Industrie : Sarkozy n'a pas fait mieux...ni pire que ses prédecesseurs.

Parce qu'il n'aura pas su endiguer les destructions de postes et mettre un terme au creusement quasi continu du déficit commercial, le président sortant présente un bilan peu avantageux en matière industrielle. Mais celui de Jacques Chirac n'était pas plus brillant, loin s'en faut.
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En période électorale, l?heure est toujours aux bilans. Dans le registre économique, le déclin de l?industrie française et l?impérative réindustrialisation furent dans la bouche de la quasi-totalité des candidats du premier tour. Des thèmes qui devraient  encore alimenter les débats jusqu?au 6 mai. Pour Nicolas Sarkozy, c?est évidemment avec un angle prospectif que le sujet devrait être évoqué. Les initiatives prises depuis 2007, telles que le doublement du crédit impôt recherche, les investissements réalisés dans le cadre du Grand emprunt, du Fonds stratégique d?investissement, la création des filières stratégiques, devraient, espère-t-il, porter leurs fruits lors du prochain quinquennat et permettre le redressement de l?industrie tricolore fortemement marquée par la crise. Il y a urgence : en 2008 et 2009, l?industrie a détruit au total 358.000 emplois, selon le Trésor.

Tous les coups sont permis dans le débat électoral

Même si le programme économique de François Hollande contient un certain nombre de mesures pour relancer l?industrie, communes d?ailleurs à celles mises en oeuvre par le gouvernement actuel (livret d?épargne industrie, banque de l?industrie..), le candidat socialiste devrait assez logiquement pointer du doigt le bilan de Nicolas Sarkozy en la matière. C?est de bonne guerre. Nicolas Sarkozy n?avance-t-il pas systématiquement le passage en 2000 aux 35 heures hebdomadaires pour expliquer le décrochage de l?économie française par rapport à ses concurrentes ? Un argument qui lui permet en partie de se dédouaner et de ne pas assumer le manque de résultats en la matière lors du quinquennat.

L'industrie a perdu sa place dans la hiérarchie gouvernementale

Mais les arguments avancés par les deux camps sont-ils convaincants ? Pas réellement. Pour deux raisons. La première : l?industrie ne fait plus réellement partie des préoccupations majeures des chefs de gouvernement depuis bien longtemps. Ainsi, entre 1997 et 2007, l'Industrie a été adjointe simplement au ministère de l?Économie et des Finances, par décision de Dominique Strauss-Kahn. Elle fut alors confiée à des ministres délégués ou à des secrétaires d?État dont la tâche consistait essentiellement à expédier les affaires courantes.
Et à partir de 2007 ? L?Industrie a été dans un premier temps détachée auprès du ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables puis confiée à Luc Chatel en mars 2008 qui voyait alors sa fonction de secrétaire d'État, chargé de la Consommation et du Tourisme élargie. Il faudra attendre le 23 juin 2009 pour que l?industrie retrouve enfin une place significative avec la création d?un ministère délégué à l?industrie confié à Christian Estrosi.
 

63% des destructions d?emplois  entre 2000 et 2007 liées à la concurrence internationale

Un véritable contrôle par l?Etat de la politique industrielle de la France aurait-il permis de limiter la casse pendant les années 2000 ? Peut-être, d'autant que c?est pendant cette période que l?offre française a commencé à souffrir de la montée en puissance des pays émergents. Un exemple : évaluée à moins de 1% en 1980, la part de marché de la Chine dans le commerce mondial avait bondi à 5,1% en 2002 selon une étude du CEPII. Elle s?élève aujourd?hui à 12%. Selon une étude du Trésor, 63% des destructions d?emplois observées entre 2000 et 2007 ont été le fait de la concurrence internationale.

Reste que les ministres de l?Industrie de plein droit en poste dans les années 80 et 90 ? notamment Laurent Fabius en 1983, Alain Madelin en 1986, DSK en 1991, Gérard Longuet en 1993 - n?ont pas non plus fait des miracles. Ils n?ont pas su anticiper et prévenir le déclin du made in France, qui a commencé dès le début des années 80, pensant sans doute que les succès engrangés alors par l'automobile et l'aéronautique étaient éternels. Un déclin qui s?est traduit par une chute de l?emploi industriel depuis trois décennies. Celui-ci représentait 5,3 millions de personnes en 1980,  3,8 millions en 2002, 3,4 millions en 2007 et 3,3 millions aujourd?hui. 

