Faut-il légaliser ou dépénaliser l'usage du cannabis ? Cette question récurrente vient d'être relancée par l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur, Daniel Vaillant, à la faveur de plusieurs faits divers très violents dans les banlieues pauvres de Paris, où le commerce de cette drogue suscite des affrontements armés de plus en plus violents. Sans surprise, le ministre de la Santé a tranché la question ce matin sur RTL. "Ce n'est pas parce qu'un produit est dépénalisé qu'il n'y a pas de contrebande", a assuré Xavier Bertrand, citant l'exemple du tabac, qui fait l'objet d'un commerce clandestin très actif.
Le ministre de la Santé s'élève aussi contre l'argument consistant à dire que la levée de l'interdit ferait diminuer la consommation. Selon lui, plus de la moitié des adolescents français disent au contraire qu'ils ne consomment pas actuellement parce que c'est interdit. "La voie qui consisterait à dire, on dépénalise pour régler, c'est une erreur totale et c'est une erreur dangereuse pour nos jeunes", a dit le ministre.
Un groupe de travail du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, présidé par l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant, a rendu public mercredi un rapport préconisant la mise en place d'une filière nationale de 53.000 hectares cultivés de chanvre indien, un contrôle de l'importation, ainsi que la distribution de cette drogue dite "douce" dans des lieux dédiés. Ce projet part du constat que la prohibition ne fonctionne pas et génère du crime. La répression de la consommation engorge par ailleurs les tribunaux.
Selon des estimations publiées par la presse, quatre millions de personnes consomment du cannabis en France, dont près d'un tiers régulièrement. 90.000 personnes sont interpellées chaque année pour usage de cannabis et 20% font l'objet de poursuites pénales.