Renoir et Monet, mécènes de l'institut Pasteur

Le centre de recherche a mis aux enchères ce mercredi deux toiles de maître issues d'une succession privée : 2,75 millions d'euros ont ainsi été récoltés.
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Les impressionnistes finançant la recherche médicale? L?institut Pasteur a mis aux enchères publiques ce mercredi à l?Hôtel Drouot deux toiles issues de la succession Haegel (famille de meuniers propriétaires des Grands moulins de Pantin) : "La Promenade d?Argenteuil, un soir d?hiver" de Monet, estimé entre 800.000 et 1, 2 millions d?euros ; et "Femme au chapeau de fleur" de Renoir (photo), évalué entre 400.000 et 600.000 euros. L?institut Pasteur espérait en récolter 1,5 million d?euros.Le résultat est bien supérieur aux attentes avec un produit de ces ventes qui a atteint 2,75 millions d?euros (500.000 euros pour le Renoir et 2,25 millions pour le Monet).

Etonnant ? Au-delà de son image quelque peu "datée" encore très liée à son créateur et à son activité de vaccination, cet institut de 125 ans, qui emploie 2.600 chercheurs, bénéficie de sources de financements en grande partie issues du privé de par son statut de fondation privée à but non lucratif. Etant reconnu d?utilité publique, elle est habilitée à recevoir des legs. "28% de notre budget [Ndlr : 240 millions d?euros en 2010] provient aujourd?hui de subventions de l?Etat contre 50% dans les années 80", indique Sylvain Coudon, directeur de la communication et du mécénat de Pasteur. Pour le reste, 41% proviennent des redevances industrielles, ventes, prestations et contrats de recherche et 31% du mécénat et produits du patrimoine.

L?institut Pasteur est rompu depuis de nombreuses années à la fiducie philanthropique. "Nous restons le deuxième collecteur de legs en France derrière la Fondation d?Auteuil, avec une moyenne de 40 millions d?euros par an avec 120 nouvelles succession soit un montant moyen de 300.000 euros", précise Frédéric Grosjean, responsable des legs et de la gestion du patrimoine à l?institut Pasteur. Si la somme issue du Renoir et du Monet paraît exceptionnelle, elle reste finalement loin du record de 85 millions d?euros collectés en 2005 grâce à un legs exceptionnel de 20 millions d?euros. Ou encore loin des 320 millions de francs issus de la vente en 1987 des bijoux de la duchesse de Windsor. Mais la succession Haegel dans son ensemble devrait tout de même représenter au total un tiers de ce qu?espère collecter l?institut en 2011.

En fait, contrairement aux dons qui progressent (21 millions d?euros récoltés en 2010 contre 9 millions il y a cinq ans), les legs sont orientés à la baisse (ils totalisaient 60 millions d?euros en 2005). "En tant qu?acteur historique, nous étions auparavant un réceptacle naturel. Mais avec la multiplication des acteurs, les parts se sont réduites", analyse Sylvain Coudon. Pasteur est donc reparti à la chasse il y a quelques années, partant du principe que "les donateurs actifs sont potentiellement des testateurs". Pour se positionner en tant qu?acteur et "réamorcer la pompe", l?institut, qui est aussi un hébergeur de fondations, a lancé fin 2009 des Assises de la fiducie philanthropique et créé un "think tank" sur le sujet. Et en février, il a été la première association à décrocher la certification ISO 9001 en matière de conseil et de gestion dans ce domaine. Autre atout, la fiscalité favorable : les ?uvres d?arts sont totalement exonérées d?impôts et le régime fiscal incitatif pour les donateurs.

A l?heure où le gouvernement cherche à rénover le système de recherche, à diversifier les sources de financement des universités et à rapprocher recherches publique et privée, l?institut Pasteur fait un peu figure de pionnier. "Nous ne connaissons pas le débat public-privé. Nos sources de financement plurielles apportent beaucoup de souplesse et de réactivité à nos chercheurs et les soulage de la recherche de fonds. Lors des épisodes de chikungunya ou de H1N1, nous avons ainsi pu lancer les tests immédiatement", estime Sylvain Coudon pour qui l?institut Pasteur est un peu le modèle idéal de la recherche.

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