« Un budget équilibré, mais pas audacieux »

Ludovic Subran, économiste en chef chez Euler Hermes, donne son impression sur le budget français pour 2013 et met en garde sur le risque de laisser filer la compétitivité.
Copyright Reuters

Comment jugez-vous le Projet de Loi de Finances 2013 ?

C'est un budget équilibré, satisfaisant sur certains points, notamment en ce qui concerne les dépenses où l'effort est intéressant. On a coupé là où on a pu. On voit la rigueur, on voit l'effort de solidarité. On est capable de rassurer les marchés, de rassurer nos partenaires et ainsi de conserver notre place à la table européenne. Ce budget ne tue pas la croissance, mais il ne la promeut pas pour autant. Ce n'est pas un budget audacieux qui règle le problème de la compétitivité de la France.

L'objectif d'un déficit à 3 % du PIB est-il tenable ?

Je crois que ce budget est un budget de Realpolitik. On a voulu afficher les 3 % et, à mon avis, on a construit la prévision de croissance à partir de là. C'est ainsi que l'on obtient une croissance prévue de 0,8 %, alors que je table plutôt sur 0,3 %. En réalité, j'ai le sentiment que l'on assume intrinsèquement un déficit de 3,5 % du PIB.

Budget satisfaisant, mais pas suffisant, donc ?

En effet, si l'on éloigne le stress immédiat sur les marchés, on ne se débarrasse pas de l'épée de Damoclès de la perte de compétitivité du pays. Et pendant que l'Etat consolide doucement son budget, les entreprises privées sont de plus en plus frappées par les défaillances et le tissu industriel se délite. Sur les huit premiers mois de 2012, le chiffre d'affaires cumulé des 15 plus grosses entreprises en défaillance est déjà trois fois plus élevé que sur celui sur l'ensemble de l'année 2011. Or, il n'est pas sûr que l'on parvienne à réindustrialiser ensuite, car des pays comme l'Espagne et l'Italie font des ajustements qui vont les rendre plus compétitifs rapidement. Nos exportations sont presque entièrement substituables à celles de l'Espagne et de l'Italie. La France risque donc de perdre beaucoup de parts de marché à l'international.

Que faudrait-il faire ?

Sans doute le fameux « choc de compétitivité » dont on parle tant, mais on voit que le gouvernement recule devant son coût social. Du moins faudrait-il rapidement mieux soutenir les PME à l'exportation. Je ne vois pas de vrai effort vers les PME dans ce budget 2013. Or, la demande adressée à la France devrait progresser en 2013. En aidant les entreprises, on pourrait capter cette demande et même un peu plus. Cela permettrait de redresser un peu le potentiel de croissance du pays.

Commentaires 5
à écrit le 01/10/2012 à 21:16
Signaler
Content de savoir que ce budget pour les nuls est bien accepté par les marchés et qu'en même temps nous allons dans le mur avec Hollande.

à écrit le 28/09/2012 à 18:38
Signaler
A la question: "Que faudrait-il faire" la réponse est :" Qu'aurait-il fallu ne pas faire". La réponse est : "Il n'aurait jamais fallu donner le pouvoir aux banques d' être prêteur des Etats". Depuis 30 ans, le déficit est creusé par les INTERETS de l...

le 28/09/2012 à 19:43
Signaler
leitmotiv des gens qui ne savent pas compter: si on emprunte pas en monnaie réelle, on fabrique de la monnaie ce qui dévalue l'ensemble. La pratique de la planche à billet est le prémice de la chute.

à écrit le 28/09/2012 à 17:19
Signaler
ic ic ludovic tu es comme romaric , sympathique mais un peu naif, depuis des milliers d'années quand un politique dit qu'il va economiser 100 il depense 50 et quand il dit qu'il va dépenser 100 il depense 200. Ce qui fait plus mal aujourd'hui qu'hier...

à écrit le 28/09/2012 à 17:08
Signaler
un budget équilibré ? 3% de déficit c'est "équilibré" ????

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.