Si vous croyez encore en la capacité de rebond de l'économie française, ne lisez pas le rapport "The Shifting Economics of Global Manufacturing"réalisé par Boston Consulting Group (BCG) !
En effet, cette étude qui fait un point sur l'évolution de la compétitivité des 25 principaux pays exportateurs au cours des dix dernières années, dresse un tableau pour le moins déprimant du "made in France". Déjà très mal classée en 2004, la France l'est toujours dix ans plus tard, conservant le 23e rang de ce classement de la compétitivité-prix, compétitivité qui repose essentiellement sur l'évolution de la masse salariale, de l'énergie et du gaz naturel et d'autres coûts, parmi lesquels ceux d'implantation (loyers, terrain..). Remuant le couteau dans la plaie, le cabinet de conseil américain rappelle que la France était plus compétitive que l'Allemagne en 2004.
" La compétitivité française s'est érodée ces 10 dernières années notamment sous l'effet d'une faible croissance de la productivité (seulement 5% pour la France contre 23% pour l'Espagne.) mais aussi d'un retard en matière d'investissements. Bien souvent frappées d'obsolescence, leurs structures de production souffrent de la comparaison avec celles de la plupart de leurs concurrents ", observe Olivier Scalabre, directeur associé au BCG.
Tous les pays industrialisés souffrent, ou presque
La France est-elle le seul pays à avoir souffrert au cours de ces dix dernières années ? Bien évidemment... non. En matière de compétitivité-prix, la situation de la plupart de ses voisins et concurrents industrialisés ont également connu des difficultés. C'est tout particulièrement le cas de la Belgique, de la Suède, de l'Italie et de la Suisse. L'Allemagne, notre meilleur amie et notre plus redoutable concurrente tire-t-elle son épingle du jeu ? Pas vraiment. Le premier exportateur mondial se classe au 19e rang…
Plus loin de nous, la Chine, la Russie, le Brésil, la Pologne et la République Tchèque ont également vu leur avantage compétitif s'éroder lors de la dernière décennie. "On ne s'attendait pas à un tel bouleversement dans le paysage de la compétitivité si rapidement. Que la Chine soit moins compétitive en matière de coûts que les États-Unis en dit long sur les efforts consentis outre-Atlantique pour relancer l'industrie », commente Olivier Scalabre. " Dans chaque région du monde, un ou deux pays émergent. En Europe, les écarts se resserrent fortement entre la Pologne et l'Espagne voire même le Royaume-Uni. En Asie, l'Indonésie se distingue. Sur le sol américain, les États-Unis et le Mexique, on l'a vu, se détachent », poursuit-il.
Les Etats-Unis et le Mexique tirent leur épingle du jeu
Quels sont les grands gagnants ? L'étude de Boston Consulting Group est formelle. Actuellement, les États-Unis et son voisin mexicain sont les deux pays qui affichent la compétitivité-prix la plus forte, stimulée par une modération continue des salaires, une baisse des prix de l'énergie - les États-Unis sont en passe d'être indépendants dans le domaine énergétique grâce à l'exploitation du gaz de schiste - et un taux de change favorable.
Quels enseignements peut-on tirer de cette étude ? Que la compétitivité-prix de la France est faible ? Ceci n'est pas contestable. Le déficit commercial chronique l'atteste.
Néanmoins, faut-il rappeler que la France est le cinquième exportateur mondial, malgré des déficits bilatéraux avec la plupart de ses grands partenaires malgré une qualité reconnue du made in France ?
Comment baisser le coût du travail ?
Pour l'améliorer, le gouvernement actuel, comme les précédents, tente désespérément d'abaisser le coût du travail sans casser le modèle social français. L'équation est éminemment délicate à résoudre. La plupart de nos voisins est confrontée à la même problématique.
C'est la raison pour laquelle l'exécutif concentre depuis une dizaine d'année ses efforts pour redresser la compétitivité hors-prix des produits français, afin que les entreprises tricolores, comme la plupart de leurs concurrentes allemandes, échappent à la guerre des prix et aient le pouvoir de fixer leurs propres prix.
Beaucoup de mesures déjà adoptées
Pour atteindre cet objectif, de nombreuses mesures ont été adoptées. Citons notamment la simplification et le triplement du crédit d'impôt recherche (CIR) puis la création du crédit d'impôt innovation (CII), le lancement du Grand emprunt, la loi sur l'autonomie des universités, le lancement des pôles de compétitivité, la création de Bpifrance… Il n'y a plus qu'à attendre que ces mesures en partie structurelles produisent enfin leurs effets.