Le tandem Jouyet-Lauvergeon à la tête de la BPI ?

Selon nos informations, l'ancienne présidente d'Areva assurerait la direction générale de la Banque publique d'investissement (BPI) présidée par Jean-Pierre Jouyet, l'actuel directeur général de la Caisse des dépôts. A-t-elle le bon profil? Une autre option est aussi étudiée.
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Tic tac tic tac. Avant la présentation officielle mercredi en Conseil des ministres du projet de loi gravant dans le marbre la naissance de la Banque publique d'investissement (BPI), les rumeurs bruissent quant à la gouvernance de cette nouvelle structure dont l'objectif est de fédérer avec les régions l'ensemble des dispositifs de financement public existants. On peut citer Oseo et sa filiale Oseo Industrie, dont les objectifs ressemblent étrangement à celle de la future BPI, CDC Entreprises, le Fonds stratégique d'investissement (FSI) et FSI Régions, la partie publique de la Coface, Ubifrance à terme... Grâce à l'addition de toutes ces forces, la BPI disposera d'une force de frappe estimée à une trentaine de milliards d'euros..

Selon nos informations, sachant que la nomination de Jean-Pierre Jouyet à la présidence de la BPI serait d'ores et déjà actée, l'exécutif hésiterait entre deux solutions pour le seconder à la direction générale de ce nouvel établissement

Un costume trop petit ?

Depuis de nombreuses semaines, le nom d'Anne Lauvergeon circule parmi les candidats potentiels. Après avoir eu les pleins pouvoirs à la tête du groupe nucléaire Areva qu'elle a présidée jusqu'en juin 2011, pourrait-elle se contenter d'un simple rôle de directrice générale de la BPI ? Elle seule a la réponse. Ses atouts ? Malgré un bilan très mitigé à la tête d'Areva, elle dispose d'une certaine aura dans le milieu patronal. Le fait qu'elle appartienne à la gent féminine est-il un avantage ? Cette fois-ci, c'est l'exécutif qui a la réponse. On sait simplement que la parité homme-femme est un sujet utra-sensible pour François Hollande qui a souhaité que son premier gouvernement compte autant de femmes que d'hommes. Anne Lauvergeon sera reçue mardi par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à la veille de la présentation des modalités de mise en place de la BPI et de son équipe de direction.

Une chose est sûre, Anne Lauvergeon a une vision assez précise de ce que devrait être le rôle de l'Etat dans le domaine économique. Dans un entretien accordé cet été à la Revue civique , elle a déclaré : « Il est urgent de retrouver un Etat stratège. Nous sommes entourés d'États stratèges. Regardez la Chine, les États du Moyen-Orient, la Russie, les États-Unis... Pour certains d'entre eux, ce sont des États stratèges dotés de beaucoup de moyens financiers, ce que nous n'avons plus vraiment. Nous avons des atouts, des entreprises leaders par exemple dans le domaine du spatial, les télécommunications, le nucléaire, le TGV, l'aéronautique... parce que, pendant 40 ans, ces secteurs ont bénéficié d'un État stratège, capable de concevoir et de soutenir le développement dans la longue durée. Ce qui m'a désespéré ces dernières années dans le domaine nucléaire, c'est de voir comment nous avons pu perdre le fil.» Une belle profession de foi !

Aucune légitimité

La rumeur de sa nomination ne laisse pas insensible. C'est le moins que l'on puisse dire. « Ce serait une catastrophe. Que connaît Anne Lauvergeon au monde des PME et à leur mode de financement ? Rien. Comme souvent en France, on va créer une nouvelle structure qui va se rajouter à d'autres structures, toutes présidées et dirigées par des énarques, des inspecteurs des finances, des hauts-fonctionnaires qui n'ont finalement que très peu de connaissance de l'entreprise. C'est le cas de Jean-Pierre Jouyet, c'est aussi le cas d'Anne Lauvergeon. C'est regrettable et c'est ce qui permet de douter de l'efficacité de la future BPI », déclare un acteur du capital-investissement interrogé par La Tribune.

Parce que le gouvernement ne saurait être insensible aux rumeurs et aux commentaires, la solution François Drouin, l'actuel PDG d'Oseo, serait également sérieusement étudiée. Ses compétences et sa connaissance des PME sont reconnues au plus haut niveau de l'Etat. A la tête de la banque publique depuis 2007, il a réussi l'alliance entre l'Anvar et la BDME, puis de l'Agence de l'innovation industrielle (AII). Il a également répondu présent à chaque fois que l'exécutif confiait de nouvelles missions à la banque publique. La rapidité avec laquelle Oseo a mis en place sa filiale Oseo Industrie l'atteste. Entre l'annonce de Nicolas Sarkozy, le 28 janvier, de créer une banque de l'industrie pour contrer le projet de banque publique des PME du candidat François Hollande, et la réception en mars de son agrément banque de la part de l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP), il ne se sera écoulé que quelques semaines.