Malgré l'absence de crise majeure, l'industrie a plus souffert lors du  quinquennat de Jacques Chirac

Un déclin qui s?est surtout accéléré lors du quinquennat de Jacques Chirac. Entre 2002 et 2007, le nombre d?exportateurs a chuté, passant de 107.000 à 98.000. Ils sont 95.000 aujourd?hui. Le taux de couverture des importations par les exportations a perdu 10,5 points, de 101% à 90,5 % entre 2002 et 2007 pour tomber à 86% en 2011.Sur la même période, le taux d?autofinancement des entreprises a reculé de près de 25 points, pour atteindre 60,8% en 2007. Il tutoie péniblement les 72% aujourd?hui. Quant à la balance commerciale, elle était excédentaire à hauteur de 2,6 milliards d?euros en 2002 et déficitaire de 52 milliards cinq ans plus tard?.
Ce désintérêt apparent de l'éxécutif pour l'industrie n'explique bien évidemment pas tout. De nombreux éléments peuvent en effet être avancés pour expliquer la perte de vitesse du made in France qui s?est traduit par un déficit commercial de 69,6 milliards d?euros en 2011, record qui devrait selon toutes probabilités être battu dans un avenir proche. Parmi les éléments les plus couramment cités par les économistes et les organisations patronales, on peut citer le niveau élevé des prélèvements obligatoires, la rentabilité insuffisante des entreprises, les relations déséquilibrées entre fournisseurs et donneurs d?ordre, l?existence de seuils sociaux contraignants, ? . Selon une étude dévoilée ce mardi par Eurostat, l?office européen des statistiques, le coût du travail a bondi de 39,2%, entre 2001 et 2011 pour s'établir à 34,2 euros par heure travaillée. A titre de comparaison, il n?a progressé que de 19,4% en Allemagne, le principal concurrent de la France en zone euro pour s?élever à 30,1 euros.

 

Commentaires 24
à écrit le 26/04/2012 à 6:31
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Depuis 1973, où la loi de souveraineté de notre financement, s'est vue attribuée à des privés, tous les présidents se sont installés dans le confort du panier percé. Il suffisait de tendre la main pour gérer la nation. Les français payant dorénavant...

à écrit le 25/04/2012 à 18:13
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Johnny ne soutient plus personne, lui qui avait soutenu N.Sarkozy en veut à tout le monde pour son redressement fiscal de 9 millions d'?.. De plus l'exit taxe (exilés fiscaux),est devenue opérationnelle (journal officiel). N.S a dit qu'il le ferait, ...

à écrit le 25/04/2012 à 16:03
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c'est grave si sarko a fait ni mieux ni pire avec un crise comme celle que nous vivons il faut m'expliquer pourquoi on lui tire dessus comme un lapin je l'ai toujours dis s'ils veulent tous la place c'est que le plus mauvais est fait et qu'après ils...

le 25/04/2012 à 23:46
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le problème c'est que beaucoup ne supportent plus le candidat sortant à cause de son arrogance, sa démagogie, sa malhonnêté , son bling bling, son langage parfois vulgaire , il vit dans un autre monde loin des préoccupations des plus humbles qu'il dé...

à écrit le 25/04/2012 à 15:49
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F.Mitterrand n'a pas fait mieux non plus, ils ont tous joué à fond la carte agricole partant du fait que la démographie planétaire réclamerait sans cesse plus de nourriture à l'inverse de l'Allemagne qui a joué l'industrialisation! 20 ans de socialis...

à écrit le 25/04/2012 à 12:36
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Ce que les politiques n'assimilent pas, c'est que le "made in quelque part" n'a strictement plus aucune signification.

à écrit le 25/04/2012 à 11:46
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Le probleme n est il pas qu on attend trop de l etat ? Est ce vraiment a l etat de creer une industrie ? En France, laisser faire l etat c est gaspiller de l argent pour entretenir des copains plus ou moins incompetents (quand on pense que Borloo a f...

