Dans son discours de Toulon, Sarkozy défend une Europe germano-française

Le discours de Nicolas Sarkozy, avec un parfum de campagne électorale, est resté vague sur la réforme de l'Union européenne. Même s'il a fait des concessions à Berlin, les discussions sont loin d'être abouties.
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"Dire la vérité aux Français." C'est avec ce leitmotiv que Nicolas Sarkozy, de retour à Toulon pour un discours très attendu, a voulu annoncer « le passage » de notre pays d'un grand cycle d'endettement" à un "grand cycle de désendettement". Dans un propos au goût très prononcé de campagne électorale, le président de la république a, encore une fois, fustigé "la retraite à 60 ans" et "les 35 heures" comme sources des difficultés actuelles de la France, comme "des fautes graves dont nous payons aujourd'hui lourdement les conséquences". Comment sortir de cette crise ?

Rejetant l'option de l'immobilisme et celle de l'austérité à tous crins, le locataire de l'Elysée propose de répondre "par le travail, par l'effort et par la maîtrise de nos dépenses". Il a donc appelé à une réduction des déficits publics - qui sont passés de 2,7% du PIB en 2007 à 7% en 2010 -, mais aussi à la réaction des Français eux-mêmes. "Ce n'est pas le moment de nous décourager, de nous rétracter. [...] C'est le moment de travailler, investir, entreprendre", a-t-il martelé. Mais l'on cherchera en vain des éléments concrets pour accompagner le mouvement.

La grande déception de ce discours, ce sera sans doute l'Europe. Elle est le parent pauvre de ce texte, alors que c'est sur la gouvernance de la zone euro et de l'Union européenne que le président de la République était attendu. Nicolas Sarkozy a tenté de ménager la chèvre et le chou. Flattant les adversaires de la mondialisation, refusant "d'effacer nos frontières, condition de notre liberté, de notre démocratie et de notre solidarité", insistant enfin sur la maîtrise de l'immigration - notamment par une "refonte" de l'accord de Schengen - le chef de l'Etat a néanmoins insisté sur la nécessité de partager la souveraineté avec l'Europe. "La souveraineté ne s'exerce qu'avec les autres", a-t-il ainsi proclamé avant de justifier : "l'Europe, ce n'est pas moins de souveraineté, mais davantage de souveraineté parce que c'est davantage de capacité d'agir." Il a ainsi réaffirmé son engagement vers la "convergence" franco-allemande, nécessaire pour construire "une zone de stabilité et de confiance qui sera le moteur de la compétitivité européenne". Mais par quels moyens ? La "solidarité" et la discipline budgétaire. Là encore, le concret manque. La solidarité ? Elle est certes "nécessaire" et "sans faille", grâce à la proposition française d'un "Fonds monétaire européen" qui ressemble au mécanisme européen de stabilité (MES) qui remplacera en 2013 l'actuel Fonds européen de stabilité (FESF) dont le renforcement a échoué en début de semaine lors du dernier sommet Ecofin.

Quant au rôle très discuté de la Banque centrale européenne (BCE), Nicolas Sarkozy a refusé "d'entrer dans les débats" et n'a pas dit un mot des obligations européennes. C'est là très clairement une concession à Angela Merkel qui s'exprimera devant le Bundestag ce vendredi et qui a déjà fermé la porte à toute modification du statut de la BCE. Jeudi, la coalition de la chancelière avait redit son opposition aux euro-obligations. En revanche, Nicolas Sarkozy a adopté plusieurs thèmes chers à ses partenaires allemands pour renforcer la discipline budgétaire, acceptant l'idée d'un nouveau traité européen : un "examen en commun" des budgets, des "sanctions plus automatiques, plus rapides et plus sévères" et, enfin, une "règle d'or" budgétaire pour tous les pays de la zone euro.

Il a, du reste, invité la gauche à l'adopter en France avant l'élection présidentielle. Le président de la république a cependant évité d'évoquer le recours devant la Cour de justice européenne en cas de déficit excessif, une proposition allemande qui avait provoqué une levée de boucliers chez les socialistes.

L'Allemagne au centre du jeu

Au final, ce discours très attendu semble accoucher d'une souris. Il prouve surtout que les discussions avec l'Allemagne sont encore en cours. Avant le sommet européen des 8 et 9 décembre, la question des concessions des uns et des autres autour des transferts de souveraineté et des mécanismes de solidarité ne semble guère avancée. Or, l'Europe ne peut se permettre une nouvelle fois un accord flou a minima. D'autant qu'il faudra convaincre les autres pays de la zone euro et les pays non membres de l'Union monétaire d'entrer dans la nouvelle architecture européenne.

Commentaires 6
à écrit le 03/12/2011 à 10:22
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Le président qui a le plus alourdit la dette française, parle de règle d'or. Tout son discours consiste à faire porter la responsabilité sur les autres. La crise économique est présentée comme une catastrophe naturelle ou la onzième plaie d?Égypte. I...

à écrit le 02/12/2011 à 22:17
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Je cite "La Tribune" : "Il (Sarkozy) a donc appelé à une réduction des déficits publics - qui sont passés de 2,7% du PIB en 2007 à 7% en 2010 -". Y a pas un probleme !!???? : Sarkozy a pratiquement triple le deficit et les francais vont encore voter ...

à écrit le 02/12/2011 à 22:03
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Apprenez l'allemand au lieu du français pénible avec ses accents

à écrit le 02/12/2011 à 21:58
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La France n'a aucune compétence en gestion nationale.Vive la vertueuse Allemagne qui va lui donner des leçons.La pauvre France qui ne produit que des fromages et du vin ferait mieux de se mettre au travail.La France de Médrano attend sans doute la Ch...

à écrit le 02/12/2011 à 17:33
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Lamentable !

à écrit le 02/12/2011 à 16:33
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Nous ne voulons ni d'une EU française , ni Allemande, ni franco-allemande! Nous voulons d'une EU avec les états européens qui le souhaitent sur une base égale. 1 état, = 1 voix...mais pour cela il faut avoir une vision, que hélas vous n'avez pas! Cel...

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