Finances publiques : le coup de poker de Michel Sapin

Pour limiter le dérapage du déficit public provoqué par la panne de croissance et la chute des recettes fiscales, le ministre des Finances compte maintenir le cap en matière de réduction de la dépense publique afin de ne pas mécontenter Bruxelles. Pour compenser les économies non réalisées, la Sécurité sociale sera encore mise davantage à contribution. Les frondeurs, qui espéraient un assouplissement des mesures d'austérité, en sont pour leurs frais. Bruxelles attend des précisions.
Fabien Piliu
Maintenir le cap en matière de réduction des dépenses publiques, l'objectif de Michel Sapin

En annonçant mercredi que la France allait maintenir le cap en matière de réduction de dépenses publiques, le ministre des Finances Michel Sapin et le gouvernement auquel il appartient prennent des risques. Ils prennent le risque de décevoir davantage les Français en témoignant de leur incapacité à sortir l'économie française de la crise en dépit des promesses de retournement de la courbe du chômage et des messages positifs sur la sortie imminente de la crise dans laquelle la France est engluée depuis 2008-2009.

Une croissance en berne

Les faits sont là. La croissance du PIB n'atteindra ni 1% - une prévision à laquelle souscrivait encore au printemps toutes les institutions internationales et le Haut conseil des finances publiques -, ni 0,5% comme l'annonçait Bercy fin août mais 0,4%. En 2015, ce n'est plus de 1,7% que le PIB devrait augmenter, mais de 1% seulement.

Dans ce contexte, on imagine difficilement les embauches repartir et la confiance des ménages et des entreprises décoller. En conséquence, la France ne sera pas en mesure d'atteindre son objectif de déficit public cette année. Il devrait s'élever à 4,4% du PIB au lieu des 3,8% prévus par la loi de finances rectificatives votée cet été. En 2015, il atteindrait 4,3%, très loin des 3% programmés par le programme de stabilité. Mauvaise élève la France était, mauvaise élève elle restera.

Michel Sapin prend également le risque de décevoir Bruxelles à qui la France avait déjà demandé le report de deux années de ses engagements communautaires l'année dernière. La pilule devrait avoir du mal à passer alors que l'Elysée se démène pour convaincre la Commission du sérieux de ses engagements. Certes, Michel Sapin évoque des circonstances exceptionnelles pour expliquer l'incapacité de la France à atteindre ses objectifs. En cause ? Le ralentissement de la croissance, aussi brutal qu'imprévisible selon l'exécutif, qui plombe les recettes fiscales, recettes fiscales également dégradées par le faible niveau de l'inflation.

Convaincre Bruxelles, une nouvelle fois

Il ne reste plus qu'à attendre que Bruxelles valide le caractère exceptionnel de ces circonstances et à espérer que le discrédit soit minime. " Nous ne demandons pas la modification des règles européennes, nous ne demandons pas leur suspension, ni aucune exception pour la France non plus que pour les autres pays. Nous demandons la prise en compte collective d'une réalité économique qui nous concerne tous - une croissance trop faible et une inflation trop basse -, dans le respect des traités : le respect des principes et des règles qu'ils posent mais aussi les flexibilités qu'ils offrent - comme l'ont indiqué les chefs d'Etat et de gouvernement lors du Conseil européen tenu il y a deux semaines ", a déclaré le ministre.

Bruxelles s'exprimera en novembre

La France pourra-t-elle continuer à mécontenter Bruxelles ? En signe d'apaisement, le gouvernement assure que le déficit public repassera sous la barre des 3% en 2017. Quelques heures après les annonces de Michel Sapin, la Commission européenne a réagi, demandant à la France de présenter des "mesures crédibles" pour réduire ses dépenses en 2015. "Le projet de budget, que Paris doit envoyer à la Commission d'ici mi-octobre, doit clairement spécifier des mesures crédibles pour mettre en place l'ambitieux plan de réduction des dépenses pour 2015 et après", a indiqué Simon O'Connor, porte-parole de la Commission européenne en charge des dossiers économiques. La Commission se prononcera en novembre, une fois que la nouvelle Commission sera en place, avec Pierre Moscovici aux Affaires économiques et financières.

