Sciences Po n'en a pas fini avec la gestion Descoings

La Cour des comptes a décidé de saisir la cour de discipline budgétaire et financière, qui pourrait sanctionner certains responsables de Sciences Po, dont Hervé Crès, qui attendait la confirmation de sa nomination. La ministre de l'enseignement supérieur a décidé la nomination d'un administrateur provisoire
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 La Cour des comptes, relevant "des irrégularités récurrentes dans la gestion" de Sciences Po entre 2005 et 2010, sous Richard Descoings, a décidé jeudi de "saisir la Cour de discipline budgétaire et financière" (CDBF), qui peut prononcer des amendes et d'autres sanctions. 

Dans son rapport rendu public jeudi, la Cour ne met en cause aucun dirigeant de l'école nommément. Mais elle pointe des irrégularités dans la gestion des enseignants, sous la responsabilité de quatre directions, dont celle des études et de la scolarité, dirigée depuis 2008 par Hervé Crès. Or Hervé Crès a été désigné par les conseils de Sciences Po pour succéder à Richard Descoings qui a dirigé la prestigieuse école de 1996 à son décès début avril. Sa nomination était suspendue au feu vert de François Hollande et de la ministre de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso, qui attendaient la publication du rapport avant d'avaliser ou non sa désignation. Les chances de Hervé Crès semblent aujourd'hui presque nulles, la ministre ayant annoncé ce matin la nomination d'un administrateur provisoire, au profil de "personnalité incontestable". Il sera désigné sous quelques jours.

La nomination de Hervé Crès remise en cause

Dans ses réponses à la Cour, Sciences Po objecte que la gestion des enseignants-chercheurs relève de "la direction de l'information scientifique". La CDBF est une juridiction administrative spécialisée associée à la cour des comptes. Elle peut prononcer des amendes et ses décisions sont publiées au Journal officiel. Avec cette saisine, Hervé Crès se trouve quasiment éliminé de la course à la direction de Sciences Po,  au vu des risques de poursuites contre lui et d'autres dirigeants. Le processus de succession, près de huit mois après le décès brutal de Richard Descoings à New York. est donc de fait relancé. Ce que refuse Hervé Crés, qui a déclaré dans une interview au Monde ne pas vouloir renoncer à sa nomination....

"Le contrôle de la Cour" a mis en lumière des "défaillances nombreuses dans la gestion financière et matérielle de l'établissement", souligne le rapport, qui avait largement fuité. La Cour épingle des "irrégularités multiples et récurrentes dans la gestion du service des enseignants-chercheurs", payés entièrement sans assurer nécessairement toutes leurs heures, des emprunts toxiques dans le cadre de la stratégie immobilière, ou la "faiblesse des contrôles internes et externes", citant "l'utilisation abusive de cartes bancaires".

"Défaillances structurelles"

Elle pointe un système de rémunération du directeur de Sciences Po extrêmement coûteux et sans transparence - le salaire de Richard Descoings avait culminé à 537.247 euros en 2010 - et une rémunération opaque des cadres dirigeants qui doit être réformée. Elle cite aussi le financement par Sciences Po de la mission Lycée, confiée en 2009 par l'Elysée à Richard Descoings, sans qu'elle ait été approuvée par le Conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP).

Certaines "défaillances" sont conjoncturelles, d'autres "sont structurelles" et ont été "permises par l'ambiguïté juridique qui caractérise le statut actuel de Sciences Po", estime le rapport. Dans ses réponses, Sciences Po insiste sur la légitimité de son double statut, privé (FNSP) et public (IEP). "Sciences Po a reconnu certaines des irrégularités constatées et s'est engagée à y mettre fin", indique la Cour. "Cette mise en conformité et la remise en ordre de la gestion doivent toutefois s'accompagner d'une clarification des règles applicables à la FNSP", ajoute le rapport.

Audition de Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau

Les présidents des deux instances de Sciences Po, Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau, sont auditionnés ce matin à l'Assemblée nationale sur le rapport et sur le processus de désignation du directeur. Vingt-quatre candidats s'étaient déclarés pour succéder à Richard Descoings, dont quatre ont été auditionnés: outre Hervé Crès, le politologue Dominique Reynié, le diplomate Gilles Andreani et l'ancien recteur Jean-Michel Blanquer, dont le remplacement à la tête de la Direction générale de l'enseignement scolaire (Dgesco) au ministère de l'Education a été annoncé mercredi, relançant les spéculations.

Commentaires 6
à écrit le 22/11/2012 à 15:09
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Et dire que toute la caste politico-médiatique du politiquement "correct" encensait descoing à longueur d'articles ...!! Si la droite est la plus "bete" du monde , la presse française est certainement la moins perspicace loin à la ronde .

à écrit le 22/11/2012 à 14:08
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et voilà encore un beau exemple de la république bananière française

à écrit le 22/11/2012 à 13:33
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Plus les appartements. Nous devons empêcher que l'on accumule des fortunes dans l'Etat, nous avons 80% de la population contre les prébendes des députés et autres apparatchiks et 50% qui refuse le vote. Faisons comme l'UMP appelons à manifester à rés...

le 22/11/2012 à 13:47
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"Faisons comme l'UMP appelons à manifester à résister": qu'entendez vous par cette phrase vu le contexte actuel de l'UMP ?

à écrit le 22/11/2012 à 12:50
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537.247 euros de salaire annuel en 2010 pour Richard Descoing, c'est bien la discrimination positive...Comment se situe ce salaire par rapport à un directeur d'école ou de faculté équivalente ?

le 22/11/2012 à 13:56
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Presque 5 fois plus que ce que gagne un directeur d'université normal ( un peu plus 100 000 euros par an). Il faut noter toutefois que cette année avait été exceptionnelle, la rémunération du directeur étant en moyenne un peu inférieure à 300 000 eur...

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