L'impôt yo-yo

L'impôt sur le revenu sera allégé de plus de trois milliards d'euros en 2015, annonce Christian Eckert. Mais la recette globale a augmenté de plus de 20 milliards depuis 2011... Une forte hausse, venant après une longue période d'allègement fiscal
Ivan Best
Christian Eckert, secrétaire d'Etat au budget, a annoncé que 9 millions de foyers verraient leur impôt baisser en 2015

Non, ce n'est évidemment pas l'ex-premier ministre Lionel Jospin - surnommé "yoyo" par les Guignols de l'info - qui a inventé l'impôt sur le revenu, voté par le parlement en juillet 1914. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que les politiques ne cessent de jouer au yo-yo avec cet impôt, ô combien symbolique, comme on le voit actuellement, avec l'annonce ce mercredi d'un allègement de l'impôt pour 9 millions de foyers, alors qu'il ne cesse d'être relevé depuis 2011, à la fois sous Nicolas Sarkozy et François Hollande.

 La hausse, puis la baisse...

Le jeu a d'abord pris l'apparence de vagues de fond, s'étalant sur plusieurs années, pour s'accélérer au cours de la période récente.
Qu'on en juge : en pleine vague de libéralisme triomphant, François Mitterrand en relève le taux maximum en 1981, pour le porter de 60% à 65%. La droite revenue au pouvoir en 1986 -Jacques Chirac premier ministre, Edouard Balladur aux finances- s'empresse au contraire de le diminuer, au nom du libéralisme qu'elle entend acclimater en France. S'amorce alors un long processus d'allègement de l'impôt.

Jospin, aiguillonné par Fabius

En 1988, avec l'ouverture au centre voulue par un Mitterrand à la « force tranquille » , nul ne songe au sein de l'exécutif à revenir en arrière. L'heure est à la stabilisation, voire au gel. La baisse reprendra en 1996 avec Alain Juppé, qui n'ose pas toutefois, toucher au taux maximum, fixé depuis 1987 à 56,8%.
Aiguillonné par Laurent Fabius, qui estime que la gauche « peut perdre l'élection présidentielle de 2002 sur la question des impôts et des charges » Lionel Jospin, baisse le taux supérieur jusqu'à 52,75%.
Et Jacques Chirac de fonder son programme économique sur cette même baisse, que l'électorat des classes moyennes apprécie évidemment, et qui sera poursuivie par son deuxième premier ministre, Dominique Villepin. Celui-ci ose l'affichage d'un taux supérieur rabaissé à 40%, en intégrant dans le barème l'abattement de 20% sur les revenus à déclarer. Pour certains contribuables, l'allègement ne pèse pas lourd, pour les plus riches, les plus imposés, dont l'abattement était auparavant plafonné, il est au contraire substantiel.

 Des "économies sur les niches" à la hausse d'impôt

On semble en rester là quand arrive la crise des finances publiques. L'heure n'est plus à l'allègement d'impôt. Au contraire. La hausse s'impose, à partir de 2011. Sous Sarkozy, le « wording » utilisé notamment par le ministre de l'Économie François Baroin est celui des économies sur les niches. François Fillon préfère dire les choses crûment : l'impôt va augmenter. Ainsi, si beaucoup de veuves se plaignent de payer de plus en plus d'impôt, en raison de la demi part supplémentaire qu'elles perdent actuellement, ce n'est pas en raison de décisions prises par François Hollande, mais par Nicolas Sarkozy, et qui s'appliquent avec retard. De même, le barème est resté gelé -non revalorisation des tranches comme cela se faisait chaque auparavant- jusqu'à l'impôt payé en 2013 - d'où un alourdissement pour tous les contribuables, décidé par Nicolas Sarkozy.

50% de recette en plus...

