Le fait est assez rare. Huit organisations patronales lancent dans le "Journal du dimanche" de ce 29 juin un "cri d'alarme" à l'exécutif, appelant à la mise en oeuvre rapide du Pacte de responsabilité dans un climat tendu au niveau politique et social.
"Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre, notre appel solennel est avant tout un cri d'alarme de citoyens français inquiets pour l'avenir de leur pays", écrivent les dirigeants du Medef, de la CGPME, de l'UPA (artisanat), de la FNSEA (agriculteurs), de l'UNAPL (professions libérales), de l'AFEP (grandes entreprises), de Croissance + (entreprises à forte croissance) et d'ASMEP-ETI (entreprises de taille intermédiaire).
Après des "discours qui ont redonné espoir aux entrepreneurs et aux entreprises", "nous constatons que les actes ne suivent pas les discours", estiment-t-ils, appelant à "trois actes concrets".
Trois demandes précises
Premièrement, les organisations patronales demandent à "inclure de manière explicite et rapidement" dans la loi les promesses du Pacte de responsabilité sur une baisse des charges et de la fiscalité. Ce qui est d'ailleurs en passe d'être fait avec l'examen actuellement au Parlement des budgets rectificatifs pur 2014 (y compris la Sécurité sociale).
Au passage, elles demandent que soient "retravaillés" les textes sur la pénibilité et "ajustées" les dispositions sur les contrats à temps partiel, dont la durée minimale doit passer à 24 heures par semaine le 1er juillet.
Elles demandent ensuite un "moratoire" sur tout texte susceptible de durcir la règlementation ou d'augmenter les contrôles sur les entreprises. Enfin, les huit signataires exigent des "réformes structurelles" sans "tabous" ni "dogmes", pour baisser la dépense publique.
Un appel publié dans un contexte tendu.
Au plan politique, le gouvernement est confronté à une fronde de députés socialistes. Ceux-ci ont déposé de nombreux amendements sur les textes budgétaires actuellement discutés à l'Assemblée, qui concrétisent les promesses du Pacte de responsabilité ainsi que les 54 milliards d'économies annoncés par l'exécutif entre 2014 et 2017.
Au plan social, la tension monte aussi avant la "conférence sociale" des 7 et 8 juillet, que le patronat menace de boycotter. Il prendra sa décision le 1er juillet. Le numéro un de la CFDT Laurent Berger a répondu que dans cette éventualité il faudrait "mettre fin au Pacte de responsabilité".