Faut-il interdire la stratégie de groupe en France ?

Dévoilé par La Tribune, un texte signé par des parlementaires et des reponsables économiques de l'Hérault porte un proposition de loi visant à protéger les TPE et PME en cas de rachat par un grand groupe. Celle-ci est présenté ce vendredi. Selon les signataires de ce texte, le code des sociétés serait bien plus protecteur pour les PME en Allemagne. Plutôt que de se comporter en prédateur, les grands groupes allemands préfèreraient favoriser le développement des PME qu'elles contrôlent.
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Pour favoriser le développement des PME et l'émergence de nouvelles entreprises de taille intermédiaires (ETI) assez puissantes pour embaucher, exporter et innover, les gouvernements successifs multiplient les initiatives, notamment dans le domaine de la fiscalité. De nouvelles structures ont également été crées. Citons OSEO et sa déclinaison, OSEO Industrie, le Fonds stratégique d'investissement (FSI) ou encore la petite dernière, la Banque publique d'investissement (BPI), entre autres (super)structures de soutien public aux entreprises.

Et s'il suffisait de légiférer intelligemment en imitant, une fois n'est pas coutume, nos voisins allemands ? Actuellement, des parlementaires et des reponsables économiques de l'Hérault portent une proposition de loi visant à protéger les TPE et PME françaises en cas de rachat par un grand groupe. Celle-ci sera présenté à la presse ce vendredi.

Les grands groupes, les prédateurs des PME

Dans une tribune* qui présente cette initiative, et que La Tribune dévoile en exclusivité, les parlementaires souhaitent attirer l'attention des pouvoirs législatif et exécutif sur cette question essentielle. « En cette période difficile, il est absolument indispensable de faciliter la croissance de nos PME en attirant les capitaux des grands groupes, mais sans freiner les dynamiques locales au profit des stratégies internationales, notamment de délocalisation. Loin de les opposer les unes aux autres, il convient de rappeler que les relations entre PME et grandes entreprises sont "naturelles", notamment lorsqu'une PME a acquis un savoir-faire ou une technologie dans un domaine en forte croissance et à forte intensité capitalistique, justifiant un besoin en capitaux dont elle ne dispose pas. Elle a alors besoin de lever des fonds et dans de nombreux cas les fondateurs perdent le contrôle de la société en devenant minoritaires », précise ce texte.

Il vaut mieux être une PME allemande

Dès lors, l'avenir de la PME ne sera pas le même selon qu'elle est française ou allemande. Pour quelles raisons ? Les grands groupes seraient plus vertueux que leurs homologues français ? « C'est une absurdité ! Le capitalisme n'est pas plus vertueux d'un pays à une autre », estime Jean-Michel Germa, le fondateur de La Compagnie du Vent, une PME spécialisée dans l'éolien qui a périclité après son rachat en 2007 par GDF-Suez. « La différence entre la France et l'Allemagne réside dans le fait qu'outre-Rhin, les PME sont protégées de toute décision prédatrice prise par les grands groupes industriels avec lesquels elles sont amenées à engager des relations capitalistiques », poursuit le chef d'entreprise. De fait, le code allemand des sociétés prévoit en effet que si un groupe prend, dans son seul intérêt, des décisions préjudiciables aux intérêts d'une société qu'il contrôle, il doit alors compenser directement les actionnaires minoritaires lésés par cette décision. En outre, ce « dédommagement » doit être réalisé avant que le grand groupe ne « pille » son petit partenaire.

La raison du plus fort n'est pas la meilleure outre-Rhin

Dans ce contexte, les grands groupes préfèrent accompagner les PME qu'ils contrôlent dans leur développement. C'est en partie pour cette raison que le tissu économique allemand compte plus de 12.000 entreprises de taille intermédiaire quand la France en affiche 4.600 à peine. Remis en 2010 à François Fillon, le rapport du sénateur de Vendée Bruno Retailleau intitulé « « Les entreprises de taille intermédiaire au coeur d'une nouvelle dynamique de croissance », est également éclairant sur ce point. « Les grandes entreprises veillent à ne pas laisser prospérer des entreprises suffisamment fortes pour leur faire concurrence. Ainsi, le processus d'absorption par des groupes est intense : moins de 5 % des entreprises de plus de 500 personnes seraient indépendantes », constate-t-il.

