% par rapport aux journées précédentes", a annoncé la CFDT dans un communiqué. "Les 244 manifestations ont rassemblé 3,5 millions de manifestants", s'est également félicitée la CGT.

Le ministère de l'Intérieur a évalué l'affluence à 1,23 million, battant le record absolu de la manifestation "anti-crise" de mars 2009, qui avait rassemblé 3 millions de personnes selon les syndicats, et 1,2 million selon la police. Le ministère a attribué ce succès à la forte mobilisation des lycéens. La contestation lycéenne a en effet gagné du terrain, avec plus de 8% des lycées perturbés mardi matin.

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a mis en avant la participation du secteur privé. "Ce qui est spectaculaire, c'est la diversité et l'ancrage dans le privé", a-t-il estimé en milieu de journée au sujet des grèves.

A l'annonce des premiers chiffres de participation, le Premier ministre François Fillon a déclaré, devant les députés du groupe UMP à l'Assemblée nationale, que le gouvernement avait été "au bout de ce qui était possible" en termes de concessions sur la réforme avant d'ajouter : "Nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme", a-t-il répété.

Mercredi matin, sur RTL, Eric Woerth, le ministre du Travail, a également exclu de nouveaux aménagements à la réforme. "A un moment donné, il faut une décision. la question, c'est juste de savoir si on sauve notre régime par répartition", a-t-il dit.

Grèves mercredi

Par ailleurs, la poursuite de la grève mercredi a déjà été annoncée à la SNCF et à la RATP. De nombreux secteurs (transports urbains, transports maritimes, ports, énergie, secteur des télécommunications avec La Poste et France Télécom) ont déposé des préavis de grève reconductible la semaine dernière, mais n'ont pas encore fait connaître leurs intentions pour mercredi.

Les assemblées générale des cheminots qui se sont tenues mardi ont toutes reconduit la grève à la SNCF et le vote se poursuivait encore mercredi matin. Si les arrêts de travail étaient reconduits jusqu'à la fin de la semaine, le mouvement pourrait bien se poursuivre lors du week-end, selon certains syndicalistes. Cependant, mercredi midi, la direction annonçait 24,6% de grévistes seulement, un taux en forte baisse par rapport à mardi, où 40,4% du personnel s'était mobilisé.La CGT annonçait de son côté un peu plus de 35% de grévistes.

La SNCF prévoit ainsi mercredi des perturbations comparables à celles de mardi, avec en moyenne :
- un TGV sur trois
- un peu plus de quatre TER sur dix
- quatre Transiliens sur dix
- un Corail sur trois
- un sur trois Intercités et Téoz
- un trafic international relativement épargné, avec un service normal sur Eurostar, huit Thalys sur dix, huit trains sur dix vers l'Allemagne et neuf sur 10 vers la Suisse ; en revanche aucun train de nuit n'a circulé.

A la RATP, les assemblées générales des réseaux bus, métro et RER ont aussi largement reconduit la grève pour mercredi, a annoncé mardi la CGT de la RATP, où le mouvement était suivi à hauteur de 8% selon la direction, contre 17% la veille. Cette dernière a prévu pour mercredi un trafic meilleur que mardi avec :
- trois métros sur quatre
- un trafic du RER A, des bus et des tramways quasi normal
- un train sur quatre était annoncé pour le RER B, mais la direction a fait savoir que le traffic s'améliorait avec un train sur deux.

Par ailleurs, les terminaux pétroliers du port de Marseille (Fos-Lavera) sont entrés ce mercredi dans leur 17e jour de grève contre la réforme portuaire, empêchant les pétroliers bloqués en mer de ravitailler les raffineries. Les six raffineries de Total étaient également en arrêt.

"Comité Théodule"

Pendant ce temps, les sénateurs poursuivent l'examen du projet de loi réformant les retraites. Les articles 5 et 6, les plus polémiques, modifiant les âges de départ à la retraite, ont déjà été adoptés, et le Sénat débat désormais de l'article 1, qui instaure un Comité de pilotage des retraite, qualifié, par l'opposition de gauche, de "comité Théodule" (en référence à une citation de de Gaulle, désignant une commission dont l'objet est d'enterrer une affaire).

Les sénateurs communistes et du parti de gauche (CRC-SPG) ont demandé - sans succès - que la composition de ce comité fasse l'objet d'une loi et non, comme prévu par le projet de loi, d'un simple décret "qui laisse la possibilité à l'exécutif de nommer les membres sans transparence et sans contrôle démocratique".

 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.