"Je suis tombé de l'armoire". Telle fut la réaction de Nicolas Hulot quand il a appris le limogeage de Delphine Batho pour avoir critiqué publiquement son budget mardi dernier, raconte l'écologiste dans une interview accordée au JDD daté de ce dimanche. "J'ai trouvé tout cela disproportionné", poursuit-il. "Delphine a accompagné avec opiniâtreté le débat sur la transition écologique. Le moment n'est pas opportun. Au-delà du fait que j'ai beaucoup de respect pour elle, dans l'ombre, on a beaucoup travaillé ensemble".
Le ministre allemand de l'Environnement "ne jure que par Delphine Batho"
"Et j'ai vu dans ma tournée européenne qu'elle avait noué de vraies relations avec de nombreux pays, le ministre allemand [de l'Environnement, ndlr] Peter Altmaier ne jure que par elle. Il faut au moins un an à un ministre pour trouver ses marques", analyse Nicolas Hulot qui se réjouit d'une prochaine collaboration de Delphine Batho pour le think tank de sa fondation.
"Les mots sont une chose, ce qui m'intéresse, ce sont les actes"
Concernant la transition énergétique, Nicolas Hulot attend de voir ce que la Premier ministre Jean-Marc Ayrault va annoncer mardi dans son plan sur les investissements d'avenir. "Il faut, la première année, mettre 6 milliards d'euros pour l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Va-t-on mettre une écoconditionnalité à tous ces investissements ? Que donnera la conférence environnementale en septembre ? Les mots sont une chose, ce qui m'intéresse ce sont les actes", poursuit le père de la fondation pour la nature et l'Homme.
700.000 emplois d'ici 2030 grâce à la transition énergétique
Du reste, comme l'estime Delphine Batho, "il y a besoin de redonner un nouveau souffle qui doit être porté par tout un gouvernement", juge Nicolas Hulot. "Il faut réenchanter les choses, il ne faut pas seulement affoler sur le diagnostic", analyse celui qui garde à l'esprit la conférence climat que la France doit organiser en 2015. Avec un objectif de taille: diviser par deux la consommation d'énergie à l'horizon 2050. Nicolas Hulot comprend que la priorité du gouvernement soit sociale. "Les gens qui perdent leur boulot et qui ont peur de le perdre ont peu d'espace pour entendre autrechose", concède-t-il. Mais il en profite pour rappeler que que la transition énergétique "pourra créer 700.000 emplois" à l'horizon 2030.
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