Pacte de responsabilité : François Hollande commet-il la même erreur qu’en 2012 ?

Lors de la présentation de ses vœux aux forces vives, le président de la République a en partie avoué son erreur de diagnostic en 2012. Mais en gageant le succès du pacte de responsabilité sur une accélération de la croissance, ne commet-il pas la même erreur ?
Fabien Piliu
Comme en 2012, François Hollande fait le pari osé d'un retour durable de la croissance

Dès les premières minutes de son discours de mardi, François Hollande a presque fait son mea culpa. " Tout, je dis bien tout, a été fait pour mobiliser les énergies ", a précisé le chef de l'Etat lors de la présentation de ses vœux aux forces vives, avant de faire un petit inventaire des nouveaux outils lancés pour accélérer la croissance et diminuer le nombre de demandeurs d'emplois : Bpifrance, la banque publique d'investissement, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), le fonds de résistance économique, l'accord national interprofessionnel sur la sécurisation de l'emploi, les contrats d'avenir, les contrats de génération, les contrats aidés.

" Quatre accords interprofessionnels importants ont été conclus en 2013 dans le domaine de la sécurisation de l'emploi, la qualité de vie au travail, le contrat de génération et la formation professionnelle. Plus de 200 accords au niveau des branches professionnelles ont été conclus " a poursuivi le chef de l'Etat oubliant au passage de citer les très nombreuses mesures contenues dans le Pacte pour la compétitivité, la croissance et l'emploi, les 34 plans de la Nouvelle France industrielle, la Nouvelle donne pour l'innovation, la plan de simplification, notamment…

Des outils mal calibrés

Ces dispositifs, qui auraient probablement été suffisamment puissants pour favoriser une accélération de l'activité dans un environnement normal, n'ont pas encore permis de restaurer la confiance des ménages et des entreprises, de favoriser la sortie de crise et d'inverser durablement la courbe du taux de chômage comme le souhaitait l'Elysée et Matignon.

Certes, ces outils n'ont été lancés que récemment. Il faudra donc du temps pour qu'ils atteignent leurs objectifs. Mais le gouvernement est pressé. « Il n'y a pas de temps à perdre. Car la France n'a pas le temps d'attendre. Et les chômeurs encore moins », a martelé François Hollande.

Une erreur de jugement

Comment expliquer le retard à l'allumage de cet arsenal ? Comme l'a une nouvelle fois souligné à demi-mot François Hollande, la sous-estimation de la crise et de ses dégâts sur l'appareil de production tricolore explique en très grande partie cette inefficacité. C'est cette erreur de diagnostic qui a conduit le gouvernement à réviser ses prévisions de croissance en 2012, mais également en 2013. En 2012, Bercy a révisé de 0,3 point à 0,6% sa prévision de croissance. En 2013, la progression anticipée du PIB est passée de +1,7% à +1,2%. Le PIB aura finalement été stable en 2012 avant de progresser de 0,2% l'année dernière.

Ayant pris conscience de son erreur de jugement - dont fut également coutumier le ministère de l'Economie lors du quinquennat précédent -, de l'incapacité des outils de l'Etat à accélérer seuls la sortie de crise, le gouvernement s'est donc résolu à lancer, vingt mois après l'élection de François Hollande à la présidence de la République, ce pacte de responsabilité dont le succès repose en grande partie sur la bonne volonté des entreprises.

Les plus chagrins regretteront qu'il ait fallu vingt mois au gouvernement pour provoquer le choc d'offre que laisse espérer le pacte de responsabilité. Les plus optimistes se satisferont du virage effectué, estimant que la fin du quinquennat est en loin. Reste maintenant à savoir si ce pacte produira bien les effets escomptés sur le taux de chômage.

