"Des conseillers d’UBS faisaient la mule", récit d'un ex-banquier

Le témoignage d'un ancien salarié de la banque UBS met en cause les pratiques de la banque suisse, qui rejette toute accusation.
La banque UBS est poursuivie en France pour démarchage illicite
La banque UBS est poursuivie en France pour "démarchage illicite" (Crédits : <small>Reuters / latribune)

La banque suisse UBS démarchait-elle des contribuables français pour les aider à ouvrir un compte en Suisse ? C'est en tout cas ce qu'affirme un ancien salarié de la banque, dans un témoignage déposé auprès de la justice et recueilli par le Parisien - Aujourd'hui en France (dans son édition datée du 21 janvier 2013).

La déposition de l'homme a été ajoutée au dossier des juges financiers parisiens Guillaume Daïef et Serge Tournaire. L'Union des banques suisses (UBS), qui a été mise en examen le 6 juin pour démarchage illicite, se défend d'utiliser de telles pratiques, arguant que ses banquiers se seraient déplacés en France pour entretenir le contact avec le client et non pour prospecter. Un témoignage qui fait écho à celui rapporté cet été par un ancien chargé d'affaires de la banque.

Un démarchage agressif

Face à la rude concurrence que se livrent les banques, les pratiques d'UBS changent et deviennent plus agressives à partir de "2002-2003", explique le banquier. Plus question d'attendre que le client vienne sonner à la porte.

"Notre direction nous a encouragés à travailler de plus en plus avec Paris. Chaque conseiller devait avoir un ou deux contacts en France susceptibles de nous mettre en relation avec de futurs clients."

 Les consignes de la banque sont strictes, rien ne doit permettre d'établir la moindre connexion avec UBS :

«Il fallait donc n'avoir aucun document portant le logo de la banque, pas même une carte Visa.»

Âgé d'une quarantaine d'années, l'homme qui a travaillé quatorze ans pour la banque suisse UBS raconte qu'un ordinateur portable vide était fourni à chaque venue en France. Il permettait de récupérer via une plate-forme ultra-sécurisée les informations nécessaires à la création du compte (relevés de comptes, contact clients, numéros de téléphones)

Évasion fiscale tout schuss

L'argent était ensuite transféré de deux manières différentes. S'il était déjà caché ailleurs, "dans un paradis fiscal par exemple", alors un simple virement suffisait. Dans l'autre cas, il fallait le sortir "en cash" de France, "plus délicat".

Pour le faire passer en Suisse, dans la plupart des cas "des conseillers d'UBS faisaient la mule en transportant eux-mêmes ces sommes de l'autre côté des Alpes. Sac sur le dos, certains empruntaient les pistes de ski", raconte l'ancien banquier, qui reconnaît avoir eu lui-même un passeur. Il arrivait néanmoins  que "le client [prenne] le risque de venir lui-même en Suisse pour y déposer sa fortune, cash ou lingots".

Parmi les clients sensibles, des footballeurs champions du monde 98

Tous les évadés fiscaux ne sont pas traités pareils au sein de la banque. UBS disposait d'une section spéciale pour les clients les plus sensibles, les PEP (« Personnes exposées politiquement »). Plus que jamais, la discrétion est de mise pour les banquiers. D'autant plus que d'importantes personnalités possèdent un compte, comme des créatrices de mode françaises ainsi que des footballeurs de l'équipe championne du monde en 1998. Voire même des membres du gouvernement :

 "Le nom d'un ministre, aussi, circulait. Dans le cadre de nos formations, il était même utilisé, sur des documents types, pour illustrer les montages financiers opaques."

Des allégations dont se défendaient déjà en juin la banque suisse. Jean-Frédéric de Leusse, président d'UBS France, avait alors déclaré au Monde  que "faire croire qu'UBS est la boîte noire du crime mondial, ça me rappelle Clearstream, c'est vraiment la théorie du complot".

Selon Le Parisien , ce témoignage pourrait permettre à la justice française de poursuivre UBS France pour "blanchiment de fraude fiscale" et étendre la responsabilité à UBS AG. Portant ainsi un coup d'arrêt aux négociations engagées discrètement il y a quelques semaines avec la justice française par la maison-mère .

Commentaires 4
à écrit le 22/01/2014 à 19:21
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A ces journalistes qui n'ont de cesse de répéter des histoires tellement "sexy" sur le papier. Après les "Bronzés font du ski", les "Bronzés font de la contrabande de billets"! Info pour les journalistes, la Suisse faisant partie de l'Espace Sc...

à écrit le 22/01/2014 à 9:02
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Et avec un scooter ça marche aussi ??

à écrit le 21/01/2014 à 19:47
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dans les annees 60 ,la france etait un paradis fiscal aussi ,peu de taxes ,peu de lois ,peu de fonctionnaires inutiles ,pour que l argent vienne en france ,il ne faut pas le faire fuir .

le 23/01/2014 à 12:30
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En 1967 le taux marginal de l'impôt sur le revenu était de 81%, le droit du travail était beaucoup plus sévèrement encadré qu'aujourd'hui, il y avait deux fois plus de militaires et d'agents des impôts qu'aujourd'hui, et si l'argent ne fuyait pas c'e...

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