Près de 10.000 locations par jour pour Autolib', le service de mise à disposition de véhicules électriques créé voilà tout juste deux ans ; 500.000 petites annonces quotidiennes et 17,5 millions de visiteurs uniques par mois (soit un Français sur quatre !) sur le site leboncoin.fr, qui, après sept ans d'existence, dépasse les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires et les 200 salariés... s'il ne fallait que deux exemples pour montrer à quel point la consommation vit aujourd'hui une profonde mutation, ces deux-là suffiraient.
Autrefois très attaché à sa voiture, considérée comme un élément de statut, le consommateur privilégie de plus en plus, pour se déplacer, l'usage à la propriété. Et la tendance ne se limite pas au bobo parisien. En témoigne le succès des sites de covoiturage - BlaBlaCar, le leader, né en France en 2009, transporte près de un million de personnes en Europe chaque mois - ou de prêt de véhicules entre particuliers.
Une économie "e-collaborative"
Ce succès tient bien évidemment à la généralisation d'Internet, qui facilite les mises en relations et les transactions. On met en vente sur leboncoin.fr la lampe ou le manteau qu'on aurait autrefois proposé sur le trottoir dans une braderie ou un vide-grenier. Mais sans se déplacer et avec la possibilité de toucher des milliers d'amateurs potentiels. Le phénomène s'est bien sûr accru avec la crise.
Cette « économie du partage » touche désormais tous les secteurs d'activité. Et plusieurs start-up se créent chaque mois, pour proposer des locations entre particuliers d'appartements, de voitures, de places de parking, d'outils, d'électroménager...
« Ces plates-formes collaboratives se bâtissent généralement sur une des verticales du Bon Coin », observe Paulin Dementhon, cofondateur de Drivy, qui a choisi le créneau de la location de voitures.
Cet engouement signe-t-il la fin de la propriété ?
« Oui, tout à fait, estime Paulin Dementhon. Ce n'est pas une vague, mais une tendance lente, qui s'étale sur des années. Les gens privilégient le bon sens pratique et l'efficacité. »
Le militantisme ne joue qu'un rôle mineur dans cette vague du partage et l'éclosion de ces sites.
« Les militants ne sont que 7 %, selon nos sondages, mais nous prenons ce chiffre avec prudence car les vrais militants refusent en général de répondre, indique Nathalie Damery, la présidente de l'Obsoco. Les Français veulent continuer à consommer et, dans un contexte de pouvoir d'achat plutôt contraint, ils sont prêts à partager ou à acheter d'occasion tous les produits qui ne sont pas des signes de reconnaissance. »
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