Selon le baromètre d'Euler Hermès, 66% des entreprises estiment que leur niveau d'investissement est inférieur à 5% de leur chiffre d'affaires en 2013. Pour 2014, une entreprise sur cinq seulement envisage une hausse de ses investissements en 2014, contre une entreprise sur quatre en 2013. Ces statistiques sont à peu de choses près en ligne avec celles dévoilées récemment par l'Insee. L'Institut anticipe une chute de 7% des investissements cette année. En 2014, année au cours de laquelle les entreprises pourront utiliser le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) le repli serait limité à 2%.
" Cette frilosité dans l'investissement est d'ailleurs plus marquée pour les ETI que les PME, puisqu'une ETI sur six investirait en 2014, contre une sur trois en 2013 ", explique l'assureur-crédit.
Pour expliquer cette pusillanimité, Euler-Hermès avance le manque de débouchés et l'absence de visibilité, 80% des entreprises citant l'anticipation de l'activité future comme principal déterminant de leurs décisions d'investissement, loin devant les conditions de financement (10%) ou les aides publiques (10%).
Très peu, trop peu de visibilité
Actuellement, constate Euler-Hermès, près d'une entreprise sur deux déclare une visibilité inférieure à six mois sur son carnet de commandes. Pour une entreprise sur trois, cette visibilité est inférieure à trois mois.
Au-delà de la décision d'investissement, c'est la qualité de celui-ci qui continuera de se dégrader en 2014. En effet, pour la troisième année consécutive, les entreprises privilégieront l'investissement défensif [pour six entreprises sur dix en 2014] sur les projets d'investissement plus offensifs", avance l'assureur-crédit qui fait des distinctions sectorielles.
En effet, ce maintien sur la défensive est plus marqué dans les secteurs de la construction et du commerce. L'industrie et les services représenteront, eux, 66% de l'investissement offensif, consistant en une augmentation de capacités, de la recherche & développement et de la diversification.
Pour Ludovic Subran, le chef économiste du groupe Euler Hermès,
" cette prudence extrême sur les investissements semble être le chainon manquant d'une vraie reprise en France en 2014. Pourtant, la volonté est là : 38% des entreprises interrogées visent la montée en gamme et la diversification de leurs produits, et 16% veulent se développer à l'export en 2014. Il est temps que les entreprises profitent de leurs victoires en termes d'ajustements compétitifs et qu'elles visent de nouvelles batailles en France comme à l'étranger via un investissement de qualité. Elles en ont les moyens et l'envie. Il ne reste qu'à passer à l'acte ".
La demande adressée à la France doit augmenter en 2014
Seule une augmentation de la demande pourrait influencer le comportement des chefs d'entreprises. Selon Euler Hermès, la demande mondiale adressée à la France augmenterait de 4% en 2014, ce qui représente une augmentation de 18 milliards d'euros dont 8,3 milliards provenant de la seule zone euro. Sera-ce suffisant ? Sinon, la croissance française - le gouvernement vise une hausse de 0,9% du PIB - ne dépendra que de la résistance de la consommation des ménages et du commerce extérieur.