L'importance de la dimension régionale

Par ailleurs, la force d'Oseo reposant sur ses 37 antennes régionales, François Drouin possède une forte connaissance de la problématique économique des territoires. Ce point est important à souligner, étant donné le poids des Régions dans le dispositif BPI. En effet, si la présidence du conseil d'administration leur a échappé, les Régions n'ayant que deux représentants sur cinq administrateurs, elles présideront le conseil d'orientation de la BPI. En outre, on peut faire confiance à Alain Rousset, le président de l'Association des régions de France (ARF) pour que leur voix porte au-delà du comité d'orientation.

« Cette solution a du sens mais elle souffre deux critiques. D'une part, François Drouin est un banquier pur jus. Or, la BPI devra aussi apporter des fonds propres sous forme de prises de participation aux entreprises. C'est un métier très différent de celui de banquier, même si Oseo offre depuis peu des solutions de ce type avec le contrat de développement participatif. Par ailleurs, serait-il judicieux de la part du gouvernement de faire 'grimper' quelqu'un déjà en place ? Cette nomination pourrait rallumer les tensions et les guerres d'ego qui existent entre les différents financeurs publics », explique une source proche du dossier.
 
>> Diaporama BPI : qui sera le patron "élu" ?

Commentaires 48
à écrit le 17/10/2012 à 14:55
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Sa nomination était impossible.Pierre Moscovici est conscient de l'affaire Areva NP instruite par le procureur de Nuremberg et a un accès complet au dossier Uramin.Après EUR160M de provisions au premier semestre sur "les mines", Areva a récemment ann...

à écrit le 17/10/2012 à 0:32
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Combien de mois lui aura-t-il fallu patienter après son bien trop tardif déboulonnage d?Areva ? avant que de succomber à l?appel d?un nouveau pot de confiture et à la perspective savoureuse d?y tremper ses doigts si délicatement crochus ? 16 mois, p...

à écrit le 14/10/2012 à 23:06
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Au secours, Calamity Anne revient : ce n'est pas grave, le Con-Tribuable payera les dégâts et ses indemnités.

à écrit le 14/10/2012 à 18:11
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Uramin n'est en aucun cas la faute d'Anne Lauvergeon: je le répète, elle a eu de mauvaises informations de la part des premiers propriétaires! Les EPR se vendent plus cher, pourquoi? Parce qu'il n'y en a pas assez en construction! Un en France, un en...

le 14/10/2012 à 21:50
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"elle a eu de mauvaises informations de la part des premiers propriétaires". C'est vraiment dommage pour elle. Naïve en quelque sorte et donc pas calibrée pour diriger une grande entreprise, c'est sans doute ce que vous voulez dire.

le 15/10/2012 à 18:42
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Je ne dirai aucun mal d'une personne qui a été aussi importante pour la France qu'Anne Lauvergeon. Ce qu'elle a fait d'Areva, personne d'autre n'aurait pu le faire. Ca arrive à tout le monde de faire des erreurs de parcours. Si elle était si peu cali...

à écrit le 14/10/2012 à 13:15
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On est le 1er avril? La tribune fait une blague? Franchement remettre en selle Anne pour gérer 30 milliard c'est la blague du siècle!! Doit on rappeler ses "exploits"? : Uramine acheté 1,8 milliards, alors que ça vaut rien. Et vendre 3 milliards un E...

à écrit le 13/10/2012 à 17:56
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Un duo vraiment contestable d'experts en PME, pour gérer une usine à gaz supplémentaire....

à écrit le 13/10/2012 à 17:44
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BPI !! A croire que les banques ordinaires n'arrivent plus à distribuer équitablement le crédit pour le compte de l'état français ? A la place se mettent en action des banques par procuration adeptes du soutient abusif c'est à dire de la concurence ...