Le succès du pacte n'est pas assuré

Dès la présentation de ce pacte, le 31 décembre, le Medef s'est engagé à créer un million d'emploi... à condition que les mesures contenues dans ce pacte le permettent. Au regard des commentaires du patronat sur les contours exactes du pacte et les contreparties que l'exécutif compte réclamer en matière d'emplois aux entreprises, la partie n'est pas si bien engagée. Pierre Gattaz, le président du Medef a estimé qu'une " forte inquiétude perdurait autour de la fiscalité, de la baisse des charges et des taxes sur les entreprises dans le pacte de responsabilité ". De son côté, Jean-François Roubaud, le président de la CGPME a précisé que " malheureusement, il n'y a pas de relation directe entre la baisse de charges et la création d'emplois ".

Ce n'est pas la seule source de préoccupation des chefs d'entreprises. Concrètement, quel sera le choc de compétitivité promis par l'Elysée ? Certes, les entreprises ne seront plus les seules à financer, à hauteur de 30 milliards par an, la branche famille de la Sécurité sociale. Mais les entreprises verront-elles leur charge fiscale s'alléger d'autant ? Tout dépendra du niveau des ressources nouvelles qui seront dégagées.

Peu de marge de manoeuvre

Le niveau de prélèvements obligatoires devant rester - au moins - stable, si ce n'est baisser dès 2015 comme l'envisage le chef de l'Etat, le gouvernement n'a pas beaucoup de marge de manœuvre. Il peut réduire la dépense publique. Pour l'instant, l'effort programmé de gestion des dépenses publiques s'élève à 18 milliards d'euros en 2015 et en 2016 puis de 13 milliards d'euros en 2017. Or, ces 49 milliards devaient initialement servir à réduire le déficit public permettant ainsi à la France d'atteindre ses engagements auprès de Bruxelles en 2017. Mais, s'il devait réviser à la hausse ces objectifs, François Hollande ne fragiliserait-il pas sa base d'électeurs ?

Autre option : compter sur un retour de la croissance, synonyme de recettes fiscales supplémentaires. Dans le " programme de stabilité " 2013-2017 transmis à Bruxelles, Bercy ne table-t-il pas sur une croissance de 2% en 2015, 2016 et 2017 ? Malgré la première erreur de diagnostic, c'est bien le pari extrêmement risqué que semble vouloir tenter le gouvernement.

Fabien Piliu
Commentaires 7
à écrit le 23/01/2014 à 16:22
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pourquoi cette question ? Le don Juan de la rue du cirque ne sait pas faire autre chose.

à écrit le 21/01/2014 à 20:45
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les objectifs de cette nouvelle usine à gaz est de gagner du temps, d'alimenter les électeurs d’extrême gauche grâce à des nouvelles taxes ou impôts (avant de sortir le droit au dimanche ensoleillé pour tous), de recycler quelques syndicalistes penda...

à écrit le 21/01/2014 à 20:34
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les objectifs de cette nouvelle usine à gaz est de gagner du temps, d'alimenter les électeurs d’extrême gauche grâce à des nouvelles taxes ou impôts (avant de sortir le droit au dimanche ensoleillé pour tous), de recycler quelques syndicalistes penda...

à écrit le 21/01/2014 à 20:33
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les objectifs de cette nouvelle usine à gaz est de gagner du temps, d'alimenter les électeurs d’extrême gauche grâce à des nouvelles taxes ou impôts (avant de sortir le droit au dimanche ensoleillé pour tous), de recycler quelques syndicalistes penda...

à écrit le 21/01/2014 à 18:46
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Ils veulent réformer , mais ces mêmes réformes leur font peur : comme dissoudre les départements , les cantons ,les communes quoi faire de tout ce petit monde qui additionné revient chère . D'autre part les circonscriptions redécoupées sans cesse en ...

à écrit le 21/01/2014 à 18:23
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La France a un problème de demande à court terme et d'offre à long terme. Et le problème d'offre doit se résoudre par une amélioration des compétences des salariés et de l'innovation. Cette décision ne résoudra ni le problème à court terme ( el...

le 22/01/2014 à 2:48
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non, l'erreur de diagnostic est de dire que l'entreprise doit créer de l'emploi, alors qu'elle se doit de faire du bénéfice. le chef d'entreprise qui embaucherait alors qu'il n'en a pas les moyens, et, si, il devait déposer le bilan, se verrait notif...

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