Pourquoi les ETI françaises valent moins que leur rivales européennes

Les grandes PME et entreprises de taille intermédiaire françaises ont vu leur valorisation médiane baisser depuis la mi-2012, alors que celles de leurs concurrentes de la zone euro ont rebondi, d’après un baromètre publié par la Compagnie nationale des commissaires aux comptes.
Christine Lejoux
Le marché "mid-market" des fusions et acquisitions a chuté de 25% en nombre d'opérations et de 38% en valeur, en France, entre le premier semestre 2013 et les six premiers mois de 2014. REUTERS.

Il y a encore six ans, elles étaient méconnues. Aujourd'hui, elles sont au centre des priorités du gouvernement. Elles, ce sont les ETI, les entreprises de taille intermédiaire, un concept créé en 2008 par la loi de modernisation économique (LME) afin de mieux prendre en compte les besoins spécifiques de ces sociétés à mi-chemin entre PME et grand groupe, dont le chiffre d'affaires annuel n'excède pas 1,5 milliard d'euros et qui comptent entre 250 et 4.999 salariés. Des sociétés dont les pouvoirs publics ont réalisé qu'elles étaient plus industrielles, plus exportatrices et plus productives que l'ensemble des entreprises françaises.

 Le hic, c'est que ces graines de champions internationaux ne sont pas légion en France. Le pays en compte à peine 5.000, contre 8.000 en Italie, 10.000 au Royaume-Uni et 12.000 en Allemagne, où elles constituent ce fameux Mittelstand que l'Hexagone envie tant à son voisin d'outre-Rhin. Pour combler son retard en la matière, la France ne dispose pas de 36 solutions : il faut donner au plus grand nombre possible de PME les moyens de passer dans la catégorie supérieure, celle des ETI.

 7.000 entreprises qui emploient 2 millions de personnes en France

 Or,

" si la croissance organique, par l'internationalisation et l'innovation, reste la voie naturelle du développement des entreprises, elle n'est pas suffisante pour faire émerger rapidement des ETI. La croissance externe représente le facteur discriminant pour passer du statut de PME à celui d'ETI",

estime le cabinet d'audit KPMG, dans une étude publiée en 2013. Mais, si une acquisition représente toujours un risque pour un chef d'entreprise, c'est encore plus vrai pour les patrons de PME et d'ETI : ces dernières étant, pour beaucoup, non cotées en Bourse et n'étant donc pas obligées de communiquer sur leur situation financière, elles ne sont guère aisées à valoriser par leurs prétendants potentiels.

 Ce frein à la croissance externe, la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) souhaite aider à le lever. Pour ce faire, elle a publié, jeudi 23 octobre, son premier baromètre de la valorisation des moyennes entreprises. Celles-ci sont de grosses PME ou des ETI, dont les fonds propres sont compris entre 15 millions et 50 millions d'euros. Au nombre de 7.000 en France, elles emploient quelque deux millions de personnes.

 Une chute du marché français des fusions et acquisitions

 Basé sur les opérations de fusions et acquisitions réalisées dans cet univers depuis janvier 2011, le baromètre de la CNCC montre que la valorisation médiane des grandes PME et ETI françaises - mesurée par la valeur d'entreprise rapportée à l'excédent brut d'exploitation - a chuté de 15% l'an dernier, et s'est stabilisée à 7,4 au premier semestre 2014. Alors que la valorisation des entreprises moyennes de l'ensemble de la zone euro a, elle, grimpé de 23% au cours des 18 derniers mois, pour s'établir à 7,9.

 Soit un écart de valorisation de 6,5% en défaveur des PME et des ETI françaises, écart qui trouve son origine dans l'évolution du marché "mid-market" des fusions et acquisitions : celui-ci a chuté de 25% en nombre d'opérations et de 38% en valeur, en France, entre le premier semestre 2013 et les six premiers mois de 2014, alors qu'il est resté stable dans la zone euro.

 Une situation économique qui s'est inversée entre la france et l'europe du sud

 "Jusqu'à la mi-2012, la France avait bien résisté à la crise économique, contrairement aux pays d'Europe du Sud. Mais les mesures drastiques prises à l'époque par ces derniers ont, depuis, commencé à produire des effets, si bien que la dynamique s'est inversée",

explique Yves Nicolas, président de la CNCC. Conséquence des perspectives macroéconomiques devenues des plus incertaines en France, les patrons d'importantes PME et d'ETI ont adopté ces derniers mois une posture attentiste sur le front de la croissance externe, préférant attendre d'y voir plus clair sur leurs carnets de commandes avant de se hasarder dans des acquisitions ou de céder leur société, au risque de devoir la brader.

 Reste que la baisse des valorisations pourrait finir par convaincre certaines PME et ETI de se lancer dans une chasse aux bonnes affaires. Dautant plus que 24 000 PME environ devraient être contraintes de se mettre en quête d'un repreneur, au cours des dix prochaines années, compte tenu de l'âge de leur dirigeant, selon l'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance).

Christine Lejoux
Commentaires 6
à écrit le 27/10/2014 à 6:51
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Évidement que nos ETI sont moins valorisées que leurs concurrentes européennes et, beaucoup, beaucoup moins que leurs concurrentes américaines, c'est un des nœuds du problème. Il n'est pas lié à la demande (la qualités des PME), ni même à la fiscalit...

le 27/10/2014 à 8:50
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d un autre cote votre ex est pas terrible. viadeo c est juste un clone de linked in: ils ont pompe l idee et c est tout

à écrit le 26/10/2014 à 11:38
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une telle m"connaissance des entreprises de la part de nos politiques est effarante.... nul besoin d'une cotation boursière pour estimer la valeur d'une entreprise, les paramètres nécessaires ne manquent pas.... en premier lieu le potentiel d'une ...

à écrit le 26/10/2014 à 9:50
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le nombre de volontaires pour creer / reprendre des entreprises intermediaires pour se faire traiter de sale riche patron actionnaire negrier est en chute libre... on va rire

à écrit le 24/10/2014 à 15:29
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L'environnement politique, social, fiscal de la France est nocif pour ces entreprises enracinées en France. Elles sont donc dévalorisées.

à écrit le 24/10/2014 à 14:09
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La fiscalité n'est elle pas a l'origine de cette différence? Pour avoir le même rendement net une valorisation plus basse est nécessaire.

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