"Une zone euro divisée", fin de "la politique cubaine" : le gouvernement Valls II vu par la presse étrangère

A l'étranger comme en France, les opinions sur le gouvernement Valls II divergent d'une publication à l'autre. Certaines saluent un pas de plus "vers une forme plus moderne de social-démocratie, d'autres regrettent "un coup supplémentaire porté contre les espoirs de renouveau des sociaux-démocrates" en Europe. Revue de quelques-uns des titres principaux.
Si pour The Economist la nomination à l'Economie d'Emmanuel macron est une surprise "aussi symbolique qu'encourageante", pour le site espagnol InfoLibre, en virant Montebourg Hollande a "liquidé la voix de sa conscience".

L'annonce par l'Élysée du nouveau gouvernement de Manuel Valls a fait couler beaucoup d'encre à l'étranger. D'un titre à l'autre, les avis divergent. Certains saluent la fermeté inédite avec laquelle François Hollande a géré le "cas Montebourg", d'autres craignent une rupture entre les dirigeants socialistes et leur électorat. En revanche, la plupart des journaux s'accordent sur un constat : avec ou sans Arnaud Montebourg, la partie est encore loin d'être gagnée pour l'exécutif, tant sur le plan politique que sur le plan économique.

  • Macron à l'Economie: une surprise "aussi symbolique qu'encourageante", pour The Economist

"Plus de politiques cubaines?" Par ce titre plus que voilé d'ironie The Economist accueille le nouveau ministre de l'Economie français qui, rappelle le célèbre hebdomadaire économique britannique, avait justement utilisé cet adjectif pour définir la promesse de campagne de Hollande d'une taxe à 75% sur les hauts revenus.

La surprise du gouvernement Valls II, Emmanuel Macron, est "aussi symbolique qu'encourageante", estime The Economist. L'hebdomadaire britannique d'obédience libérale salue cet homme qui s'est donné pour mission, lorsqu'il était conseiller à l'Élysée, de "conduire le gouvernement du président François Hollande loin de sa "paléo-pensée" vers une forme plus moderne de social-démocratie". Il aurait notamment passé beaucoup de temps "à recoller en coulisse les morceaux", suite aux dégâts causés par Arnaud Montebourg, "qui avait un truc pour agacer les investisseurs étrangers", selon The Economist. Emmanuel Macron aurait d'ailleurs justement démissionné de ce poste après l'arrivée du "modéré" Manuel Valls en tant que Premier ministre, "estimant que son travail était accompli".

  • Un gouvernement dépourvu de businessmen, souligne le New York Times

De son côté, le New York Times relève que "presque tous les membres du Conseil des ministres français", dont Sapin, n'ont "jamais travaillé dans le privé", en omettant au passage de mentionner Emmanuel Macron, qui a pourtant débuté sa carrière dans la Banque.

La crise gouvernementale a par ailleurst eu le mérite de "mettre en lumière les divergences entre courants (de la gauche, ndlr) qui ont fait feu sur François Hollande depuis le début de son mandat en 2012", observe par ailleurs le quotidien américain, pour qui "elle a aussi souligné le nombre limité de moyens dont celui-ci dispose".

  • L'éviction de Montebourg: une "apparente bonne nouvelle" mais aussi "une prise de risque politique", souligne le Financial Times

Le président français "n'est pas connu pour exercer son pouvoir de manière autoritaire. Mais cette semaine, il a agi avec une dureté inhabituelle", souligne le Financial Times.  Pour le quotidien économique britannique l'exclusion d'Arnaud Montebourg du gouvernement constitue en "apparence, une bonne nouvelle pour la France", mais elle est aussi "un pari sur le plan politique".

Après ce "choix politique décisif", Hollande et Valls doivent à présent, selon le FT, "secouer le pays en le sortant de sa routine".

  • Un remaniement "largement salué" outre-rhin, selon Handelsblatt

"En Allemagne, le remaniement (français) a été largement salué", rappelle le quotidien économique Handelsblatt. Le quotidien cite notamment le commissaire européen à l'Energie Günther Öttinger (CDU), pour qui ce coup de balai politique était devenu inévitable après les "propos hallucinants de Montebourg".