En attendant, pour mettre toutes les chances de son côté et convaincre Bruxelles de sa bonne volonté, le gouvernement maintient le cap en matière d'économies. Les 2 milliards d'économies non réalisées en raison de la faible inflation seront intégralement compensées. Par des hausses d'impôts ? Michel Sapin a été clair. L'impôt sur le revenu ne progressera pas. Une hausse des taux de TVA est également exclue, en dépit des rumeurs qui circulent, notamment à l'Assemblée nationale.

La Sécu dans le viseur

Comme l'a précisé le ministre des Finances, ces économies seront réalisées par la Sécurité sociale dont le Pacte de responsabilité prévoit une cure d'amincissement de 10 milliards d'euros, cure d'autant plus à suivre que les recettes fiscales qui alimentent le budget de la Sécu sont en chute libre. Les Français seraient donc épargnés ? Est-ce possible ? Il faudrait que les économies qui seront annoncées lors de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2015 ne portent pas sur de nouveaux déremboursements, sur une baisse de certaines prestations sociales notamment celles versées aux familles. Alors que la France affiche un des taux de natalité les plus élevés des pays de l'OCDE, une nouvelle charge sur les prestations familiales risque de casser la dynamique démographique tricolore que la plupart de ses voisins lui envient.

Quand Bercy provoque les Frondeurs

Enfin, sur le plan politique, le gouvernement mise gros également. A quelques jours du vote de confiance du gouvernement, qui sera organisé le mardi 16 septembre, cette volonté de maintenir le cap en matière de réduction des dépenses publiques est un message clair adressé aux 41 frondeurs dont les principaux ténors ont d'ores et déjà déclaré qu'ils s'abstiendraient. Malgré leurs demandes répétées d'un assouplissement de la politique d'austérité, le gouvernement reste sourd. " Nous avons pris des engagements en matière d'économies de dépenses, et nous les tiendrons ". La réponse des frondeurs ne devrait pas tarder.

Fabien Piliu
Commentaires 52
à écrit le 11/09/2014 à 14:16
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M Sapin est le plus fort menteur du gouvernement Valls et de tout le parti socialiste.

à écrit le 10/09/2014 à 22:52
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ils n'ont pas compris où il faut faire des économies et pourtant il y a des pans entiers qui coûtent chers et ne servent strictement à rien . tous ces politiques ne sont pas à la hauteur de cette tâche et s'en prendre à la sécurité sociale où aux ret...

à écrit le 10/09/2014 à 22:15
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Quand on a été aussi menteur, mauvais et malhonnête que M. Sapin (qui nous a bien mené en bateau depuis 3 ans), on devrait tirer une conclusion de ce fiasco : démission.

à écrit le 10/09/2014 à 22:10
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Les mysterieuses economies sont un cadeau de la finance : baisse du cout du service de la dette. 6 Meuro d'economies tombées du ciel l'annee derniere pour le gvt sans rien faire. La baisse des taux a ete permises par les efforts budgetaires des autre...

à écrit le 10/09/2014 à 21:00
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Il ne peut y avoir que baisse de la qualité du service public et baisse des prestations sociales, ce qui au final est équivalent à une hausse des impôts, puisque les ménages devront compenser en mettant de leur poche!

à écrit le 10/09/2014 à 18:21
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Stop a la defiscalisation de masse et a l enrichissement par l impot.Svp

à écrit le 10/09/2014 à 17:46
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Il a une mission impossible à moins de prendre des dispositions plus à droite que la droite , c est à dire ultra libérale , ce que Berlin souhaiterai avec délectation .Il ne lui manque pas le talent il lui manque les outils ; création de monnaie et i...

à écrit le 10/09/2014 à 17:46
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Economies secu ok mais pas sur les soins de dent SUR LES CURE THERMALES,la secu etrangers qui ne font que de l'imigration sociale. par contre a effet immediat suppression des cumuls emploi retraite sauf salaire inf a 1500 des cumuls de fonct...

à écrit le 10/09/2014 à 17:44
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Rien de grave M. Mitterrand un ignare en chiffre avait demandé à un conseiller de nous sortir une imbécilité économique cela a donné les trois cent M. Chirac le roi fainéant et magouilleur ne sait jamais intéressé à ce chiffre plus intéressé par les...