François Hollande apporte bien sûr sa pierre à l'édifice. Entre la re-taxation des heures supplémentaires, l'abaissement en deux fois du plafond du quotient familial, l'imposition de la participation des employeurs au financement des assurances complémentaire santé et des majorations de pension de retraites accordées pour les charges de famille, sans parler de la taxation au barème des revenus de l'épargne -mais avec des aménagements-, l'impôt est alourdi de plusieurs milliards d'euros.
Même si le rendement est moins élevé que prévu, la recette globale pour le fisc devrait avoisiner les 71 milliards d'euros cette année, contre 49,2 milliards en 2011. Une hausse de plus de 40%, pour partie liée à l'intégration des taxes sur l'épargne comptés auparavant par ailleurs, mais pour partie seulement - du reste, Bercy refuse de fournir au Parlement l'évaluation de la nouvelle fiscalité sur l'épargne.
Pour le coup, le mouvement de yo-yo a été plutôt violent. Les trois milliards d'euros de baisse annoncés pour 2015 sont loin d'effacer cette frénésie haussière des années précédentes...

Moins de contribuables, après une hausse de 2,5 millions depuis 2010

L'objectif du gouvernement est aussi de diminuer le nombre de contribuables. Celui-ci a augmenté de 4 millions de 2010 à 2013, avant de diminuer d'un peu plus de 1,5 million en 2014: selon le gouvernement, seuls 48,5% des foyers fiscaux paieront l'impôt en 2014, contre 53% en  2013. L'idée est de réduire encore cette proportion de foyers imposés, au moyen de la suppression annoncée de la première tranche de l'impôt sur le revenu.

Ivan Best
Commentaires 15
à écrit le 21/09/2014 à 11:24
Signaler
Les impôts sur le revenu ne cessent d'augmenter..... sauf pour les plus riches qui ont vu leur Taux Marginal d'Imposition passer de 65% à 42% en 30 ans. Parallèlement à cette décrue, on assiste à une augmentation à la fois des nombres de multimillio...

à écrit le 19/09/2014 à 0:21
Signaler
Peut-être qu'il coûte cher de recouvrer de petites sommes sur de petits contribuables. Comme l'ISF présente un solde négatif réel.

à écrit le 18/09/2014 à 17:06
Signaler
Et de nous annoncer la grande réforme fiscale! C'est une nouvelle niche sans aucun doute. Notre administration yoyotte donc

à écrit le 18/09/2014 à 8:33
Signaler
ceux qui ont compris qu'ils allaient payer ce qu'on va retirer aux 6 millions de contribuables s'organisent pour lever le pied et arreter de travailler gratuitement apres impots... va y avoir de grosses surprises

à écrit le 18/09/2014 à 8:30
Signaler
L'exploit socialiste: avoir augmenté massivement les impôts pendant 2 ans avec la tva, la nouvelle tranche d'impôt, les attaques sur les familles(quotient familial, prime naissance....), les entreprises carrément assommées ........... pour le résulta...

à écrit le 18/09/2014 à 8:28
Signaler
Pour retrouver la confiance il faut supprimer l ISF

à écrit le 18/09/2014 à 7:42
Signaler
C'est comme ça que la confiance disparait...et que le chômage s'envole !

à écrit le 18/09/2014 à 0:54
Signaler
Je vous en prend 23 et je vous vous en redonne 3 Souriez !! Quelle gentillesse !!!

à écrit le 18/09/2014 à 0:34
Signaler
quand ½ ne paient pas d'impôts, il faut bien répartir vers le haut. Mais que le haut s'en va, il va falloir élargir vers le bas. Et comme il faut donner pour éviter les conflits, on donne, et on donne. Et quand tu ne paies pas d'impôt, tu n'as pas de...

le 18/09/2014 à 1:31
Signaler
Désolé de vous décevoir, mais vous pouvez très bien ne pas payé L'impôt sur le revenu. Mais devoir payer des impôts locaux et donc la redevance, tout comme les fonciers...

le 18/09/2014 à 8:34
Signaler
si vous ne payez pas d'irpp, vous ne payez pas de taxe d'habitation, et etes exoneres de plein de choses

à écrit le 17/09/2014 à 23:18
Signaler
Une baisse d'impôt est un cadeau fiscal aux imposés mais les non-imposés touchent quoi? C'est injuste ! ( chuis de gôche )

le 18/09/2014 à 8:06
Signaler
j'ose espèrer que c'est ironique.....!

à écrit le 17/09/2014 à 19:28
Signaler
PAYEZ MOINS D IMPOT DIRECT C EST BIEN POUR LES PETIT REVENUE? MAIS DANS L IMPOT LOCAL OU ON PAYE DE PLUS EN PLUS ?IL N YA PAS DE REDU TION POUR LES PETIT REVENUE?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.