Avant Montebourg, beaucoup d'autres ministres ont été au bord de la démission...

"Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne" selon la célèbre formule de Jean-Pierre Chevènement. "L'Affaire Arnaud Montebourg", dont la démission de ses fonctions de ministre du Redressement productif aurait été refusée par le président de la République ce week-end, n'est que le dernier épisode d'un déjà long feuilleton sous la cinquième République: ces ministres qui voulaient démissionner, ceux qui l'ont fait, pas osé le faire, sont finalement restés, ont été "démissionnés"... Petit tour d'horizon.
François Baroin avait menacé de démissioner s'il n'obtenait pas le portefeuille de l'Economie dans le dernier gouvernement Fillon.

Ceux qui ont failli démissionner par choix

Martin Hirsch

Martin Hirsch a été un spécialiste de la menace de démission. A plusieurs reprises, il agite cette menace, notamment au printemps 2008, alors que le revenu de solidarité active (RSA), dont il défend la création, semble repoussé. « Si je n'ai pas trois milliards, je démissionne » dit-il alors dans un entretien à Rue 89. Finalement, la création du RSA sera confirmée en septembre 2008.

François Baroin

En juin 2011, alors que Christine Lagarde quitte Bercy pour prendre la tête du Fonds monétaire international, François Baroin, qui veut plus que le ministère du Budget -à la tête duquel il se trouve depuis mars 2010- se voit déjà remplacer la ministre de l'Economie. Mais Bruno Le Maire est sur les rangs. La menace de démission de François Baroin sera efficace. Il remplace Christine Lagarde.

Bruno Le Maire

En juin 2011, Bruno Le Maire se montre un peu las du ministère de l'Agriculture. Lors d'un remaniement ministériel, il réclame le poste de ministère de l'Economie et des Finances. Cette promotion est quasiment acquise, jusqu'au moment où François Baroin, menaçant de claquer la porte, obtient Bercy. Le Maire menace alors de démissionner. Il finit par rester à l'Agriculture.


Rama Yade.

La secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, puis secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux sports dans les gouvernement Fillon, a failli démissionner à la suite du discours de Dakar de Nicolas Sarkozy où il affirmai tque « l'homme africain n'est pas assez rentré dans l'histoire ». Elle a eu beaucoup de mal aussi à digérer le faste déployé pour la visite de Kadhafi à Paris en 2007, estimant « que la France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort ». Elle sera finalement éjectée en décembre 2010 au moment de la formation du gouvernement « Fillon III ».


Fadela Amara

Cette autre figure de la diversité, secrétaire d'Etat à la politique de la ville, a eu des états d'âme à l'été 2008 après le fameux discours de Grenoble du Président, où il songeait vouloir prononcer la déchéance de la nationalité française pour les Français fraîchement naturalisés, auteurs d'acte de délinquance. Finalement, elle restera.... Mais sera aussi débarquée en décembre 2010.


Jean-Louis Borloo

Lui aussi a eu quelques vapeurs après le fameux discours de Grenoble du président en août 2010. Ministre de l'Ecologie dans le gouvernement Fillon II, il est fortement pressenti pour devenir Premier ministre. Finalement, en décembre de cette même année, Nicolas Sarkozy reconduit François Fillon dans la fonction. Déçu, Jean-Louis Borloo décide lui même de ne pas faire partie du gouvernement Fillon III.

Ceux qui ont failli démissionner sous la pression


Christine Lagarde

Les débuts de Christine Lagarde à la tête du ministère de l'Economie sont compliqués par la multiplication de gaffes. A l'automne 2008, elle est donnée comme partante. Une autre alerte aura lieu en mai 2011, quand elle est mise en cause à propos de Bernard Tapie : elle aurait agi contre son ministère pour favoriser un arbitrage en faveur de celui-ci. Sa nomination à la tête du FMI un mois plus tard, où elle remplace DSK , lui permet de partir la tête haute.


Dominique Voynet

La ministre de l'Environnement commet une lourde erreur, en novembre 1998, en sous-estimant l'impact de la catastrophe de l'Erika. Elle se retrouve pendant plusieurs jours sous une forte pression, qui la conduit à s'interroger sur une éventuelle démission.

Celle qui aurait pu démissionner sous la pression mais qui ne le voulait pas

Cécile Duflot

La ministre du Logement a démenti en septembre 2012 vouloir quitter ses fonctions, alors que ses amis d'Europe Ecologie-Les Verts souhaitaient rejeter le traité budgétaire européen en discussion au Parlement.


Les habitués du genre

Bernard Kouchner

Que ce soit sous la gauche ou sous la...droite -il est l'un des rares ministres «trans-gouvernements »-, Bernard Kouchner est un spécialiste de la menace de démission. Exemple : fin août 2010, il envoie une lettre de démission où il se plaint de subir des « humiliations » de la part des conseillers de Nicolas Sarkozy et d'un « dérive sécuritaire ». Nicolas Sarkozy lui demande de rester.... ce qu'il fait. Quelques mois plus tard, à la mi novembre 2010, il est sorti du gouvernement...

