Luc Chatel lance le débat sur les rythmes scolaires

Le ministre de l'Education nationale a demandé au comité de pilotage sur les rythmes scolaires de lui rendre son rapport final en mai. Il compte mettre le sujet au cœur du débat électoral de 2012.

Contrairement à ce qu?a pu laisser penser l?agitation médiatique de ces derniers jours, tout reste à faire sur les rythmes scolaires. C?est d?ailleurs ce qu?a rappelé ce mardi le ministre de l?Education nationale aux membres du comité de pilotage de la conférence nationale sur les rythmes scolaires en présentant leur rapport de synthèse : "Pour vous, le plus dur commence", leur a-t-il lancé.

De fait, si le constat est connu et ressassé depuis longtemps (les rythmes scolaires sont déséquilibrés en France avec des journées trop lourdes et des vacances trop longues), rien n?a été tenté jusqu?alors pour améliorer la situation. Au contraire. La suppression à la rentrée 2008 du samedi matin travaillé en primaire par Xavier Darcos, destinée à dégager 2 heures hebdomadaires de soutien personnalisé, a aggravé la situation, toutes les heures étant désormais concentrées sur 4 jours. La mauvaise organisation des rythmes scolaires, qui semblent avoir ignoré jusqu?alors l?intérêt de l?enfant, est d?ailleurs le seul postulat qui fait consensus. "Journée trop longue et fatigante", "semaine épuisante à l?école primaire", "année scolaire déséquilibrée"? sont des constats qui font l?unanimité. Et après ?

Nouvel environnement social

D?ici à mai, le comité de pilotage va donc devoir s?attaquer au dur : dégager des pistes de travail, des recommandation. Luc Chatel lui a fixé quatre axes de travail : se préoccuper de "tous les temps scolaires" (répartition quotidienne, ventilation hebdomadaire et étalement annuel) ; élaborer des propositions visant à concilier les différents temps sociaux (école, périscolaire, nouvelles réalités du travail et organisations familiales, préconisations des chronobiologistes?) ; mieux coordonner, aux différents niveaux (responsables scolaires locaux, collectivités territoriales), les évolutions des rythmes ; et évaluer les conditions de mise en ?uvre. Le comité de pilotage devra aussi "accroître les comparaisons avec l?Europe". Une tâche de Titan pour le comité de pilotage, tant les désaccords ont émergé au fil de leurs auditions.

Comment concilier les intérêts des enfants, des enseignants, des familles mais aussi des collectivité locales, des industriels du tourisme mais aussi des différentes confessions religieuses tout en prenant en compte les préconisations des médecins ? Une chose est sûre, "tout le monde semble avoir fait son deuil du samedi matin", confie le co-président du comité de pilotage, Christian Forestier. Une donnée logique, à l?heure où l?éclatement des familles nécessite de ménager du temps pour les gardes alternées. Mais critiquée par les médecins qui estime qu?une cassure de deux jours pleins le week-end est aussi néfaste pour l?équilibre qu?un aller-retour Paris New-York sur deux jours? Aucun consensus ne se dégage non plus sur les zonages et les vacances d?été. Quant aux enseignants, ils y voient le prétexte d?une augmentation de leur temps de service?

Pas de changements notables avant 2013

Faute de consensus, la mission du comité de pilotage relève donc de la gageure d?autant qu?il faudra décider des niveaux de décisions et définir les modalités d?application. "La question sera de savoir quelles marges de man?uvre octroyer à qui ?", s?interroge Christian Forestier. Bref, il faudra du temps avant que n?interviennent des changements importants. Luc Chatel l?a d?ailleurs maintes fois répété : les calendriers scolaires étant fixés pour trois ans, seuls quelques modifications mineures pourront intervenir avant la rentrée 2013. Un cadeau empoisonné laissé à son successeur. Et qui sera source de débats animés dans le cadre de la campagne présidentielle.

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