La réforme des études de médecine se met en place... petit à petit

La réforme des études de médecine se met en place depuis la rentrée. Mais les étudiants devront attendre de voir se multiplier les passerelles réelles vers d'autres cursus.

Eviter la sélection par l'échec. C'est l'objectif premier de la réforme des études de médecine qui vient d'entrer en application à la rentrée universitaire 2010, après bien des années de réflexions et d'atermoiement (les premières tentatives ont débuté dans les années 60 et les rapports, parfois  plus révolutionnaires que la réforme en cours, se sont succédés). La ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche s'est rendue ce vendredi à l'université Pierre et Marie Curie (UPMC, Paris VI) pour faire un point sur cette mise en place.


Vocation brisées

Au-delà de la complexité des aménagements de cursus adoptés par les universités concernées, cette réforme, dont l'entrée en vigueur avait été retardée d'un an en raison de son ampleur, est une véritable révolution. Désormais les formations de médecine, pharmacie, dentaire et sage-femme sont dispensées au sein d'un même cursus. Autant dire que les querelles de chapelle et les jalousies entre facultés ont dues être oubliées afin d'en arriver là. L'objectif est bien sûr d'en finir avec le couperet du concours de fin de 1ère année de médecine (PCEM1), qui laisse sur la route chaque année 85 % d'étudiants (soit 42.500), mais aussi celui de pharmacie (70 % d'échec), qui du coup se reportent sur d'autres formations par défaut. Un véritable "gâchis humain", "cause de vocations brisées", selon Valérie Pécresse. Il s'agit donc d'aménager le plus de passerelles et de réorientations possibles, notamment en cours de cursus, si l'université s'aperçoit que l'étudiant n'a que très peu de chances.

11 amphithéâtres


La nouvelle première année commune aux études de santé (PACES) prévoit donc un tronc commun, assorti de spécialités, généralement au second semestre de la 1ère année, les étudiants pouvant passer les concours des quatre spécialités s'ils le souhaitent. Mais cela implique plusieurs difficultés. Le nombre des étudiants, tout d'abord. Le président de l'université Paris V Descartes, Axel Kahn, à parlé de "choc" à la rentrée en évoquant « entre 3.500 et 3.600 étudiants en 2010-2011", soit le plus grand nombre d'étudiants en santé de France. Si l'appel d'air redouté n'a pas eu lieu (la réforme n'a finalement pas attiré beaucoup plus d'étudiants), les problèmes d'organisation et de logistique (les cours du tronc commun nécessitent 11 amphithéâtres et 110 groupes de TD) demeurent. De nombreuses universités ont d'ailleurs fait le choix de faire largement appel aux nouvelles technologies (cours podcastés, documents numériques.

Loin des promesses

Autre difficultés, la mise en place des passerelles et des réorientations. En fait, pour l'heure, on est loin des promesses. La réorientation en fin de premier semestre ? "On espère la mettre en place en 2011-2012", indique Patrick Berche, doyen de la faculté de médecine de Paris Descartes. Quand aux réorientations en fin de première année, on reste sur un schéma "très classique" de passage en sciences de la vie, si tant est que l'étudiant ait de bons résultats. Le semestre de remise à niveau, lui, ne verra pas le jour avant 2013. Quant aux réorientations vers les disciplines plus éloignées (mathématiques voire sciences humaines et sociales), "tout le monde réfléchit pour mettre au point une offre plus large", lâche, prudent, Daniel Jorre, directeur de l'UFR de biomédicale de Paris Descartes. Pas évident de faire accepter à ces disciplines qu'ils doivent prendre des étudiants jugés trop "mauvais" ailleurs... Pourtant, Valérie Pécresse y croit, qui a évoqué ce vendredi la volonté de développer les passerelles dans l'autre sens, des sciences humaines vers les sciences dures.


 

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