Vers une nouvelle coopération militaire entre la France et le Royaume-Uni

Paris et Londres doivent annoncer ce mardi la signature de nouveaux traités en matière de défense et de sécurité.

La Grande-Bretagne et la France vont signer ce mardi à Londres de nouveaux traités de défense et de sécurité, a fait savoir ce lundi aux Communes le Premier ministre britannique, David Cameron.

Ce sera le plat de résistance du premier sommet franco-britannique depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition Tory-LibDem, sous la houlette de ce jeune conservateur, après des années de gouvernement travailliste. Les deux pays espèrent ainsi enrayer leur déclin militaire et entraîner les autres Européens dans une politique commune.

Selon le ministre britannique de la Défense Liam Fox, les accords signés à Lancaster House porteront notamment sur l'acquisition et le partage d'équipements et de technologies, la projection et l'entrainement de forces, etc.

Aucun secteur, pas même la dissuasion nucléaire, n'est exclu de cette coopération, dit-on à Paris. "Ce sommet est un point de départ", souligne la présidence française. "Nous passons de la coopération à l'interdépendance."

David Cameron s'est attaché à rassurer des Britanniques sourcilleux sur leur souveraineté : "Le partenariat, oui, mais abandonner notre souveraineté, non", a-t-il déclaré devant le Parlement.

Interdépendance, "interopérabilité", mutualisation des matériels et des hommes, économies d'échelle n'en sont pas moins autant de mots-clés mis en avant à Paris comme à Londres.

La France et le Royaume-uni, membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, seules puissances nucléaires membres de l'Union européenne, habitués des opérations extérieures, représentent à eux deux la moitié des budgets de défense et les deux-tiers des dépenses de recherche et développement militaires des Vingt-Sept.

Mais des deux côtés de la Manche, l'heure est aux économies, aux révisions déchirantes et au pragmatisme.

Contrainte budgétaire

David Cameron a annoncé le 19 octobre une réduction de huit pour cent en quatre ans du budget de la défense britannique. Le Royaume-Uni va repousser le renouvellement de son programme de dissuasion nucléaire "Trident", réduire les effectifs de ses armées, retarder des programmes comme la construction de sous-marins, etc.

La France est également engagée dans un important programme d'économies, dont la suppression de 54.000 postes.

"La contrainte budgétaire qui pèse au Royaume-uni et en France est une puissante incitation à coopérer davantage", souligne un conseiller de Nicolas Sarkozy. "Mais nous avons bien d'autres raisons de coopérer", s'empresse-t-il d'ajouter.

Le peu d'empressement des autres Européens à prendre leur part d'une Europe de la défense en est une - "nous sommes les deux poids lourds de la défense en Europe. Si nous arrivons à nous entendre, l'Europe progresse", souligne ce conseiller.

Les deux pays veulent rapprocher leurs industries de défense pour les rendre plus compétitives, renforcer leur coopération dans la recherche, la "cyber-défense" et la lutte contre le terrorisme, confier le soutien de leur futur flotte d'avions de transport militaire A400M à Airbus, etc.

"On peut regretter le choix de Lufthansa fait par l'Allemagne", déplore au passage un diplomate français. "Si tous les pays qui achètent en Europe l'A400M s'étaient unis, on aurait fait des gains encore plus importants."

Coopération aéro-navale

Les états-majors des deux pays devront prévoir le déploiement en commun de forces dans différents cas de figure.

Paris et Londres ont abandonné l'idée de construire ensemble un porte-avions, entreprise compliquée et coûteuse compte tenu de choix jusqu'ici divergents - en faveur de navires à catapulte pour la France et de l'avion à décollage vertical "Harrier", qui ne demande pas d'équipement si sophistiqué, pour Londres.

Le Royaume-Uni envisage cependant de se doter dans les années à venir d'un porte-avions à catapulte - ce que devrait faciliter l'abandon des "Harrier" vers 2020.

De même que des avions britanniques pourront embarquer sur le "Charles de Gaulle", des appareils français pourront alors apponter sur le bâtiment de la Royal Navy, précisait le ministre français de la Défense la semaine passée dans La Tribune.

En attendant, "une frégate britannique pourrait parfaitement participer à la protection du Charles de Gaulle", ajoutait Hervé Morin, qui a également évoqué le lancement d'un programme commun de drones du futur et une mutualisation des avions ravitailleurs.

Le retour désormais total de la France dans le commandement intégré de l'Otan a facilité ce rapprochement avec un Royaume-Uni qui reste malgré tout l'allié privilégié des Etats-Unis.

Nicolas Sarkozy et David Cameron prépareront ainsi "avec une approche conjointe franco-britannique" le sommet de l'Otan des 19 et 20 novembre à Lisbonne, promet la présidence française.

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