"Ce n'est pas aux banques de financer les conséquences de la malhonnêteté de certaines entreprises"

Dans un entretien accordé à La Tribune, Pierre Pelouzet, le médiateur des relations inter-entreprises insiste sur la capacité de la médiation à favoriser le dialogue et à stimuler la compétitivité de l'ensemble des entreprises françaises. Sur le terrain, si les entreprises se réjouissent de l’amélioration de la conjoncture, leurs dirigeants hésitent toujours à embaucher et à investir. En cause : la confiance en l’avenir, toujours faible.
Pierre Pelouzet, le médiateur des relations inter-entreprises

La Tribune - Ce mercredi, vous recevez une centaine d'entreprises innovantes pour débattre avec elles des difficultés qu'elles rencontrent au quotidien avec leurs donneurs d'ordre et des solutions que la  Médiation  inter-entreprises peut leur apporter. La situation s'est-elle dégradée par rapport à l'année dernière ?

Pierre Pelouzet. Une chose est certaine, elle ne s'est pas  beaucoup améliorée. Nous avons une dizaine de médiations collectives en cours. Certaines d'entre elles concernent une centaine d'entreprises. C'est beaucoup plus qu'avant l'été. Est-ce que c'est parce que la notoriété de médiation est de plus en plus forte ou parce que les difficultés des entreprises augmentent ? Un peu des deux, je pense. Toujours est-il que les entreprises n'ont pas confiance en l'avenir. Résultat, elles gèlent leurs embauches et leurs investissements. Si cette situation perdure, la timide reprise sera éphémère. Seule le retour de la confiance peut prolonger la reprise. Dans cette situation, le pouvoir de la médiation être très fort car elle permet aux entreprises de renouer le dialogue, de repartir de l'avant. C'est un véritable élément de compétitivité de l'économie française. 

Quelle est la nature des « fautes » commises par les donneurs d'ordre ?

Les fournisseurs se plaignent des ruptures unilatérales de contrat, du pillage de la propriété intellectuelle et surtout des retards de paiement. Selon la dernière étude d'Altares,  le retard moyen s'élève à douze jours par rapport aux soixante prévus par la loi de modernisation économique. Ces retards, qui ponctionnent la trésorerie des entreprises de 13 milliards d'euros, ont un double effet : ils empêchent les entreprises de grandir et peuvent provoquer à terme la faillite d'une entreprise saine.

Les banques ne jouent pas le jeu ?

La plupart d'entre elles acceptent de financer ces problèmes de trésorerie mais leur patience a des limites. Il ne faut pas inverser les rôles. Ce n'est pas aux banques de financer les conséquences de la malhonnêteté de certaines entreprises.

En vigueur depuis le printemps, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) est parfois dévoyé, certains donneurs d'ordre pratiquant une forme de racket au CICE. Ce phénomène est-il marginal ?

C'est loin d'être le cas. Récemment, la Fédération professionnelle des Entreprises de travail temporaire regroupant près de 150 entreprises,  a fait un recours collectif  à la médiation pour faire cesser cette pratique honteuse. Notre action a été utile puisque cette pratique n'a plus cours.  En temps que vigie des comportements, nous avons enregistré le racket au CICE comme étant officiellement la 37e pratique abusive.

Combien d'entreprises ont-elles signé la charte des relations inter-entreprises ?

Au total, 410 entreprises ont signé cette charte qui changera bientôt de nom pour prendre celui de Relations fournisseur responsables qui identifie déjà notre label.

Toutes les entreprises du CAC 40 ont-elles signé cette charte ?

Pas encore. Vivendi vient de la parapher et s'engage à adopter une relation saine et équilibrée avec ses fournisseurs. Petit à petit, les champions de notre économie prennent conscience qu'elles peuvent servir l'intérêt général sans se mettre en difficulté.

La puissance publique donne-t-elle l'exemple ?

