C'était le 1er décembre. Arnaud Montebourg avait bien préparé sa lettre de démission. Le ministre du Redressement productif venait d'être sévèrement désavoué par son Premier ministre. La veille, Jean-Marc Ayrault - qui avait repris brièvement la main sur le dossier Florange - avait annoncé qu'il n'aurait pas de nationalisation temporaire du site sidérurgique mosellan d'ArcelorMittal. Un camouflet pour Arnaud Montebourg qui défendait cette ligne. Il s'apprête alors à quitter le gouvernement. Interviewé ce vendredi sur BFM, le ministre l'assure : "Oui, mon discours de démission était prêt." Mais finalement, il affirme avoir renoncé au dernier moment. D'après lui deux personnes l'on "convaincu de ne rien faire : le président de la République, et monsieur Edouard Martin, le syndicaliste de la CFDT".
Arnaud Montebourg vient ainsi confirmer les propos du représentant d'ArcelorMittal pour le site de Florange. Véritable leader des 600 salariés menacés par la fermeture du site sidérurgique, il a expliqué mi-décembre la manière dont il avait tenté de remonter le moral du ministre en colère. "Vous n'avez rien à vous reprocher. Vous avez fait le job. Pour une fois qu'on a un ministre qui a des couilles on va quand même pas l'engueuler. Nous ici à Florange on ne vous en veut pas. Pour nous, le combat continue et on aura encore besoin de vous", a-t-il lâché sur Canal +.
Le 30 novembre, lorsque Jean-Marc Ayrault a annoncé l'accord du gouvernement avec le géant indien de l'acier, les images de son visage dépité, au bord des larmes, avait fait le tour des télés. Effondré, il avait lâché un cinglant "putain, traîtres", en se prenant la tête entre les mains.
Mittal "n'a pas respecté la France"
L'accord conclu avec ArcelorMittal prévoyait un investissement de 180 millions d'euros sur cinq ans sur le site mosellan, couplé à l'absence de plan social. Le groupe s'est par ailleurs engagé à maintenir en état les hauts-fourneaux en l'état, dans l'attente de la réalisation du projet de captage et de stockage de CO2 européen Ulcos. Un projet, qui fut enterré par Mittal... cinq jours plus tard.
Pourquoi Edouard Martin a-t-il demandé à Arnaud Montebourg de rester? Probablement pour continuer le combat, au regard de l'engagement du ministre en faveur du maintien des hauts-fourneaux. Entre l'annonce de repreneurs potentiels ou la possibilité que l'Etat cède 1% de GDF Suez pour une nationalisation temporaire... depuis le début, le ministre s'était engagé dans un véritable bras de fer avec le groupe sidérurgiste. Dans une interview aux Echos fin novembre, il avait indiqué ne plus vouloir de Mittal dans l'Hexagone, "parce qu'il n'a pas respecté la France".