à écrit le 10/09/2014 à 17:21
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Divisons par deux les députés et sénateurs ,de la une économie de plusieurs milliards d'€ par mois , c'est pourtant une recette facile , mais voila ces messieurs de tout bord y tiennent et s'entendent pour défendre leur place bien rémunérée ainsi que...

le 10/09/2014 à 22:38
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Dan très bien exprimé

le 10/09/2014 à 23:29
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La preuve: Thevenoud! Voyez comme il s'accroche...

le 10/09/2014 à 23:49
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Dan, d'accord avec vous, mais plusieurs milliards d'économies, vous poussez un peu, là!

à écrit le 10/09/2014 à 17:18
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Je suis loin d etre sur que les autres pays nous envie notre demographie. A quoi ca sert de produire en masse des chomeurs ? Pour le reste, s ils veulent vraiment faire des economie a la secu, c est assez simple: suppression du remboursement des cur...

à écrit le 10/09/2014 à 17:07
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foutre en l'air les 35H, réduction de 60% d'élus et fonctionnaires et alignement sur le privé pour les retraites, également jours de carence !

le 10/09/2014 à 17:22
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vous comptez fusiller 60 % des fonctionnaires pour vous en debarrasser ? Vu qu on ne peut pas les virer et que si on le faisait, ils seraient a pole emplooi aussi sec, c est pas une solution tres pertinente. De meme a quoi ca sert de faire travaill...

le 10/09/2014 à 20:13
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Tout comme vous, fonctionnaire à la retraite, je suis d'accord avec vous.

à écrit le 10/09/2014 à 17:05
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Diminuer le nombre de personnes gouvernant Diminuer le nombre de sénateurs Diminuer le nombre de députés Diminuer le nombre de régions et de ses employés Diminuer le nombre de départements et de ses employés Diminuer le nombre de communes et de ...

le 10/09/2014 à 17:41
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Merci pour cette remarque, pleine de bon sens, qualité qui n' existe pas dans le gouvernement actuel, formé de hauts fonctionnaires responsables de rien !!!

à écrit le 10/09/2014 à 16:41
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Pourquoi changer les règles qui n'ont pas été respectées ,ne le sont pas et ne le serons pas ??? La peur du gendarme peut être, lui qui n'a rien fait, ne fait rien et ne fera rien!

à écrit le 10/09/2014 à 16:24
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Je crois pas au père Noël !!!!!!!!!!!!!!!

à écrit le 10/09/2014 à 16:21
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10 milliards d'économie sur le budget de la sécu, ça c'est sur, ça envoie du lourd… Au fait, Wiki m'a dit qu'en 2013 le budget de la fameuse sécu était de 340,5 milliards d'euros pour le régime général et de 469,9 milliards d'euros pour l'ensemble d...

à écrit le 10/09/2014 à 16:17
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Les économies sont possibles en fermant les administrations sans utilités ou en doublons, les sureffectifs des fonctionnaires et territoriaux... y compris les parlementaires, remettre les 39h dans la fonction publique, contrôler l'absentéisme anormal...

le 10/09/2014 à 16:33
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L'égoïsme des fonctionnaires coule notre pays. Ils ruinent la France, on le voit tous les jours (pur ceux qui travaillent vraiment)

à écrit le 10/09/2014 à 15:27
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les" sans dent "ne sont pas près d'en avoir.

le 10/09/2014 à 15:43
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L'expression est venue a l'assemblee lors d'une seance de nuit bien arrosee en alcool,idem des propos dignes du nazisme concernant les fins de droit au chomage

à écrit le 10/09/2014 à 15:22
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Mais enfin soyez un peu raisonnables !!!! Comment voulez-vous revenir dans les clous avec aussi peu de croissance et d'inflation ? L'Allemagne a mis 10 ans pour remettre son économie en ordre ( ce qu'elle oublie) dans un contexte bien plus favorable ...

le 10/09/2014 à 15:44
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Cela fait 40 ans que ce n'est jamais le bon moment pour reduire le déficit.

le 10/09/2014 à 16:27
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Oui c'est vrai. Après avoir chassé les entrepreneurs de France, après avoir découragé ceux qui ont du rester dans le pays, après avoir assommé d'impôts les investisseurs, les incapables de socialistes-écolos-gauchos se prennent en pleine figure la cl...