à écrit le 13/10/2012 à 14:24
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Et on prend les mémes et on recommence.Bravo la gauche.

le 13/10/2012 à 23:57
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puisque les electeurs sont restes chez eux au lieu de se deplacer pr aller VOTER vs en subissez les consequences -

à écrit le 13/10/2012 à 13:58
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Comment ces personnes qui figuraient encore il n'y a pas si longtemps dans les rubriques ''scandales politico-financiers'' peuvent elles être de nouveau rappelées à la tête d'un organisme d'état? Après les pertes d'Areva? Après le scandale d'Uramin? ...

le 13/10/2012 à 14:24
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tout simplement parce que concernant lauvergeon elle a fait progresser le chiffre d'affaires de son entreprise en des temps difficiles tout en étant victime de surévaluation des mines africaines et des prétentions des cadres et ingénieurs à réaliser ...

le 13/10/2012 à 15:04
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On a bien sûr le droit de se tromper mais sa proximité avec l'actuelle majorité n'est un secret pour personne. Et il y a se tromper et se tromper. Elle a été ma conseillée, elle a mal évalué, elle s'est trompée sur, en tout cas elle ne s'est pas loup...

le 13/10/2012 à 15:21
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La difficulté dans le choix des dirigeants vient du fait que dans un premier temps les pouvoirs publics sollicitent des professionnels qui déclinent l'offre et préfèrent rester là où ils sont .Pourquoi ? peut etre savent ils que se sera un panier de ...

le 13/10/2012 à 23:12
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@Lefrançois : elle s'est juste trompée de 5.5 milliards, alors on a dejà assez de problèmes pour encore mettre des bras cassés de cette catégorie à la tete d'une banque sensée aider nos entreprises. Il faut que ce soit un entrepreneur, et cheu Oseo i...

à écrit le 13/10/2012 à 13:17
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Tout ça pour financer des canards boiteux qui n'ont pas accès aux crédits privés.

à écrit le 13/10/2012 à 11:22
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Hollande place ses amis et copains socialistes aux postes clefs. Encore un mensonge par rapport à sa campagne "Moi Président, je ne mettrais pas mes copains aux postes importants de la république". Quel menteur ce type.

à écrit le 13/10/2012 à 11:03
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Le changement, c'est maintenant, promettait-il ? On reprend les mêmes loosers pour un résultat identique sous Sarkozy ! L'Aristotechnocratie n'a rien compris. En mai 2013, les français seront dans la rue, nous en faillite, eux en fuite. Certains noms...

à écrit le 13/10/2012 à 10:34
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Ca commence mal, c'est dommage pour la BPI et surtout pour ceux qui en attendaient quelque chose.

à écrit le 13/10/2012 à 10:30
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Pourquoi mettre à la tete d'unoutil stratégique des gens qui n'ont jamais fait quoique ce soit par eux-memes mais avec l'argent des autres et sans aucun risque direct en cas de perte. Il faut un entrepreneur à la tete de cette BPI, et pas un gestionn...

à écrit le 13/10/2012 à 10:08
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L'idée de départ est bonne sauf qu'à l'arrivée tout le monde revendique le pouvoir et cherche à se placer ou à placer ses amis. Vous aurez des instances de décisions qui se marcheront sur les pieds quand elles n'entraveront pas les financements et p...

à écrit le 13/10/2012 à 8:56
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Un banque d'état pour financer avec l'argent du racket fiscal ...! le/les déficits probables du Ministère du redressement improductif...quelle belle trouvaille du politburo...!

à écrit le 13/10/2012 à 5:22
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La BPI "un truc" à la française. Premier acte en dehors de celui politique, pas une compétence fraçiase et pourtant que d'homme de grandes écoles type ENA et S.po pour monter cette banque donc au fait appel à l'extérieur Lazard. Acte deux comment pa...

à écrit le 13/10/2012 à 2:15
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A vrai dire, on pourrait se demander si elle a tout simplement des compétences au vu de ses résultats passés. Sinon, nous sommes en France, donc le bon profil, c'est pour les autres. Là on parle du coeur de métier: la politique...

à écrit le 12/10/2012 à 23:29
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Maintenant, ils se mettent à deux sur un seul poste. Pour faire des économies, sans doute. Si vous vous demandiez encore à quoi peuvent bien servir les montagnes d'impôts prélevés, ne cherchez plus !

le 13/10/2012 à 12:53
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des eonomies? deux salaires au lieu d'un seul? vont ils le diviser par deux, car deux fois moins de charges de travail?

à écrit le 12/10/2012 à 22:11
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Il est étonnant que le choix se limite a une indistrielle de très Ge et au banquier nomme a oseo par N'.Sarkozy: n'a t on pas des représentants d'une nouvelle génération et + representatif des PME, enfin - voir mon précédent commentaire- on ne sait t...

à écrit le 12/10/2012 à 20:55
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"Ce qui m'a désespéré ces dernières années dans le domaine nucléaire, c'est de voir comment nous avons pu perdre le fil." A cause de qui ? Je crois que Mme lauvergeon ne se rend pas compte de ce qu'est l'industrie...elle croyait que l'epr se allait ...

