Chatel et Pécresse revoient à la marge la formation des enseignants

Face aux critiques, les ministres de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur annoncent la mise en place en septembre de masters d'enseignement en alternance. Mais le dispositif ne concernera dans un premier temps que huit académies.

S'il y a bien une réforme qui fait l'unanimité contre elle, c'est bien celle de la formation des enseignants. Le gouvernement a profité du passage au niveau master (bac + 5) en 2010 pour supprimer l'année de stage en alternance jusqu'alors effectuée au sein des instituts de formation des maîtres (IUFM) et compenser ainsi en partie les 13.000 à 16.000 postes supprimés chaque année. Une logique purement budgétaire, imposée par le ministère recruteur (Education nationale) sous l'ère Darcos, critiquée tant à gauche qu'à droite.

30 universités concernées

Aujourd'hui, le gouvernement essaie de recoller les morceaux. Mais pas question de "rouvrir le chantier" de ce que l'on appelle barbarement la "masterisation", comme avait pu le laisser croire le chef de l'Etat lors de ses v?ux au monde de l'éducation, en prenant quelque liberté avec son discours. En fait, depuis l'été dernier, les cabinets de Valérie Pécresse et de Luc Chatel réfléchissent à mettre un zest d'alternance dans les nouveaux masters d'enseignement. Histoire d'éviter aux enseignants débutants, souvent affectés dans des zones difficiles, de se retrouver face à une classe quasiment à temps plein sans autre expérience "pratique" que le visionnage de DVD de tenue de classe. Ce sera donc chose faite à la rentrée 2012.

3 à 6 heures par semaine pour 3.000 à 6.000 euros de salaire annuel

Les deux ministres en déplacement à l'université de Cergy-Pontoise ce lundi ont annoncé que dès la quatrième année d'études (master 1), les étudiants pourront assurer 3 à 6 heures d'enseignement hebdomadaires, rémunérées 3.000 à 6.000 euros par an, ou occuper un poste d'assistant pédagogique à mi-temps, payés 560 euros par mois. Mais attention, il ne s'agit pas d'une réforme de la réforme puisque seulement huit académies « pilote » et une trentaine d'universités testeront ce dispositif qui ne concernera que quelques centaines d'étudiants qui pourrait être sélectionnés sur des critères sociaux (mais ce point fait encore débat). Par ailleurs, les modalités pratiques restent encore à finaliser.

Cette "annonce" a été accueillie froidement par les syndicats d'enseignants qui restent défavorables aux dispositions prévues par ailleurs pour la rentrée 2011 : la non-reconduction des binômes débutant-maître formateur en primaire jusqu'à la Toussaint et la place imparfaite du concours sont dénoncées, notamment par le Snuipp-FSU (syndicat majoritaire du primaire). Pas dupes le SE-Unsa et la FSU estime que ce dispositif pilote évite surtout de "rouvrir le chantier" de la formation des enseignants.

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