à écrit le 10/09/2014 à 14:50
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On continue à enfumer tout le monde alors même que les résultats au bout de 2 ans et demi de gouvernement socialiste sont catastrophiques. Pas l'once d'une réduction des dépenses, pas l'once d'une réforme structurelle (ah si j'oubliais le "mariage po...

le 10/09/2014 à 14:53
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+100

le 10/09/2014 à 16:29
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Mais si l'exécutif agit: IL SE REMPLIT LES POCHES !!! Par exemple Moscovici vient de prendre quelques années de salaire astronomique et de retraite encore meilleure que celle d'un fonctionnaire français !!! Pendant ce temps, la gauche au pouvoir plac...

le 10/09/2014 à 16:57
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+ 1000

à écrit le 10/09/2014 à 14:34
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On peut être d'accord avec le discours, mais on a bien du mal à voir les actes. Où sont les économies, comment les réaliser, quelles mesures effectives prises, ..? Voilà le Grand Mystère de la vie politique française..l'alternative serait de dire: je...

à écrit le 10/09/2014 à 14:10
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Ce journal sérieux titre avec deux incompétents notoires en comptabilité et gestion de budget et dette. Et pourquoi La Tribune ne le dit pas ou ne le fait pas comprendre clairement ? Gérer une dette c'est la préoccupation de la majorité des français ...

à écrit le 10/09/2014 à 13:57
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Donc on continue sans rien changer L argument de l inflation est d une totale mauvaise fois car on aura moins d intérêt sur la dette Hollande avait promis 3% en 2013 Les réformes de structure et les chocs et pactes ouf !!!! Ça commence quand ...

à écrit le 10/09/2014 à 13:56
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Et maintenant nos gouvernants peuvent enfin se permettre de repousser les échéances à 2017 pour leur successeurs. Et ils ne feront donc rien pour redresser l'économie française qui s'est ruiné pour les bulletins de vote de nos politicards. Chirac qu...

le 10/09/2014 à 16:55
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Pour ce qui est du "summum de la nullité" soyez honnêtes et reconnaissez qu'aujourd'hui il faudrait inventer des notes négatives ! On vivait quand même mieux de temps de Sarko (avec moins de chômeurs).

le 10/09/2014 à 20:21
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non? mieux avec Sarko?????? on se marre!!!!!!!! les chômeurs, Sarko les a "préparé", et Hollande en a hérité....et à continué...!..c'est comme ça, que ça s'est passé, eh! oui !!

à écrit le 10/09/2014 à 13:47
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Comme dit l'autre : "la popularité d'Hollande passera en dessous de 3% avant le déficit."

le 10/09/2014 à 17:08
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:-)

à écrit le 10/09/2014 à 13:36
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Prions pour que l Europe et bruxelle cartonnent ces menteurs professionnels !!

le 10/09/2014 à 16:30
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Tu parles !!! Mosco va s'occuper du dossier de ses copains. L'Europe est très décevante...

à écrit le 10/09/2014 à 13:24
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Nous sommes arrivés à un niveau d'incompétence maximum Après plus de 2 ans ils ne sont toujours pas capables de reconnaître leur terrible échec Toujours pas d'économies Toujours plus d'impôts Hausse de la TVA a venir Toujours plus de chômeurs ...

le 10/09/2014 à 14:55
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+150 entreprises ferment chaque jour!!!

le 10/09/2014 à 16:31
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Et toujours plus de fonctionnaires, et toujours leur retraite calculée sur 6 mois (et pas 25 ans comme dans le privé), et pas de jour de carence, et des RTT pour tout le monde au taux plein etc... Quand parlera-t-on des fonctionnaires et de leur égoï...

le 10/09/2014 à 20:16
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hé,hé, hé...

à écrit le 10/09/2014 à 13:15
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L'absence de réforme structurelle n'a rien d'exceptionnel. Au contraire, la seule manière de justifier l'exception, ca aurai été si de telles réformes avaient été lancées. Il faut que Bruxelles nous étrangle, ca sera la seule manière d'avancer et de ...

le 10/09/2014 à 14:51
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je ne suis pas loin de penser comme vous malheureusement !

à écrit le 10/09/2014 à 13:11
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Passer de 4, 4 % a 3 % de déficit c'est juste du bon sens... Et le minimum qui peut être fait, 3, 3 % de déficit représentent encore plusieurs dizaines de milliards de déficit...

à écrit le 10/09/2014 à 12:55
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Fautes à la croissance, faute à l'inflation,faute aux impôts qui ne rentre pas,fautes aux Français et si seulement c'était de l'incompétence ? Pauvre de nous!!!!!!!

à écrit le 10/09/2014 à 12:47
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Il n'est plus audible depuis longtemps!

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