à écrit le 12/10/2012 à 20:24
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Après avoir empoché 1 million d'Euros elle doit reprendre le boulot la pauvre !

le 12/10/2012 à 21:16
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C'ets surtout après avoir perdu 1,8 Milliards d'euros chez Areva en se faisant truffer dans le rachat d'Uramin. Mais notre Flamby national est impayable, il a décidé de nous faire mourir de rire pendant 5 ans.

le 13/10/2012 à 13:49
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@Miloo : c'est mieux que mourir de peur comme ces 10 dernières années...

à écrit le 12/10/2012 à 19:49
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Et une fois de plus, on joue au copain du copain, car entre nous quelle est la corrélation entre le nucléaire et la finance ??

le 13/10/2012 à 13:48
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Ne confondez pas la finance et le financement de l'investissement. Cela n'a rien à voir.

à écrit le 12/10/2012 à 19:44
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Grace à ce poste, Anne Lauvergeon pourra vanter les mérites des meilleures industries de France: le nucléaire, l'aéronautique... Ainsi pourra-t-elle favoriser les investissements dans ces domaines, ce serait bien utile.

le 12/10/2012 à 21:13
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C'est vrai qu'en matière d'investissements, l'ancienne "protégée" de François Mitterrand a fait ses preuves chez Areva avec l'affaire Uramin.

le 13/10/2012 à 13:38
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Il ne faut pas voir que les points négatifs, elle a fait beaucoup de bonnes choses comme, par exemple, porter Areva au numéro un mondial du nucléaire, ce qui est une chance pour la France.

à écrit le 12/10/2012 à 19:43
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Son sens de l'Etat lui ouvre toutes les portes.D'ailleurs elle sera reçue par le premier ministre mardi prochain,la veille de sa très probable nomination.Souhaitons-lui bonne chance dans ce nouveau challenge.

à écrit le 12/10/2012 à 17:12
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et a fait perdre des milliards à AREVA dans un invetissement minnier hasardeux Inquietant pour une future investisseuse

le 12/10/2012 à 18:47
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capital investissement: voilà bien la question, j'espère que l'on se gardera de prendre des gens plus stimulés par la finance que par le service de l'Etat n'en déplaise aux nuées de rapaces.

à écrit le 12/10/2012 à 16:59
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Anne Lauvergeon est la candidate de Matthieu Pigasse, le banquier de lazard conseil de Moscovici (dans les conditions troubles que l'on sait) et c'est lui qui tire les ficelles en coulisses de la BPI.

à écrit le 12/10/2012 à 16:49
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Le "départ" de Lauvergeon d'Areva a été une perte considérable pour le nucléaire et le secteur de l'énergie en France, car que l'on l'apprécie ou non, elle incarne le nucléaire français, et elle incarnait Areva. Elle est une grande figure de l'indust...

le 12/10/2012 à 17:12
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le nucleaire français ne peut etre incarné par une seule personne. Par ailleurs la promesse du gouvernement de ne produire que 50% de l'electricite par ce moyen représente(ra) une "perte pour le nucléaire"beaucoup plus efficace que le départ d'anne l...

le 12/10/2012 à 19:40
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Juste pour information, françois h, ce n'est pas en fermant seulement Fessenheim que le nucléaire va régresser de 25%, surtout que Flamanville 3 aura quasiment la même puissance que Fessenheim 1 et 2. C'est donc une promesse en l'air, et tant mieux c...

le 12/10/2012 à 21:11
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"perte considérable", je pense qu'il s'agit de cet humour français que le monde nous envie. Anne Lauvergeon a fait perdre à Areva, (donc aux contribuables) 1,8 Milliards d'Euros dans l'affaire Uramin. Je dois reconnaître que dans un régime un tant so...

le 13/10/2012 à 13:34
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Elle n'y était pour rien dans l'affaire Uramin. Elle a eu de mauvaises informations de la part des premiers propriétaires de la société. En attendant, les promesses énergétiques de Mr Hollande (qui ne seront sûrement pas tenues, et tant mieux) vont ...

le 13/10/2012 à 13:46
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@AtomicD : factuellement vous n'avez pas tort quand vous dites que le nucléaire permet aux français de payer relativement peu cher leur éléctricité. Par contre quand vous dites que le nucléaire est une énergie d'avenir vous semblez oublier que les ré...

le 14/10/2012 à 10:43
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En effet, les réserves d'uranium s'épuisent, c'est pourquoi on étudie des réacteurs à neutrons rapides qui consomment beaucoup moins pour tenir jusqu'à la mise en service de la fusion nucléaire qui, elle, ne consomme plus du tout d'uranium. Pour les ...

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