Marque de "sagesse" ou "décision minable"... le recul sur l'écotaxe fait réagir

Qu'ils la déplorent ou s'en réjouissent responsables politiques et syndicaux ont accueilli la reculade du gouvernement sur la taxe poids lourds avec une certaine...vivacité. Revue de détail.
La marche arrière de l'exécutif sur l'écotaxe suscite sans surprise des réactions contrastées. (Photo Reuters)

L'écotaxe est suspendue... mais pas la polémique. A la sortie de la réunion de ce matin avec les élus bretons, Jean-Marc Ayrault assurait: "Le courage, ce n'est pas l'obstination, c'est d'écouter, de comprendre, de rechercher la solution". Dès l'annonce de la décision de renoncer pour le moment à la mise en place de l'ecotaxe, le Premier ministre s'est attiré les foudres des uns et les louanges des autres.

Bové déplore un choix "minable"

Premiers à s'en irriter, bien sûr, les écologistes. Pour José Bové, ce choix est "minable". Aux yeux de l'eurodéputé écologiste, il s'agit d'une

"Reculade invraisembale face à un lobby agro-industriel mené par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, et le Medef pour casser une logique économique qui aurait été la relocalisation". 

 Le député vert de la Gironde, Noël Mamère a lui aussi fait part de son amertume:

C'est la démonstration de la faiblesse politique de ce gouvernement et de son peu de considération pour la transition écologique (...) l'écotaxe n'est que le bouc émissaire d'une crise de la production agricole. Les racines du mal ne sont pas dans l'écotaxe, mais dans la crise de l'agriculture et de l'élevage intensif qui frappe particulièrement la Bretagne, c'est la crise d'un modèle agricole"

Batho voit l'écologie comme "la victime expiatoire de la crise"

L'ancienne ministre de l'Ecologie Delphine Batho a estimé qu'"une fois de plus, c'est l'écologie qui trinque" au micro de France Bleu Poitou. Avant d'ajouter: 

"L'écologie est en train de devenir la victime expiatoire de la crise, et cela me paraît dangereux pour l'avenir de la France".

Des associations se sont également exprimées comme France Nature Environnement dont les arguments ne s'attachent pas seulement à des considérations environnementales. L'ONG, déclare ainsi dans un communiqué que 

Si elle n'entre pas en vigueur, cette taxe va entraîner une augmentation des impôts locaux pour payer l'entretien des routes passées sous l'autorité des collectivités locales.

Une écotaxe européenne?

 En revanche, plusieurs organisations de transporteurs routiers ont fait état mardi de leur satisfaction après l'annonce de la suspension de l'écotaxe, mais demandent au gouvernement des garanties avant sa mise en place effective, prévue courant 2014.

Ainsi, le délégué général de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR), Nicolas Paulissen, salue une "bonne nouvelle".

De son côté, la Fédération des Transports et de la Logistique FO/UNCP "se félicite de la décision de Matignon de suspendre l'écotaxe" mais souhaite "une remise à plat  complète du dispositif" dans un communiqué diffusé ce 29 octobre, et demande aux élus européens et à la Commission européenne "de tout mettre en oeuvre pour qu'une Ecotaxe européenne voit le jour". L'Union Professionnelle Artisanale (UPA) demande quanrt à elle que le gouvernement engage "sans tarder une concertation avec les organisations professionnelles concernées".

Dans les rangs de la majorité, on n'hésite plus à faire des demandes personnalisées. A l'image de François Patriat, président PS de la région Bourgogne, sénateur et ancien ministre de l'Agriculture sous Jospin, qui "demande la diminution de l'écotaxe en Bourgogne" via un communiqué, compte tenu des spécificités du territoire.

Copé salue la "sagesse" de Jean-Marc Ayrault

A droite, les commentaires sont partagés entre satisfaction sur le fond et persiflage sur la forme. Alors que cette mesure avait pourtant été initiée par le gouvernement précédent après le Grenelle de l'Environnement, certains à l'UMP se sont réjouis qu'elle ait été suspendue sine die. C'est le cas de son président, Jean-François Copé qui a qualifié ce choix de "marque de sagesse" de la part du Premier ministre. Il s'est en outre dit:

"soulagé pour les entrepreneurs, les agriculteurs, les Français, que le Premier ministre ait entendu leur cri de colère et leur inquiétude".  

L'ancien ministre du Budget, Eric Woerth en a quant à lui profité pour tacler l'exécutif. 

Victoire pour la FNSEA

Enfin, quelques personnalités ont franchement salué cette décision, a commencer bien sûr par la fédération des agriculteurs (FNSEA) au coeur de la fronde contre cette taxe. Son président, Xavier Beulin ainsi affirmé: 

"Nous avons été entendus. Nous demandions un ajournement, et non pas une suppression". 

"Toute nouvelle taxe connaîtra le même sort"

Même sentiment à la CGPME qui va plus loin dans l'analyse politique:

Il y a désormais fort à parier, et c'est heureux, que toute nouvelle taxe connaîtra le même sort".

Par ailleurs, Jean-Louis Borloo, à l'UDI, a vu dans cette décision un "signe d'apaisement". 

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