L'affaire dite des "patrons voyous", jugée en 2009 par le tribunal correctionnel de Paris, avait été retentissante. Ce mercredi, l'avocate générale a demandé à la cour d'appel de Paris de confirmer les peines de prison ferme prononcées en 2009 contre les repreneurs de l'usine Samsonite d'Hénin-Beaumont, accusés de banqueroute et du détournement de 2,5 millions d'euros.
"Il ne faut pas oublier la souffrance des 200 salariés qui, aujourd'hui, vivent pour la plupart dans la précarité, 80% d'entre eux n'ayant pas retrouvé de travail" après la liquidation de l'entreprise en 2007, a déclaré la magistrate Mireille Venet en présence de plusieurs dizaines d'anciens ouvriers. Jean-Michel Goulletquer, ancien secrétaire général de l'usine, avait été condamné à deux ans de prison ferme, Jean-Jacques Aurel, ancien PDG, à un an de prison ferme et le consultant Olivier Walter à 18 mois de prison ferme.
Paiements frauduleux et multiples condamnations auparavant pour malversations et détournements
La magistrate Mireille Venet a rappelé que Jean-Jacques Aurel avait ordonné les paiements frauduleux de 2,5 millions d'euros au profit de tiers, même si elle "voulait bien croire" qu'il avait pu le faire parfois "sous la pression" des autres prévenus. Elle a souligné que Jean-Michel Goulletquer, comparaissant détenu, avait déjà été plusieurs fois condamné pour des malversations et détournements et s'était d'ailleurs présenté sous un faux nom à Hénin-Beaumont. Il y avait bénéficié de "241.000 euros" de versements frauduleux.
Quant à Olivier Walter, qui reste actuellement consultant en Europe pour le conseil en entreprises, "il n'avait absolument pas été gêné de recevoir 800.000 euros pour ses honoraires", ayant même présenté au départ une facture de 2,5 millions, a chargé la magistrate.
Samsonite dédouané
Mireille Venet a rappelé que ce trio avait été impliqué dans la reprise d'une usine Delsey à Montdidier dans la Somme, également liquidée en 2006 avec 200 salariés. La magistrate s'est employée, en revanche, à dédouaner le groupe Samsonite, "totalement étranger aux détournements reprochés aux prévenus". L'avocat des salariés licenciés avait auparavant accusé Samsonite d'avoir imaginé, avec le fonds Bain capital, le projet de reprise qui n'était qu'"un leurre, une farce" pour se débarrasser à bon compte de l'usine.