à écrit le 25/04/2012 à 9:56
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c bien le probleme il devait mettre le taux de chomage a 5% on est a10% il avait dit vous me jugerais sur mon bilan c fait ta été plus que mauvais tu vaut pas un cloud en tant que président pour etre président faut etre compétent ce fut pas le ca...

à écrit le 24/04/2012 à 22:39
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Sur l'industrie je ne suis pas spécialiste, mais on voit nettement le trou de l'export 70 milliards et des paiements 30 milliards. S'il n'y a pas de politique industrielle, alors que fait le gouvernement? Des papiers? Les Allemands ont rétabli leur p...

à écrit le 24/04/2012 à 21:16
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Je dois dire qu'en tant que petit patron de PMI (Industrielle oui) et exportant beaucoup, j'en ai assez, marre! Que ce soit droite ou gauche je compte pas sur quiconque pour nous sortir de là. La maison France est à la dérive et personne en haut lieu...

à écrit le 24/04/2012 à 21:13
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Il est intéressant de voir le parcours de nos ministres et plus particulièrement lorsqu?il s?agit d?un poste stratégique pour la croissance. M. Madelin avocat donc AUCUNE expérience d?industriel M. Fabius agrégé de lettres modernes + IEP + ENA AU...

le 24/04/2012 à 23:26
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+1, bien dit!

le 25/04/2012 à 11:54
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+ 1 bien vrai

à écrit le 24/04/2012 à 19:41
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"Industrie : Sarkozy n'a pas fait mieux...ni pire que ses prédécesseurs. " Donc en résumé il ne fait rien ... comme les autres !

le 25/04/2012 à 13:07
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IL FAUT DIRE QUE SARKOZY N'EST PAS TOMBER SUR UNE BONNE PÉRIODE LA CRISE IL N'Y AVAIT PAS QU'EN FRANCE DONC ?

le 25/04/2012 à 13:57
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FAUT DIRE AUSSI QUE SARKO UNE FOIS AU POUVOIR A DE SUITE MONTRE QU'IL SERAIT LE PRESIDENT DES RICHES.

à écrit le 24/04/2012 à 19:38
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Sarkozy a vécu dans une économie ouverte ce qui n'était pas le cas de ces prédécesseurs. a "Ministre ...." Il est mensonger de dire que Péchiney a subit un déclin éconmique et industriel .racheté par Alacan ,cette entreprise que je connais particulié...

le 24/04/2012 à 20:27
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"sauros", il ne reste plus grand chose de Péchiney en France, les sites ex Péchiney se sont rabougrit de mois en mois, les filiales de l'emballage ont été bradées, réduites à peu de chagrin, les filiales de les ex electro-métallurgies sont devenues d...

le 24/04/2012 à 21:56
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@sauros, bonsoir, il faut revoir vos données : Pechiney sous la coupe d'Alcan puis est arrivé le groupe minier Rio Tinto pour former en 2007 Rio Tinto Alcan qui a vendu 3 sites français en 2007 au groupe financier HIG capital que reste-t-il en Franc...

à écrit le 24/04/2012 à 19:35
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L'heure n'est plus au bilan, mais à ce qui va advenir demain.

à écrit le 24/04/2012 à 18:56
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A l'évidence, les résultats de Chirac étaient pitoyabs, mais Sarkozy a été le ministre du Budget de Chirac. C'est donc bien un sarkozy acteurdu déclin économique et indsutriel. Arcelor (acier) et Péchiney (aluminium) ont bien été laissés à l'abandon ...

le 24/04/2012 à 22:15
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Pour rappel, Pechiney a été lâché par Jospin !

le 25/04/2012 à 12:03
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Sarkozy / Chirac / Raffarin étaient au pouvoir à partir de 2002. C'est en 2003-2005 que Pechiney a été "bouffé" pour ne pas dire "baffré" par Alcan puis par Rio Tinto.

le 25/04/2012 à 16:13
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ARCELOR appartient à un privé, il préfère certainement allez ailleurs en tout cas pour l'instant il délocalise à dunkerque qui est la france et l'état n'a pas à gérer les entreprises privées. les entreprises qui s'en vont en ont surement marre de c...

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