Jacques Delors

Le premier ministre des Finances de François Mitterrand était présenté comme « l'homme qui menaçait de démissionner toutes les semaines ». Notamment au printemps 1982 quand il tentait de faire comprendre qu'il y avait le feu au lac et qu'il fallait arrêter les réformes sociales jugées trop dispendieuses. En juin, il menaçât ainsi de quitter ses fonctions, si une nouvelle dévaluation du franc n'était pas décidée. Idem en 1983 quand François Mitterrand songeait à mener « une autre politique » et à sortir le franc du SME... Mais cette année là, il espérait, surtout, que le président le nommerait à Matignon où, finalement, Pierre Mauroy fût reconduit. Et, in fine, Jacques Delors n'a jamais démissionné de ses fonctions de ministre...

Michel Rocard

Il a plusieurs fois songé à démissionner de ses fonctions ministérielles, nombreuses, occupées sous les deux septennats de François Mitterrand. Notamment en 1982, quand, en tant que ministre du Plan, il était opposé aux nationalisation à 100%. Mais c'est finalement le 4 avril 1985 qu'il démissionnera de ses fonctions de ministre de l'Agriculture pour protester contre la décision du président de la République d'instituer le mode de scrutin proportionnel pour les législatives de 1986. Devenu Premier ministre en 1988, Michel Rocard sera contraint par François Mitterrand de démissionner le 15 mai 1991.

 

Ceux qui ont démissionné

Françoise Giroud
Secrétaire d' Etat à la Condition féminine au début du septennat de Valéry Giscard d'Estaing (gouvernement Chirac), puis secrétaire d'Etat à la Culture (premier gouvernement Barre), Françoise Giroud, prise dans un scandale (plainte déposée contre elle pour port illégal de la médaille de la Résistance; dont elle sortira blanchie en 1979 ), décide de quitter la politique fin mars 1977.


Nathalie Kosciusko-Morizet

NKM a bien démissionné fin févier 2012 de son poste de ministre de l'Ecologie pour devenir porte-parole du candidat Sarkozy pour la campagne présidentielle. Mais avant ça, en avril 2008, la ministre s'était émue du manque de soutien de son ministre de tutelle Jean-Louis Borloo, lors de la discussion du texte sur les OGM à l'Assemblée nationale, l'accusant « de fuir ses responsabilités ». Nicolas Sarkozy avait dû procéder à un rappel à l'ordre.

Chantal Jouano.

Alors ministre des Sports, Chantal Jouano a démissionné de cette fonction en septembre 2011 quand elle a été élue sénatrice UMP de Paris (elle a, depuis, rejoint l'UDI de Jean-Louis Borloo). Mais, quelques mois auparavant, alors qu'elle était ministre de l'Ecologie, Chantal Jouano s'était interrogée sur sa présence au gouvernement quand Nicolas Sarkozy l'a violemment désavoué sur le projet d'instituer une taxe carbone.
 

Commentaires 7
à écrit le 05/12/2012 à 0:12
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Ministres de l'Elimination Sociale et de l'Administration de la Misère... on fait dans la corée du nord. Et on appelle ça humanisme?

à écrit le 04/12/2012 à 7:13
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Il y a tout de même une grosse différence entre les cas cités et mr Montebourg : Je n ai rarement vu un ministre autant désavoué , écarté, presque traité de zozo ou menteur par son premier ministre .. Je me mare quand on disait de sarko qu il était ...

à écrit le 03/12/2012 à 20:27
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Hahahahahaha! Bientôt une colonne calimero pour nos ministres? On croit rêver. Qu'on nous parle de toutes les mesures et déclarations totalement irresponsables, de leur volonté de "changer" les gens contre leur gré, de leurs lubies, de leurs fautes, ...

à écrit le 03/12/2012 à 20:27
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"Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne" selon la célèbre formule de Jean-Pierre Chevènement. ............ tres fort !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! c'est pas lui qui etait ministre de la defense au moment de la guerre du golfe a laquelle il s'oppo...

le 03/12/2012 à 21:47
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Chevenement a démissionné le 29 janvier 1991, une semaine après le début de l'intervention française dans la guerre du golfe, en protestation contre cette entrée française qu'il estimait inopportune et contre l'intérêt de la France, et qu'il n'a pu ...

à écrit le 03/12/2012 à 17:52
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Oui, mais là, on touche le fond ! des ministres qui insultent les investisseurs et les chefs d'entreprises et brandissent le chantage à la nationalisation ..... comment va -t- on sortir du chômage avec de tels arguments ? ce ont les chefs d'entrepris...

le 03/12/2012 à 20:28
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vous, vous n'avez pas encore compris qu'ils s'en foutent, tant qu'il y a des c.. pour remplir les caisses... votre pays decouvre lentement que les caisses se vident subreptissement, ca vient pas de nulle part... aucun politique ne prendra ses respons...

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