Pour confirmer son propos, le journal allemand rapporte aussi d'autres commentaires similaires prononcés par des hommes politiques de droite comme de gauche.

"La France est notre partenaire le plus important en Europe mais aussi notre principal sujet de préoccupation",  a déploré le responsable des questions de politique budgétaire à la CDU, Norbert Barthle.

"Nous avons un intérêt vital, que nous soyons sociaux- ou chrétiens-démocrates, à ce que la France se redresse. Je ne peux que croiser les doigts pour que Valls obtienne le soutien nécessaire pour faire ses réformes", affirmé de son côté le vice-président du groupe SPD au Bundestag, Carsten Schneider.

  • "Un coup supplémentaire porté aux espoirs de renouveau des sociaux-démocrates", selon InfoLibre

Pour InfoLibre, site d'information en ligne espagnol, en chassant Arnaud Montebourg, François Hollande n'a pas seulement "liquidé sa conscience" politique. "Ce nouvel exercice de caméléon (...) constitue en plus un coup supplémentaire  porté aux espoirs de renouveau des sociaux-démocrates" en Europe, puisqu'elle renforce la déception de l'électorat envers le Parti socialiste français.

Et de rappeler ce qui s'est passé en Espagne durant la deuxième moitié du mandat de Zapatero comme chef du gouvernement, "entré en contradiction avec son propre électorat" alors que son pays entrait lui-même dans la crise.

  • Le remaniement français comparé à la démission du ministre des Finances autrichien: la preuve d'une "zone euro divisée" selon Il Sole 24 Ore

En Italie, Il Sole 24 Ore souligne un paradoxe. D'un côté, Paris "chasse" du gouvernement Arnaud Montebourg, "l'homme de l'anti-austérité", et, afin de rassurer les marchés, nomme à l'Economie Emmanuel Macron. De l'autre, à Vienne, le ministre des Finances Michael Spindelegger, opposé à des réductions fiscales risquant à ses yeux de "créer de la dette publique", démissionne.

"Si l'on voulait mettre en évidence une zone euro divisée sur les thèmes de politique fiscale, l'on ne pouvait choisir mieux, ce qui prouve la fin d'une pensée unique en matière de comptes publics en Europe", écrit le quotidien économique italien.

Commentaires 8
à écrit le 28/08/2014 à 12:27
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Valls et Macron, nos derniers espoirs de redressement ! Ils sont compétents, courageux et clairvoyants. Pas comme Sapin qui n'a jamais mis les pieds dans une Entreprise! Notre déchéance est issue de notre "médiocrité" notoire et avérée! French touch ...

le 28/08/2014 à 13:04
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@hyppocrate, Vous allez beaucoup souffrir avec ces deux espoirs là !

à écrit le 28/08/2014 à 11:25
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Bien vu le parallèle avec le recentrage de Zapatero qui finit à la trappe à l'élection suivante les électeurs socialistes ne faisant plus de différence entre politique de droite et celle menée dites de gauche! L'Europe nivellerait tout au nom de la m...

à écrit le 28/08/2014 à 5:00
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Le mal que font les socio-communistes à la France depuis 1981 est incommensurable. Ils ont détruit l'avenir de ce pays et ils ont encore le pouvoir via le secteur public, les médias, les fonctionnaires-politiciens. C'est odieux et scandaleux !

le 28/08/2014 à 11:01
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socio-communiste ?? Vous n'avez à ce point aucun arguement que vous vous mettez à inventer des mots. Et je ne dirais rien sur le reste de votre commentaire digne d'un enfant de 5 ans qui répèterait avec ses mots ce qu'il aurait entendu de la bouche d...

à écrit le 27/08/2014 à 20:29
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La " bonne blague " des socialistes - le sacre du patronat et de l'entreprise...

le 28/08/2014 à 10:28
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ENFIN !!!!!!

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