L'Etat paie en temps et en heure. En revanche, les collectivités locales retardent trop souvent leurs paiements.

Comment inciter les entreprises à être plus respectueuses  de leur écosystème ?

On peut toujours mettre à l'index les mauvais payeurs mais cette méthode a ses limites car elle peut donner le sentiment que toutes les grandes entreprises sont malhonnêtes. Peut-être faudrait-il légiférer et rendre la médiation obligatoire, comme c'est le cas en Italie. Nous attendons beaucoup de l'action des médiateurs de filières. Ces personnalités reconnues dans leur secteur, leur métier, devront informer, sensibiliser et sécuriser les sous-traitants sur la médiation.

Ne faudrait-il pas valoriser les entreprises vertueuses ?

Bien sûr, C'est une idée à laquelle nous réfléchissons car il est aussi important de mettre en avant les belles initiatives porteuses de confiance et de croissance.      

 

Commentaires 12
à écrit le 25/09/2013 à 13:04
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totalement d'accord ce n'est pas aux banques MAIS SURTOUT A LEURS clients de financer la malhonneteté des entreprises ou sociétés qui déposent le bilan et repartent sous un autre nom MAIS notre gouvernement fait encore le contraire en supprimant le ...

le 25/09/2013 à 13:59
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Ne mélangez pas tout! La suppression du fichage ne concerne que les dépôt de bilan non frauduleux et non dûs à des erreurs de gestion. Ce qui en limite grandement le nombre de personnes concernées. Par contre, cela concerne notamment des chefs d'entr...

le 25/09/2013 à 14:48
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@CARPATRIK l'imbécile se base sur des cas concrets à sa connaissance mais peut etre cela en dérange certains d'en parler

le 25/09/2013 à 15:20
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Le fichage n'est supprimé que pour la première faillite, car le fichier répertoriant les entrepreneurs ayant fait plus de deux fois faillite est conservé. Et n'allez pas dire que cela causera un cataclysme, car chez les Américains, les Anglais, les A...

à écrit le 25/09/2013 à 13:04
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Bon, ben c'est pas aux contribuables de renflouer les banques ayant joués et perdus, et encore moins celles qui trichent sur leurs bilans...

à écrit le 25/09/2013 à 12:11
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Il est vrai que certains, après avoir exigé des banques des renforcements de leurs capitaux propres, cherchent maintenant de l'argent..il est vrai que els temps ont changé, et qu'à une époque où le pouvoir étaient proches des industriels et investiss...

à écrit le 25/09/2013 à 11:39
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Et ce n'est pas à la société entière de financer les conséquences de la malhonnêteté de beaucoup banques...

le 25/09/2013 à 11:52
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@Tamerlan : + 1.000.000.000.000.000.000

le 25/09/2013 à 12:24
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Dans l'affaire Appolonia, de grandes banques sont impliquées dans cette escroquerie en bande organisée au préjudice de 1 Millard ?, c'est à elles ainsi qu'au autres membres impliqués d'indemniser les vicitimes . Crédit Immobilier de France / Crédit m...

le 25/09/2013 à 12:24
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mouais.... etes vous pret a payer reellement tout service rendu: vos ecriture au guichet, vos cheques, vos remises cheques et especes..... Certain etablissement en europe et dans le monde facturent ces services..... avant de critiquer deja apprenez a...

le 25/09/2013 à 14:48
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C'est clair, il y a trop d'agences de banques avec de faux chefs faux directeurs mais vrais incultes en gestion d'entreprise ... et donc toutes ces agences bancaires inutiles il est urgent de les fermer cela fera des économies ... sans oublier de rés...

à écrit le 25/09/2013 à 11:33
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Et inversement, ce n'est pas à la collectivité toux entière de combler les malversations des banques devenues opaques et abusives, et depuis longtemps, déjà comme J.P. Morgan en 1940 qui empêcha la progression du véhicule de Tesla sans pétrole, parce...

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