Et si le modèle coopératif était la solution pour sortir de la crise ?

Coop FR, l’organisation représentative du mouvement coopératif français a présenté ce jeudi son classement des 100 entreprises coopératives les plus performantes. L’industrie est sous-représentée. Actuellement en cours d’examen au Parlement, le projet de loi sur l’Economie sociale et solidaire pourrait changer la donne.
Fabien Piliu
Le cadre juridique du monde coopératif est en voie de modernisation

Ce fut l'un des grands enseignements de la crise qui a secoué l'économie française en 2008-2009. Le modèle coopératif, et en particulier les Sociétés coopératives ouvrières de production (SCOP) ont particulièrement bien résisté pendant cette période très agitée. Moins touchées par les vagues successives de défaillances, elles ont en effet affiché des résultats financiers au dessus de la moyenne et ont, bien souvent, stabilisé leurs effectifs, quand elles n'ont pas créé des emplois.

Les faits sont là. Selon Coop FR, l'organisation représentative du mouvement coopératif français qui présentait ce jeudi son classement des 100 entreprises coopératives les plus performantes, le chiffre d'affaires cumulé des 23.000 sociétés coopératives recensées en France s'élevait à 298 milliards d'euros en 2013, en hausse de 10 milliards par rapport à 2010. Plus globalement, sur les dix dernières années, 23% d'emplois nouveaux ont été créés dans l'Économie sociale et solidaire (ESS) contre 7% dans l'économie traditionnelle.

Les coopératives agricoles se taillent la part du lion

Qui sont les acteurs majeurs du monde coopératif ? Dans le classement réalisé par Coop Fr, établi en fonction du chiffre d'affaires, les coopératives agricoles sont les plus représentées avec 69 coopératives et groupes de coopératives. Les trois groupes coopératifs bancaires français sont présents aux premières places du classement. Le Crédit agricole se classe à la deuxième place, derrière E-Leclerc, la coopérative de commerçants détaillants, BPCE à la quatrième et le Crédit Mutuel à la cinquième place.

En revanche, seules deux sociétés coopératives ouvrières de production (SCOP) sur les 2.004 actuellement en activité appartiennent à ce classement : Acome, spécialisée dans le câblage, qui se situe au 66ème rang et le groupe Chèque déjeuner, à la 74ème place. Si les services et la construction regroupent respectivement 43% et 26% des emplois des SCOP, l'industrie ne représente que 22% des effectifs de ces sociétés qui se créent souvent dans le cadre de reprises d'entreprises en difficultés par les salariés. Ce n'est pas un hasard si 763 SCOP ont vu le jour entre 2008 et 2012.

Une présence marginale des SCOP dans le TOP 100

Mais la présence marginale des SCOP dans le classement établi par Coop FR le prouve, ces sociétés peinent à se développer. Malgré certains avantages fiscaux, comme les exonérations de Contribution économique territoriale et d'impôt sur les sociétés, qui sont par ailleurs menacés par le droit de la concurrence européen, les SCOP peinent à se développer via l'innovation. Pour renforcer leurs fonds propres, elles doivent convaincre des investisseurs autres que les banques coopératives de la pertinence de leur modèle pour pouvoir les attirer. Petit rappel, le fonctionnement des SCOP reposent sur les principes coopératifs de démocratie d'entreprise et de répartition équitable des résultats. Les salariés décident ensemble des grandes orientations de leur entreprise et désignent leurs dirigeants et la méthode de répartition des bénéfices sous forme de participation, de dividendes et des réserves impartageables qui consolident les fonds propres et garantissent la pérennité de l'entreprise.

 Bpifrance consacrera 500 millions d'euros à l'ESS

"On a beaucoup parlé de nous pendant la crise mais on nous oublie vite lorsque la conjoncture ne se dégrade plus. C'est dommage ", regrette toutefois Jean-Claude Dutilleux, le président de Coop FR. L'adoption prochaine du projet de loi sur l'ESS tombe donc à pic. Adopté en novembre par le sénat en première lecture, le texte, qui sera voté en avril par les députés, modernise le cadre juridique du modèle coopératif fondé en 1947 et qui n'a pas été retouché depuis quinze ans.

Il ouvre en effet des perspectives nouvelles en renforçant le rôle de l'ESS dans l'éducation et la promotion, en favorisant son intégration dans le monde économique et surtout, en améliorant les dispositifs de financement des entreprises de l'ESS, notamment par le biais de la Banque publique d'investissement. Bpifrance devrait consacrer 500 millions d'euros aux acteurs de l'ESS.

Fabien Piliu
Commentaires 7
à écrit le 24/01/2014 à 9:15
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si ma tante en avait on l'appellerait mon oncle, si mon oncle en était on l'appellerait ma tante, en tout bien tout honneur naturellement (Pierre Dac)

à écrit le 23/01/2014 à 19:03
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Leur développement reste contrôlé par les banques (même les banques coopératives) qui rechignent à investir dans de telles organisations où elles ne comprennent guère les processus de décision.

le 23/01/2014 à 22:34
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Le processus de décision est dit "démocratique". C'est ça qui doit être très compliqué à comprendre.

à écrit le 23/01/2014 à 17:48
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Un modèle idéologique erroné que l'on fait exister, pour la forme, par des avantages fiscaux, une niche fiscale. C'est odieux mais ça sert à entretenir l'illusion que l'on peut faire autrement, c'est la tromperie socialiste financée par les autres co...

le 24/01/2014 à 0:21
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Tout à fait. Les chiens sont toujours fidèles aux croquettes sous la protection d'une belle niche.

à écrit le 23/01/2014 à 17:19
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Il n'est pas très étonnant que les coop s'en sortent mieux que les autres: comme rappelé dans l'article elles sont exonérées d'impôts sur les bénéfice et de contribution économique térritoriae. A l'heure du raz le bol fiscal des entreprises ce "leger...

le 27/01/2014 à 14:00
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Bonjour, je suis salarié d'une coopérative agricole. Laissez moi vous apporter quelques précisions : - en matière de fiscalité, les coopératives agricoles de production ou de transformation de produits agricoles sont effectivement exonérées d’impôt...

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