Universités : le chantier de l'autonomie quasiment bouclé

Au 1er janvier 2011, 90 % des universités seront autonomes. Une révolution en profondeur du paysage universitaire, dont certains effets mal anticipés devront être corrigés.
Au 1er janvier 2011, 73 universités françaises seront autonomes.

J - 2 avant l'An III. Ce 1er janvier 2011 une troisième vague d'universités - elles sont 22 - va sauter dans le grand bain de l'autonomie. Elles seront donc 73 à être sous le nouveau régime des "responsabilité et compétences élargies" (RCE) prévu par la loi LRU (liberté et responsabilité des universités) du 10 août 2007. Soit 88 % des 83 universités françaises. Un motif de satisfaction pour la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, l'objectif de 100 % d'universités autonomes en 2012 étant déjà quasiment atteint. Le ministère a même édité ce mercredi pour l'occasion un petit livret sur « Les Bénéfices de l'autonomie des universités ».


Insertion professionnelle

Sur le terrain, les présidents d'université, même ceux réputés à gauche, se satisfont de leurs nouvelles compétences. "Nous tenons à la notion d'autonomie. Ce sujet doit pouvoir dépasser les clivages politiques. Nous pouvons aboutir à une vraie cohérence", estime Alain Beretz, le président de l'université de Strasbourg. La gestion des ressources humaines leur permet de mieux faire coller leurs personnels et leur politique salariale à leur stratégie (titularisations de contractuels, primes aux personnels, recrutement de grands chercheurs étrangers...) ; la gestion d'un budget global (leur marge de man?uvre ne jouait que sur 25 % de leur budget auparavant) et  facilite une plus grande maîtrise des emplois et de la masse salariale, qui représente pour les 73 universités autonomes, selon le ministère, 7 milliards d'euros et près de 124.000 emplois. "La loi LRU permet aux universités d'être plus attractives et d'attirer les meilleurs. Elle leur donne plus de liberté en matière salariale", indique Bruno Gérard, responsable de l'audit dans le service public chez Ernst & Young. Par ailleurs, les établissements peuvent réaffecter en interne des crédits en fonction de leurs priorités. Enfin, "le rapprochement avec les collectivités locales et les entreprises", via leur participation au conseil d'administration et la possibilité de créer des fondations dynamise le tissu local, favorise l'insertion professionnelle et la valorisation de la recherche (transfert technologique), insiste-t-on rue Descartes.

Excès de charges


Confortée par la décision du Conseil constitutionnel cet été (La Tribune du 9 août 2010), la loi LRU ne se met cependant pas en place sans poser de problèmes. Les 14 présidents d'universités autonomes reçus la semaine dernière à l'Elysée ont d'ailleurs tenu à en alerter le chef de l'Etat (La Tribune du 22 décembre 2010). "Le problème n'est pas l'autonomie mais sa mise en oeuvre. Elle entraîne des surcoût en matière de fonctionnement. Quant au transfert de la masse salariale, nous ne voulons pas assumer des excès de charge dont nous ne sommes pas responsables", note Alain Beretz, évoquant la limite de certains outils techniques. Mauvaise évaluation de la masse salariale, système d'allocation des moyens à la performance (20 % des moyens sont désormais attribués en fonction de la performance et 80 % de l'activité) imparfait, mise en concurrence entre universités, gouvernance à revoir , IUT qui s'estiment sous financés, sont autant d'imperfections qui alimentent le projet d'une "étape " de l'autonomie, voire d'une réforme de la réforme.
A l'Elysée, cette idée fait son chemin. D'ici à la campagne présidentielle, il est matériellement possible de réouvrir le chantier de la LRU, estime-t-on dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. Reste à savoir si politiquement, cette option est opportune. Au ministère de l'Enseignement supérieur, on préfère évoquer une seconde phase axée sur l'insertion professionnelle, déjà amorcée avec la nouvelle licence (La Tribune du 20 décembre 2010). Valérie Pécresse a commencé avant Noël à rencontrer les partenaires sociaux (CFDT, FO, CGPME et Medef). Mais in fine, il se pourrait aussi que les ajustements se fassent d'eux-mêmes, petit à petit, sur le terrain. "La loi LRU est une première étape. Elle enclenche un mouvement qui accélère les changements", résume ainsi Bruno Gérard.

Commentaires 3
à écrit le 23/02/2011 à 8:54
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On trouve également dans ce livret de très nombreux témoignages du type : «Grâce à Valérie Pécresse, ma famille mange à sa faim, j?ai des souliers en bon état?»

à écrit le 23/02/2011 à 8:49
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Le livret de propagande, à la gloire du régime et des réformes de sa ministre, « Les Bénéfices de l'autonomie des universités » a été envoyé dans tous les services universitaires français, ainsi qu'à d'autres services par cartons entiers pour distrib...

à écrit le 31/12/2010 à 10:38
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Il me semble que la première chose à faire est de supprimer les filières dont on constate qu'elles ne préparent à aucun emploi!

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