La politique de groupe, le mal français

« Nos grandes entreprises, libres de privilégier une stratégie optimisant le rendement financier de leurs capitaux à court terme, sans tenir compte des contraintes sociales et régionales, appliquent ce qu'elles appellent une 'politique de groupe' conduisant à transférer le savoir-faire de la PME qu'elles contrôlent, voire certains de ses actifs, à commencer par ses compétences humaines,, vers des filiales qu'elles détiennent à 100% et/ou à en freiner le développement au profit de ces mêmes filiales. Ne disposant plus de tout son savoir-faire, n'ayant plus de projets à venir, la PME devient déficitaire et est alors 'restructurée' par l'actionnaire majoritaire. Licenciements et mobilité intra-groupe finissent par vider définitivement la PME qui sera absorbée ou végétera quelques années avant de disparaître », explique cette tribune.

Au regard de ces éléments, la transposition du texte allemand ou de ses principes en France est-elle possible ? Les parlementaires osent l'espérer. Le texte a été transmis à Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif en août. Les responsables politiques et économiques à l'origine de cette initiative n'ont pas encore eu de retour... Quant aux organisations patronales, elles semblent plutôt réservées. Et si le changement c'était maintenant ?

*Les signaires de cette tribune sont Marie-Thérèse Bruguière, sénateur de l'Hérault (UMP), Fanny Dombre-Coste, député de l'Hérault, (PS), Christian Assaf, député de l'Hérault (PS), Anne Yvonne Le Dain, député de l'Hérault, (PS), Frédéric Roig, député de l'Hérault (PS), Jean-Louis Roumégas, député de l'Hérault (EELV), Patrick Vignal, député de l'Hérault (PS), André Deljarry, président de la CCI de Montpellier, Stéphanie Andrieu, directrice générale d'Urbasolar et membre élue de la CCI de Montpellier et Jean-Michel Germa, le fondateur de La Compagnie du Vent et président de Soper.

 

Commentaires 23
à écrit le 29/01/2013 à 21:44
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Il est évident que les grands groupes n ont aucune nationalité c est les PME qu il faut valoriser car elle ont des valeurs sociales et citoyennes que les premières n ont pas

à écrit le 18/01/2013 à 17:28
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En France la plupart des PME ( à l'exception certaines appartenant à des familles ) l'ambition est de vendre à un grand groupe. A savoir si cette mesure, rendra les ventes plus difficiles? cordialement, giantpnda

le 18/01/2013 à 18:24
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effectivement, nombre de PME souhaitent se vendre à de grands groupes, tout simplement parc que la transmission familiale est souvent compliquée : enfant pas motivés et/ou fiscalité compliquée. alors vendre, au fond, c'est plus simple...et comme se...

à écrit le 18/01/2013 à 17:26
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pas idiot, a condition de bien comprendre comment les allemands eux ne sont arrivé là...dans les PME indépendantes, il réussissent à laisser des fonds propres dans leur PME /ETI , à en tirer un revenu, et à les transmettre: en France on matraque fi...

à écrit le 18/01/2013 à 16:47
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L'Allemagne n'est pas tant immunisée comme on le dit. L'an dernier, l'afflux des investissements directs étrangers (IDE), principalement d'outre-atlantique a connu un record historique. La conséquence est que l'Allemagne perd aussi son autonomie capi...

à écrit le 18/01/2013 à 15:50
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Et oui cela s'appelle reguler

à écrit le 18/01/2013 à 14:47
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il faudrait deja s'interresser aux prix de cession entre filiales d'un même groupe international qui permettent d'assecher les resultats d'une filiale pour tranferer les marges sur une filiale étrangere

le 18/01/2013 à 17:04
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@ protection des PME 14:47 : - Excellente observation. Ce type de manipulation n'est pas transparent au niveau des statistiques du commerce extérieur de l'UE et n'est pas compris par les responsables du marché intérieur qui continuent à légiférer en ...

