La France atteindra-t-elle son objectif de croissance en 2015 ?

Bercy vise une hausse de 1% du PIB l'année prochaine. Cette prévision est-elle réaliste ?
Fabien Piliu
Le ministère des Finances vise une hausse de 1% du PIB en 2015

Le ton est sobre. Plus sobre que l'année dernière. Intitulé " Cap sur la croissance et l'emploi ", le projet de loi de finances 2014 se voulait volontariste et optimiste. Un an plus tard, le ralentissement de la croissance et la hausse quasi-continue du nombre de demandeurs d'emplois ont incité Bercy à jouer la carte de la prudence.

Après avoir initialement tablé sur une progression de l'activité de 1% cette année, le ministère des Finances a ensuite abaissé sa prévision, ne comptant plus que sur une augmentation de 0,5% puis de 0,4% en 2014. Une décision prise après la stagnation du PIB observée au premier semestre.

Des prévisions abaissées

" Depuis la crise de la zone euro de l'automne 2011, la France, comme l'ensemble de la zone euro, traversent une période de croissance atone. Après 0,3 % en 2012 et 2013, la croissance stagnerait à 0,4 % en 2014. La reprise de l'activité devrait ensuite être progressive, avec une croissance de 1 % en 2015 qui augmenterait progressivement en 2016 et en 2017. Le contexte macroéconomique est également caractérisé par une inflation particulièrement faible, estimée à 0,5 % en 2014 et à 0,9 % en 2015 qui affecte la dynamique des recettes des administrations publiques ", détaille le ministère qui abaisse de facto la prévision de croissance 2015 faite un an plus tôt, lorsque le cap fixé " sur la croissance et l'emploi " semblait encore réaliste. Aujourd'hui, au regard de la situation conjoncturelle, viser une hausse de 1,7% du PIB comme Bercy l'envisageait jusqu'ici, est donc intenable.

Le repli positif de l'euro sur les exportations

En visant une croissance annuelle de 1%, Bercy prend-il un risque fou ? Les avis sont partagés. Sans surprise, François Hollande a estimé jeudi que la prévision de 1% de croissance pour 2015 paraissait "réaliste", en dépit du scepticisme du Haut conseil des finances publiques. Le chef de l'Etat a notamment fait valoir que "le pacte de responsabilité va être pleinement mis en œuvre en janvier, avec des conséquences nécessairement sur l'activité et l'emploi en 2015", lors d'une déclaration à l'Elysée à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre finlandais Alexander Stubb.

" S'agissant de l'année 2015, la prévision de croissance de 1,0 % paraît optimiste. Elle suppose en effet un redémarrage rapide et durable de l'activité que n'annoncent pas les derniers indicateurs conjoncturels. En outre, le scénario du gouvernement présente, selon le Haut Conseil, plusieurs fragilités touchant au dynamisme de l'environnement international et de la demande intérieure ", avait précisé mercredi le Haut conseil des finances publiques, l'autorité indépendante présidée par Didier Migaud, le président de la Cour des comptes. En ligne avec le Haut Conseil, Nicolas Bouzou chez Asteres estime qu'il aurait été plus prudent de viser un taux de croissance plus faible, plus proche de 0,5%. " L'objectif fixé par Bercy est atteignable mais les incertitudes macroéconomiques actuelles sont trop fortes pour prendre le moindre risque ", estime l'économiste. de leur côté, Natixis Asset Management et COE-Rexecode anticipent une croissance annuelle de 0,8% en 2015.

Plusieurs facteurs de soutien à la croissance

Point positif, l'environnement macroéconomique n'est pas si dégradé. Fin juin, l'acquis de croissance s'élevait à +0,4% selon l'Insee. Concrètement, le PIB progresserait donc à ce rythme même si l'activité stagnait au second semestre. Est-ce possible ? La consommation des ménages devrait continuer à résister au second semestre et la France devrait a priori bénéficier de la vitalité relative du commerce mondial. Même si les effets immédiats de la baisse de l'euro face au dollar et du repli des cours des matières premières ne seront pas palpables dans les statistiques avant la fin de l'année, on peut, sans prendre trop de risques, envisager qu'ils stimuleront l'activité industrielle. Hors zone euro, les exportations devraient augmenter grâce au gain de compétitivité-prix que le repli de la monnaie unique face au billet vert offre.

L'investissement relancé ?

Enfin, la faiblesse durable des taux d'intérêts devrait soutenir l'investissement, en berne. Ce serait le cas de l'investissement des ménages, notamment en logement mais également l'investissement des entreprises, même si le taux d'utilisation de leurs capacités de production se situe en-dessous de la moyenne de longue période. Quant à l'impact du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), bien que relativement marginal, il devrait également participer à la relance de l'investissement même son usage reste flou. " L'utilisation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) doit être davantage suivie et la communication autour de ce dispositif renforcée ", a recommandé jeudi un rapport d'information parlementaire sur cette mesure qui représente la première dépense fiscale de l'Etat. Ces informations, qui doivent être retracées dans la comptabilité des entreprises, " ne sont pas toujours fournies, elles sont parfois imprécises et stéréotypées ", constate la mission parlementaire chargée de ce premier bilan d'étape de cette mesure entrée en vigueur en 2013.

La reprise dès 2016

Si le pari de Bercy reste assez peu risqué pour l'exercice 2015, les anticipations pour les années suivantes sont plus osées. Certes, Bercy ne compte plus que sur une hausse de 1,7% et de 1,9% du PIB en 2016 et 2017, contre des prévisions maintenues à 2% jusqu'ici. Mais dépasser aussi nettement le taux de croissance potentielle abaissé de +1,5% à +1,2% en raison des dégâts causés par la crise de 2008-2009 paraît ambitieux, sauf si la reprise anticipée et annoncée depuis 2012 devient réelle. Enfin.

Fabien Piliu
Commentaires 4
à écrit le 02/10/2014 à 18:50
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Cela fait 2 ans 1/2 que la promesse de la croissance n'est pas à notre portée Question........pouquoi cela serait différent l'année prochaine,alors que les économies se font sur les Français et non sur les dépenses du Gouvernement

à écrit le 02/10/2014 à 15:58
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Mais bien sûr que non!Quand l'état ne sera plus capable de payer les retraites et les salaires des fonctionnaires, ça sera la faute à personne comme d'habitude!ce n'est pas les professions réglementées qu'ils faut réformer en priorité, c'est les poli...

à écrit le 02/10/2014 à 12:40
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Encore des fausses annonces pour la croissance comme si le messie va nous sauver!!!!!Si l on ne fait rien pour la croissance je ne vois pas pourquoi elle reviendrait; ce n est pas avec les bras cassés que l on a au pouvoir qu il faut attendre quelque...

le 02/10/2014 à 13:43
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De l'éternel blabla de presse. La France atteindra-t-elle son objectif de croissance en 2012 ? on lisait ça en 2011 !

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