Quelles propositions remportent les suffrages des DRH ?

Alors que se profile l'affrontement Sarkozy contre Hollande, les DRH se prononcent en faveur d'une réforme du droit du travail et une baisse de son coût. Mais pas à n'importe quel prix...
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Du quinquennat de Nicolas Sarkozy, les DRH ne retiendront qu'une mesure pertinente : la rupture conventionnelle du contrat de travail qui a concerné 10% des départs depuis sa mise en ?uvre, majoritairement à l'initiative des salariés. En revanche, la prime de partage des profits, distribuée par les entreprises ayant augmenté leurs dividendes, est restée pour eux de la cosmétique. Quant aux négociations sous contraintes (sous peine de pénalités) menées pour l'emploi des seniors, l'alternance, l'égalité professionnelle homme/femme, elles se sont révélées plus dissuasives que réellement motivantes. Enfin, la réforme des retraites, avec la fin des départs à 60 ans, n'est approuvée que par un DRH sur deux. La 3ème édition du baromètre « Défis RH » de l'Association Nationale des DRH (ANDRH) et d'Inergie a sondé plus de 200 DRH sur les réformes du droit du travail proposés par les candidats à l'élection présidentielle. Si les DRH sont favorables à une baisse du coût du travail, ils restent prudents quand ce n'est pas circonspect sur la majeure partie des propositions.

La baisse des charges plébiscitée


La seule mesure qui a fait l'unanimité était celle de François Bayrou, le dispositif « zéro charge » destiné pendant deux ans aux PME de moins de 50 salariés pour l'embauche d'un chômeur ou d'un jeune en CDI. Sera-t-elle reprise par l'un des deux candidats en lice ? Un DRH sur deux est également favorable (56%) à la proposition de Nicolas Sarkozy sur la réduction des cotisations sociales en contrepartie d'une TVA sociale, tout comme celle de François Hollande sur le « label social » (50%).

Scepticisme

Ils sont en revanche plus partagés sur la modification de la durée du travail avec la révision des accords 35 heures, prônée par le candidat sortant (48% pour et 35% contre) et sur les contrats de génération (aide financière de l'Etat pour l'embauche d'un jeune tutoré par un senior) imaginés par François Hollande, 35% jugeant la mesure « sans conséquence particulière ». Le retour à la retraite à 60 ans pour les salariés ayant cotisé 41,5 ans proposé par le candidat PS est carrément estimé par un DRH sur deux comme « contreproductive ». Et la participation des salariés au Conseil d'administration des entreprises de plus de 500 salariés ne soulève guère l'enthousiasme : 36% pense que cette proposition de François Hollande serait « sans conséquence particulière » et 22% « contreproductive ». Mais ils sont tout autant réservés sur les accords « compétitivité-emploi », avec baisse de salaire, défendus par le candidat UMP. Seuls 19% des DRH jugent cette proposition pertinente, à l'exception de l'industrie automobile qui plébiscite ce dispositif à 63%. Explication de Jean-Christophe Sciberras, président de l'ANDRH et DRH France de Rhodia : « si certains DRH trouvent la mesure intéressante, la plupart savent, par expérience, qu'elle sera compliqué à mettre en ?uvre ».

Le dialogue social comme priorité


Car la principale préoccupation des DRH reste avant tout celle du dialogue social. C'est ce que révèle une enquête du Cercle des DRH et du cabinet FIDAL qui invitait le 18 avril dernier Xavier Bertrand, Ministre du travail de l'emploi et de la santé, lors d'une table ronde à Paris sur les réformes à entreprendre dans le code du travail. Dans les projets à adopter de toute urgence par le prochain président et son équipe, la fusion de la représentation du personnel remporte les suffrages des DRH. Il s'agirait comme le préconise le Cercle des DRH de mettre en place par un accord collectif une instance unique de représentation du personnel qui regrouperait le CE, les DP et le CHSCT. Elle aurait à la fois un rôle consultatif et un pouvoir de négociation. Une fusion qui serait subordonnée à la désignation des salariés au conseil d'administration avec droit de vote. La refonte des thèmes de négociation obligatoire, est elle aussi, souhaitée par les DRH, ainsi que la fixation de la durée « légale » par accord de branche, l'assouplissement de la rupture conventionnelle et la modernisation du licenciement économique. Le maintien des exonérations de charges arrive, en revanche, au dernier rang des priorités.


 

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