à écrit le 18/01/2013 à 13:17
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Excellent... Il faudrait de même mettre en place un "PME act" gardant les contrats publiques de moins de 150 000 ? pour les PME (max de 20% du capital pris par un groupe ou un fonds)... Et soyons fous interdire de contrats publiques les prétendants...

le 18/01/2013 à 17:17
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@ Pour un retour du politique 13:17 - Tout à fait de votre avis. Pour reconstituer le tissu économique local, il est nécessaire, notamment, de faire acter le principe de publication des appels d'offres publics prioritaires ascendants par niveau géogr...

le 20/01/2013 à 11:48
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L'europe ne veut pas ... Interdit. Ou alors on leur dit d'aller se faire aimablement rapapouter.

à écrit le 18/01/2013 à 12:43
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Le gouvernement devrait tirer des leçons de cette (excellente) idée.

à écrit le 18/01/2013 à 12:00
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Cela fait longtemps que ce type de mesure aurait du être prise. En France et en dehors du secteur de l'internet, le patron qui vend à un grand groupe ne garde que rarement des parts dans sa société. Il sait très bien que le groupe ne la valorisera pa...

à écrit le 18/01/2013 à 11:59
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La toute puissance des grandes entreprises françaises remises en question ? peu probable, le va et vient des enarques et autres x, entre public et privé en serait gêné. Pas besoin de prendre l'exemple de l'Allemagne : il suffit de voir ce que devienn...

le 18/01/2013 à 12:30
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Pas de doute vous êtes socialiste, La France vit sur une autre planète, tout va bien.

à écrit le 18/01/2013 à 11:41
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J'abonde dans le sens de churchill. Déconnecter le destin d'une PME des préoccupations de son dirigeant , bien souvent fondateur ou fils du fondateur est une ineptie bien française. En France, on ne veut pas de riches.Alors il faut admettre que ceux ...

à écrit le 18/01/2013 à 11:17
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Etrange, nos habituels admirateurs inconditionnels de l'Allemagne qui se précipitent sur leur clavier pour expliquer que les salariés français doivent accepter des petis boulots à 500? pour être compétitifs, sont assez silencieux dès lors que l'on pr...

à écrit le 17/01/2013 à 18:00
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ces parlementaires qui ne parlent pas allemand et n'y ont jamais travaille devraient se dire que de toute facon ca n'interesse aucun chef d'entreprise de travailler toute sa vie a creer une eti puissante a l'international pour se faire confisquer 75%...

le 18/01/2013 à 12:14
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retire l'or qui se trouvait dans nos banques

le 18/01/2013 à 12:27
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@churchill : vous avez raison sur le fait que le racke fiscal actuel décourage. Mais l'initiative est bonne si demain l'hyper fiscalité évoluait dans le bon sens.

le 18/01/2013 à 15:13
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Sauf que je me souviens de plusieurs articles sur ce site ou on parlait des reventes de PME. La plupart des PME francaises sont revendues tres rapidement dans le but de faire une plus-value rapide. Donc travailler toute une vie, c'est rarement le cas...

le 17/02/2015 à 11:29
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On parle de retraite par répartition mais où sont les réformes des retraites spécifiques très avantageuses et très inégalitaire avec le privé ? Faudra-t-il que la société civile descende dans la rue pour se révolter contre la monarchie parlementaire ...

le 18/02/2015 à 6:57
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Bonjour, je l'ai déjà dit, et je continue, deux directions s'imposent désormais: faire participer les robots aux cotisations, les spécialistes calculeront...cela éviterait les fuites de capitaux de façon tres fantaisiste... et controler les naissan...

à écrit le 17/01/2013 à 17:43
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... est une escroquerie aux mains des barons socialistes aussi responsables que des poulpes

le 18/01/2013 à 18:19
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Oséo a été initié par Nicolas Sarkozy .............. !

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